Reconnue parmi les chefs d’État africains dont les cortèges figurent parmi les plus imposants, Samia Suluhu Hassan, présidente de la République-Unie de Tanzanie, se retrouve au cœur d’une rumeur circulant sur les réseaux sociaux. Des publications y affirment que son cortège aurait été victime d’un grave accident. Les vidéos partagées montrent des véhicules sévèrement endommagés, certains emboutis les uns contre les autres. Selon les légendes accompagnant ces publications, l’accident se serait produit alors que la cheffe de l’État se rendait sur un site de campagne électorale. Aucun bilan n’y est mentionné. Pourtant, une vérification minutieuse des images et des déclarations officielles démontre que cette version est infondée.
Cette vidéo, publiée ici, ici, ici et ici, est accompagnée d’une légende en anglais décrivant le déroulement présumé de l’accident. La voix off, en kiswahili, précise que l’incident serait survenu à la suite d’un excès de vitesse et de l’état dégradé de la chaussée.
Depuis leur mise en ligne, vers la fin du mois de septembre, ces publications ont cumulé plus de 1,2 million de vues ainsi que des milliers de mentions « J’aime » et de commentaires.
Le convoi n’était pas celui de la présidente
Après vérification du contexte de la vidéo, notre équipe a procédé à une recherche d’images inversées à l’aide de l’outil Google Images. Les résultats révèlent que l’accident visible dans la séquence virale s’est en réalité produit le 11 février 2024 dans le quartier de Sululu, district de Masasi, en Tanzanie — et non en 2025, comme le prétendent les publications.
En vérité, le cortège filmé n’appartenait pas à la présidente Samia Suluhu Hassan, mais à Paul Makonda, figure politique tanzanienne et haut responsable du parti au pouvoir, le Chama Cha Mapinduzi (CCM), à l’époque des faits.
Le convoi de Makonda se rendait alors du district de Songea vers Dar es Salaam pour rejoindre la nation en deuil, à la suite du décès de l’ancien Premier ministre Edward Lowassa.
Selon les autorités locales, l’accident s’est produit lorsque le véhicule de tête a brusquement ralenti à cause de la poussière, provoquant un carambolage impliquant plus de dix véhicules. Le bilan faisait état de sept blessés légers et de deux personnes hospitalisées.
Les précisions du gouvernement tanzanien
Peu après la diffusion massive de la vidéo, le porte-parole du gouvernement tanzanien, Gerson Msigwa, a réagi sur son compte officiel Instagram. Il a confirmé que les images provenaient bien d’un incident survenu en 2024 et qu’elles n’avaient aucun lien avec la présidente Suluhu.
Il a également appelé les internautes à faire preuve de discernement et à ne pas accorder de crédit à une vidéo sortie de son contexte.

Le post de Gerson Msigwa le 1er octobre dernier, rejetant le faux contexte attribué à cette vidéo
Le 1er octobre dernier, Gerson Msigwa a publié un message rejetant catégoriquement le faux contexte attribué à cette vidéo, rappelant la nécessité de vérifier les informations avant de les partager.
Les anciennes images, sources des narrations trompeuses
Cette vérification met en lumière les dérives de la désinformation numérique à l’ère des campagnes électorales et des rivalités politiques. La réutilisation d’images anciennes pour servir des narrations trompeuses s’avère particulièrement pernicieuse dans un contexte où les opinions publiques africaines se forment de plus en plus sur les réseaux sociaux.


