Depuis la fin du mois de septembre, une information faisant état de la mort de plusieurs personnes suite à l’usage d’un anti-moustique est devenue virale sur les réseaux. Elle est accompagnée de deux photos : une où l’on voit ces prétendus morts et une autre qui montre l’anti-moustique incriminé. L’information est pourtant fausse et les photos sorties de leur contexte.
« Ce que vous voyez sont des poisons. Les vendeurs prétendent qu’il s’agit des anti-moustiques. Faites attention, ces gens étalés sont décédés à Matadi après avoir inhalé ce produit. Informez les autres », lit-on sur une de ces publications ayant généré plus de 1.000 partages.
Une autre publication ayant généré plus de 200 partages explique que le médicament est vendu en pharmacie, déplaçant cette fois-ci les faits à Kinshasa. « Ces gens que vous voyez ne dorment pas. Ils sont morts après avoir inhalé le produit ici à Kinshasa », prétend la publication.
L’information est devenue virale au point de semer la panique à Kinshasa. Alerté, Congo Check a entrepris de vérifier l’information d’abord auprès des services de la Police qui a dit n’avoir pas été saisi sur une quelconque affaire de « décès collectif ». « S’il y avait autant de morts en une seule nuit, la Police aurait été saisie. Et comme ce n’est pas le cas, je peux vous assurer que l’information est fausse », nous a répondu le colonel Eddy, un des adjoints du général Kasongo.
Nous avons par la suite usé de la méthode de recherche par images renversées pour tenter de remonter à l’origine de ces photos. Cette méthode de vérification disponible sur Google et Yandex notamment nous a permis d’identifier le produit incriminé. Il s’agit du phosphure d’aluminium, un pesticide fumigène antiparasitaire et acaricide, utilisé en milieux agricole et industriel dans les pays en voie de développement. Ce pesticide est source d’intoxication avec plusieurs précédents fâcheux en Arabie Saoudite en 2013. Son usage domestique est déconseillé.
Cependant, les photos présentées comme celles des morts dus à l’usage du produit n’ont aucun lien avec la RDC. Elles ont été prises au Tchad le 9 septembre lors d’une répression policière.
Selon Le Monde, les policiers ont tiré de nombreuses grenades lacrymogènes, et M. Masra (leader de l’opposition convoqué au Tribunal) et ses partisans ont fait demi-tour pour regagner son domicile et siège du parti. « Le peuple est sorti nous accompagner au palais de justice, ils nous ont attaqués et [ont] tiré à balle réelle. Le monde est pris à témoin. Ils veulent arrêter le dialogue du peuple par la violence », avait dénoncé Succès Mansra.
En RDC, cette fausse information a créé une vraie panique, faisant craindre un risque d’un danger évident.