Depuis la rentrée scolaire 2024-2025, une citation attribuée au président de la République démocratique du Congo, Félix-Antoine Tshisekedi, s’est propagée rapidement sur les réseaux sociaux. Ce message lui prête des propos particulièrement discriminatoires à l’égard des populations de l’est du pays, affirmant qu’il aurait décidé de supprimer la gratuité scolaire dans les zones sous contrôle de l’AFC/M23.
« Je supprime la gratuité dans toutes les zones sous contrôle de l’AFC/M23.
Ces enfants sont swahiliphones, ils vivent et soutiennent l’AFC/M23. Je ne gaspillerai rien pour eux. Ils n’ont aucun droit à mon enseignement gratuit.
Qu’ils se débrouillent avec leurs libérateurs. Mon devoir est de protéger le pouvoir, pas de nourrir l’éducation de ceux qui le défient », aurait ainsi déclaré Félix Tshisekedi, dans des propos relayés notamment sur Facebook.
Sur les réseaux sociaux, ces propos ont suscité des réactions diverses. Plusieurs internautes ont cru à l’infox, comme le révèlent les commentaires recensés. « Donc Félix veut utiliser la souffrance de la population comme arme contre les rebelles », a regretté un internaute quand un autre a rappelé que l’Est du pays devrait bénéficier des mêmes privilèges que le reste du pays.
Pour vérifier cette affirmation, nos équipes ont passé au crible les discours de Félix Tshisekedi mais aussi les publications sur les plateformes de la présidence entre mi-août et mi-septembre, sans trouver de trace de cette déclaration. Cette recherche a prouvé, au contraire, que le gouvernement congolais a réaffirmé à plusieurs reprises son engagement en faveur de la gratuité de l’enseignement primaire sur l’ensemble du territoire national.
Le 4 septembre 2025 (voir ici et ici), les autorités congolaises ont publiquement condamné la décision du M23 d’imposer des frais scolaires dans certaines zones de l’est du pays. Dans un communiqué, Kinshasa avait rappelé que « l’enseignement primaire public est gratuit, garanti par la Constitution, intangible, irréversible et non négociable ».
Approché pour un commentaire, Roger Kalenga, un des porte-parole du président Tshisekedi a rejeté cette délaration, rappelant l’attachement du président au principe constitutionnel de la gratuité de l’enseignement.
L’analyse du message a également révélé plusieurs éléments caractéristiques de la désinformation. Le ton du texte, volontairement provocateur, et la mention des « Swahiliphones » montrent une volonté d’attiser les tensions entre l’est et l’ouest du pays.


