Depuis le dimanche 19 octobre, des publications largement partagées sur Facebook et X attribuent à Moïse Katumbi une prise de position contre la rébellion du M23. Selon le message en question, le président du parti Ensemble pour la République aurait déclaré : « Le M23 doit quitter la RDC ! », avant d’appeler les autorités congolaises et les FARDC à « assumer pleinement leur rôle » pour rétablir la paix à l’Est du pays. Pourtant, Moïse Katumbi n’a jamais tenu ces propos.
Selon les contenus de ce publications, Katumbi aurait fait cet appel dans un communiqué publié le même dimanche. Ce prétendu appel de Katumbi a également fait l’objet d’un article de la Radio Okapi (archivé ici) et repris dans les réseaux sociaux de la radio onusienne, avant d’être supprimé. Devenue virale, l’information a été reprise par plusieurs pages sur Facebook notamment (ici, ici, ici et là), suscitant la confusion auprès des internautes alors que le contenu contrastait avec la ligne traditionnelle de ce parti d’opposition.
Mais après vérification, aucun message de ce type n’a été publié sur les canaux officiels du parti Ensemble ou de ses cadres en date 19 octobre. Aucune trace non plus dans les autres médias congolais ou internationaux habituellement attentifs aux prises de parole de l’opposant, excepté la Radio Okapi.
Contactés, les proches de Katumbi ont dénoncé une « désinformation ». Olivier Kamitatu, porte-parole de l’opposant. « Moïse Katumbi ne s’ingère pas dans les négociations actuellement en cours à Doha entre le gouvernement congolais et l’AFC », a-t-il expliqué, rappelant la position de son parti qui prône un « dialogue intercongolais placé sous l’égide de la CENCO et de l’ECC ».
De son côté, Cynthia Katanga, membre du parti, a dénoncé une « information inexacte attribuée à Moïse Katumbi ». Aussi, Congo Check a consulté la dernière communication officielle du parti Ensemble qui date du 18 octobre (et non du 19 octobre). Ce document signé par Kamitatu ne mentionne nullement un appel au retrait du M23.
Aussi, Radio Okapi a reconnu que l’auteur du premier article avait « entremêlé » les propos de Katumbi et celui de Joao Lourenço, le président angolais. Le média a même publié un erratum alors que sa publication initiale continue de circuler via d’autres canaux.
La viralité rapide de cette désinformation se justifie par le contexte de la crise actuelle où les débats sur la guerre à l’Est et les activités du M23 suscitent de fortes émotions sur les réseaux sociaux. Avant de partager une déclaration attribuée à une personnalité publique, il est toujours utile de vérifier sa présence sur ses canaux officiels ou de consulter des médias fiables pour éviter de relayer, même involontairement, une désinformation.


