Depuis vendredi 03 juin, des photos des poissons morts ont été publiées sur les réseaux sociaux. Les internautes affirment que ces poissons sont morts à la suite au gaz méthane du lac Kivu. Méfiez-vous, certaines de ces photos viennent de la rivière Kasaï et non du lac Kivu.

« Plusieurs poissons retrouvés morts depuis hier vendredi 3 juin par le gaz méthane, flottent sur le Lac Kivu. À 50 km de Goma dans la cité de Minova, la population ; enfants comme adultes munis de leurs bassins ramassent des poissons déjà morts de suite la montée du gaz Méthane » lit-on sur le compte Jeremy Ngumbi.

« On doit trouver une solution pour le dégazage de ce lac sinon la prochaine fois ça ne sera pas les poissons qu’on va trouver mort », commente Joe Lelo.

D’autres ont cependant invité le gouverneur du Nord-Kivu à réagir vite et envie d’exploiter ce gaz. C’est le cas de Qeph Baraka. « Notre gouvernement doit agir vite pour l’exploitation de ce gaz, sinon un jour il y aura drame sur ce coin du pays », dit-il.

Pour vérifier cette information, Congo Check a fait recours aux outils de vérification des images inversées tels que Google Image et a rencontré certains pécheurs qui ont vécu la situation. Congo Check s’est également entretenu avec avons ensuite les sources scientifiques dont l’Observatoire Volcanologique de Goma et celle de l’Office Congolais de Contrôle. Toutes les recherches prouvent que certaines de ces images viennent de la rivière Kasaï et non du lac Kivu.

D’après nos recherches, cette photo avait été publiée la première fois le 9 Août 2021 par le média en ligne 7SUR7.CD. Le 1er août 2021 la rivière Tshikapa dans la province du Kasaï avait été déclarée polluée par les autorités provinciales par des déchets toxiques d’une exploitation minière.

https://www.reuters.com/world/africa/congo-says-12-dead-4400-sick-following-angola-mine-tailings-leak-2021-09-02/

Des poissons ont flotté sur le Lac Kivu

Un pêcheur du lac Kivu approché par Congo Check a affirmé avoir vu des animaux aquatiques, il en a même mangé mais il a peur de la suite.

« Je pêchais sur le lac Kivu quand la nouvelle est tombée. J’ai été informé en date du 04 juin, mais ces poissons ont été retrouvés en date du 03 juin. Il y avait une grande vague quand nos frères de Minova nous ont alertés disant que beaucoup de poissons flottaient sur le lac Kivu. Nous sommes allés à Minova et nous les avons vus. Malheureusement nous en avons également mangé. Depuis le 04 juin, nous les avons mangés mais nous n’avons pas encore senti de douleurs » déclare Shamavu Hamuli à Congo Check. «Nous avons tout de même peur car nous n’avons pas encore entendu nos autorités sanitaires, nous dire s’il y aura des conséquences néfastes à notre santé. Mais nous les avons mangés et nous n’avons pas de douleurs. Nous n’avons pas encore été sensibilisés, nous ne savons pas si ces poissons sont morts du poison, cette information nous viendrait de nos autorités sanitaires. Nous les supplions de nous mettre au courant de ce qui nous attend, pour nous éviter le pire », confie ce dernier.

L’hypothèse de gaz écartée par les scientifiques

Dans un rapport conjoint de l’Office Congolais de Contrôle (OCC) et l’Observatoire Volcanologique de Goma (OVG), les poissons retrouvés morts sur la surface du Lac Kivu étaient victimes d’un produit toxique.

« Pour nous de l’OVG, nous avons exclu l’hypothèse de l’émanation de gaz, le gouverneur nous a aidé à analyser les échantillons que nous avions. Tous, on est arrivé à une même conclusion, celle qui confirme que les poissons avaient été victimes d’un produit toxique jeté dans le lac. J’invite donc toute personne qui a mangé de ces poissons d’aller se faire consulter à l’hôpital », confie à Congo Check Kasereka Mahinda, directeur scientifique à l’OVG.

Pourquoi cette information est-elle nocive ?

Cette information peut semer la panique dans la population croyant qu’il y a eu une explosion du gaz méthane dans le lac Kivu.
Avec cette confusion sur les photos faussement attribuées au lac Kivu, les populations peuvent penser que le danger est imminent et être ainsi mis en danger réel par une panique générale.

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Fiston MAHAMBA
K. MAHAMBA WA BIONDI, connu sous le nom de plume "Fiston Mahamba Larousse" est diplômé en sciences de l'environnement et développement durable à l'Institut Supérieur de Développement Rural à Beni. Journaliste basé dans la partie Orientale de la République Démocratique depuis 2012, il s'est forgé dans l'exercice de ce métier après plusieurs formations de journalisme au Deutsche Welle Akademie, le centre de développement médias de la radiodiffusion publique Allemande. En 2018, il s'inscrit à l'École Supérieure de Journalisme de Lille pour parfaire une licence en journalisme multimédia. Ancien officier de communication au sein des Nations Unies, il poursuit un Master2 en Techniques des Métiers de l'Information à l'Université Nazi Boni (Burkina Faso) /Université Lumière Lyon (France). Son livre "Ebola: Fixers, ces boucliers non immunisés" est en cours d'édition. Journaliste et chercheur spécialisé sur la région orientale de la République Démocratique du Congo et les Grands-Lacs africains, ses études se focalisent sur les ressources naturelles, la santé, les conflits... Ses domaines de travail journalistique sont orientés vers l'environnement, le développement, l'emploi, les nouvelles technologies, l'agriculture, la politique, la culture,... qu'il couvre en écriture et images.

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