Elsevier GmbH publie des informations sur la science et la santé renseigne Bloomberg. La société produit des versions électroniques et imprimées de revues, monographies, manuels et ouvrages de référence en fournissant des informations aux scientifiques, aux étudiants et aux professionnels de la santé et de l’information a annoncé que l’article « Infusions d’Artemisia annua et d’Artemisia afra contre artésunate-amodiaquine (ASAQ) dans le traitement du paludisme à Plasmodium falciparum dans un essai clinique randomisé à grande échelle et en double aveugle » du docteur congolais Jerome Munyangi, co-écrit avec d’autres chercheurs a été rétracté à la demande du rédacteur en chef.
Plusieurs publications sur les réseaux sociaux en République Démocratique du Congo se sont montrées douteuses sur l’authenticité de l’annonce. Après des recherches en ligne et des entretiens avec Jérôme Munyangi, auteur de l’article retiré, Congo Check confirme la rétractation de cet ouvrage scientifique.
L article international mentionnant les études du Dr Munyangi avait été retiré pour les raisons suivantes: Cet article…
Publiée par Frida Lakongolaise sur Dimanche 16 août 2020
« Des inquiétudes ont été soulevées quant à l’approbation en temps voulu du comité d’éthique pour l’étude présentée dans cet article, au consentement des participants à l’essai à publier leurs données, ainsi qu’à la fiabilité des données incluses dans l’article » écrit Elsevier, qui confirme que les auteurs n’ont pas été en mesure de fournir des explications raisonnables et le rédacteur en chef a décidé de retirer l’article.
La société souligne dans ses notes que les infractions aux codes d’éthique professionnelle, telles que les soumissions multiples, les fausses déclarations de paternité, le plagiat, l’utilisation frauduleuse de données ou autres sont parmi les critères de rétractation des articles précédemment publiés sur ses plateformes. « La rétractation d’un article par ses auteurs ou l’éditeur sur les conseils de membres de la communauté scientifique est depuis longtemps une caractéristique occasionnelle du monde savant. Des normes relatives à la rétractation ont été élaborées par un certain nombre de bibliothèques et d’organismes universitaires, et cette meilleure pratique est adoptée par Elsevier pour la rétractation des articles ».
Retrait confirmé par Jérôme Munyangi, qui dénonce une main noire de la Big Pharma
A Congo Check, le docteur et chercheur congolais s’interroge sur ce revirement, deux ans après la publication de l’article. « Pourquoi attendre deux ans ? J’ai réalisé ces essais cliniques en 2015 et je les ai soumis à la publication en décembre 2018 un article est sorti et janvier 2019, un autre article est sorti » se rappelle-t-il de la chronologie de la publication de l’article.
« En tant que co-auteur, lorsque l’on publie un article avec votre participation, si vous êtes un professeur d’université vous êtes immédiatement informé à moins que vous soyez un professeur de nom. Tous les co-auteurs ont donné leurs signatures. On ne publie un article scientifique si les autres co-auteurs n’ont pas signé » explique Jérôme Munyangi avant de s’indigner du fait qu’aujourd’hui sur les seize co-auteurs de l’article, seulement deux se disent qu’ils n’ont pas été consultés.
« Lorsqu’on parle de falsification, par définition simple c’est-à-dire que vous avez pris l’original et vous avez fait une copie qui peut être conforme à l’original. Si nous allons dans ce sens, Elsevier a comparé les données du chercheur avec quelles données originales alors que les données originales ne peuvent que provenir de l’auteur lui-même. D’où Elsevier a tiré les données pour dire que les données originales ont été falsifiées ? » poursuit-il.
Jérôme Munyangi confirme que cette lutte contre une autonomie africaine dans la lutte contre les maladies ne date pas de la période actuelle : « je me suis battu contre ces puissances jusqu’aujourd’hui qui ne veulent pas qu’il y ait une des publications scientifiques africaines, qui ne veulent pas que les africains se traitent avec des médicaments fabriqués en Afrique sans beaucoup plus d’effets secondaires avec l’accessibilité des médicaments ».
Jérôme Munyangi renchérit que la mobilisation contre ses recherches datent des premiers mois après la sortie de l’article scientifique qui vient d’être retiré. « Il y’a l’académie de médecine en France qui s’était prononcé contre mes recherches. Au mois d’octobre de l’année 2019, l’Organisation Mondiale de la Santé convoque une réunion spéciale à Genève sur mes publications, j’ai les documents à l’appuie où l’OMS réitère son interdiction sur l’utilisation de l’Artemisia dans le traitement de la malaria, avec un communiqué de 30 pages et les recherches critiquées sont celles de Jérôme Munyangi ».
« Regardez le documentaire Malaria Business. Il y a de mains noires sur mes publications parce que celles-ci sont venues renverser des théorèmes, les stratagèmes qui existent toujours sur la vaccination de la population congolaise ou africaine avec le vaccin contre la malaria. J’ai fait il y a une année, des vidéos où je dénonçais comment est-ce que le vaccin antipaludique appliqué par la Fondation Bill et Melinda Gates et la société GSK ont mis en place un vaccin qui selon tous les scientifiques du monde, les chercheurs indépendants ont démontré noir sur blanc que ce vaccin tuait les enfants africains. Ce vaccin était plus dangereux que le médicament et là, la communauté internationale s’est tue, l’OMS s’est tue » regrette Jérôme Munyagi, précisant s’être levé en initiant une pétition contre ce vaccin qui était signée par plus de 100 mille personnes dans le monde.
Dans un article de vérification sur les theories de complot contre le milliardaire Bill Gates, CheckNews, le desk de fact-checking du journal Libération précisait que de nombreuses publications reprennent cette affirmation des «antivaccins». Parmi leurs arguments, le financement par Bill Gates d’un vaccin sur la malaria développé par GSK «qui a tué 151 enfants africains et causé des paralysies, des spasmes et des convulsions sur des milliers d’autres», un autre sur la méningite en Afrique en 2002 et un dernier en Inde qui aurait «paralysé 490 000 enfants».
« Le premier vaccin est une référence à un vaccin candidat pour combattre la malaria, qui a été testé en phase 3 dans sept pays africains de mars 2009 à janvier 2011, financé par une bourse de la fondation Bill et Melinda Gates. Les résultats de l’étude ont été publiés dans cet article. On y lit que 15 460 enfants ont été inclus dans l’étude. 151 enfants sont morts au cours de l’étude. Mais, en regardant les résultats détaillés dans ces tableaux (pages 53-55), on s’aperçoit que leurs décès ne sont pas forcément liés au vaccin. Une dizaine d’enfants est par exemple morte des suites du VIH, une dizaine de malnutrition et d’autres en se noyant. Quant aux accusations de paralysie et de convulsions, l’étude note que tous les enfants qui ont eu des convulsions (environ 500, et non des milliers) en ont guéri, et il n’est pas fait mention de paralysie. Dans le détail, 17 enfants sur plus de 15 000 ont connu au moins un événement indésirable grave qui pouvait être lié à l’étude sur le vaccin » peut-on lire sur le site web de CheckNews.
Le comité éthique national de santé de la RDC affirme avoir validé les essais cliniques sur la malaria du docteur Jérôme Munyangi
Répondant aux questions de Congo Check sur la validation par le comité éthique national des essais cliniques sur la malaria (paludisme) avec le traitement extrait de l’Artémisia du docteur Jérôme Munyangi, le professeur Félicien Munday Mulopo, docteur en Philosophie, spécialiste en bioéthique, professeur d’éthique et de bioéthique à l’Université de Kinshasa et directeur du Comité d’éthique de la recherche de l’Ecole de Santé Publique, Université de Kinshasa confirme approuvé cette étude clinique.
« Nous avions validé cet essai là, cette étude là. Je précise à votre intension pour expliquer à tout le monde que le comité éthique n’est pas un comité scientifique, c’est un comité d’étude et les aspects éthique que nous examinons sont liés aux effets indésirables graves qui peuvent se manifester dans l’individu qui prend un médicament en essai » introduit Félicien Munday Mulopo, qui est également coordonnateur du Centre Interdisciplinaire de Bioéthique pour l’Afrique Francophone.
« Une plante médicinale d’usage courant en RDC comme médicament déjà n’a pas d’effets secondaires graves pouvant nuire au bien-être de la personne. Voilà dès ce moment là, le comité n’a pas notifié des effets secondaires à ce produit là, on l’a autorisé. Nous sommes des techniciens. Du point de vue technique, que ceux qui contestent cette validation prouvent que cette plante ou cette étude là a des effets nocifs, à ce moment là, nous on peut suivre. Sinon nous on ne suit pas ces allégations. On a déjà un avis qui est valide au plan international par les scientifiques éthiques que cette plante n’a pas d’effets nocifs et c’est clair » rassure Félicien Munday Mulopo.