Une vidéo devenue virale montre l’atterrissage d’un appareil dans une rue sablonneuse. Dans ce qui ressemble un milieu public, où les activités se déroulent, l’avion est essuyé et lavé par certains hommes. Dans la même vidéo, on peut y voir des chèvres qui défilent, des passages sans ceinture de sécurité dans l’avion, des bagages entassés, ainsi qu’autres détails moins fréquents à voir dans des avions. La scène se déroulerait à Bouca, une ville de la République Centrafricaine. Une fausse information malheureusement. D’autres posts affirment que la scène se déroule quelque part en Afrique sans préciser où exactement – mais tout cela est faux !
« Atterrissage réussi à Bouca », lit un de ces posts publiés sur Facebook par plusieurs pages récencés par Congo Check ( 1 , 2 , 3 , 4 , 5 ).
Congo Check a vérifié ce affirmations relayées par différents médias sociaux. Surtout, il faut préciser que la publication a gagné en viralité. Plus de 2 millions d’internautes ont vu cette vidéo, et une centaine de milliers n’ont pas hésité de commenter, dans presque tous les sens.
Aucun atterrissage d’un avion dans les rues de Bouca
Pour vérifier la nouvelle, notre équipe a contacté Britney Ngalingbo, journaliste fact-checkeuse de formation et co-fondatrice de Centrafrique Check. A ce propos, elle précise que cette vidéo n’est pas authentique et ne répond pas à beaucoup de critères qui laisseraient croire que c’est bien dans une ville centrafricaine.
« Rien qu’en regardant la vidéo, je peux affirmer qu’elle n’a pas été filmée à Bouca en RCA », dit-elle, avant d’ajouter des facteurs factuels comme « la langue des inscriptions sur le bidon [bidon d’huile à moteur] devant l’avion, on lit en anglais : “CHEAP OIL FOR SALE – Bring Your Own Jerrycan”, or en Centrafrique francophone (RCA), on s’attendrait plutôt à voir des panneaux en français (« essence bon marché » ou « carburant à vendre …). Le fait d’avoir un texte intégralement en anglais est déjà un indicateur fort que la vidéo n’a pas été tournée à Bouca ».
Elle qui habite la Centrafrique depuis longtemps augmente également le facteur géologique.
« La région géographique de la vidéo(sol, végétation, bâti) a un sol rouge‐brun, assez sec, avec peu de revêtement. Cette terre rouge s’observe couramment dans la zone sahélienne (nord du Nigeria, Niger, Mali, Burkina) ou dans certaines régions de l’Afrique de l’Ouest anglophone (Nigeria, Ghana) où l’on a ce type de terre glaise rouge », expliquant la nuance avec le sol que l’on peut trouver à Bouca.
Une vidéo générée par l’IA
Congo Check a alors essayé de situer cette vidéo en trouvant son contexte. Nous avons alors recouru aux outils de recherche inversée d’images. Toutes n’ont fourni aucun résultat probant.
Nous avons ensuite fait recours à des outils de vérification des vidéos et images générées par l’intelligence artificielle. La conclusion que nous fournit WasItAI est que cette vidéo, ou une partie importante d’elle a été créée par l’IA.

Résultat fourni par « WasitAI », à l’aide d’une capture tirée de la vidéo, permettant d’affirmer qu’elle est générée par l’IA
Les imprécisions visuelles de l’IA
Les incohérences visuelles sont nombreuses également. Par exemple, les personnes visibles dans la vidéo apparaissent puis disparaissent (cfr la 7e seconde de la vidéo), ou un puit d’huile de kérosène tirée d’un endroit désert sans aucun matériel adéquat et directement acheminé dans l’avion, l’avion lui-même n’a pas de roues, ….
Cette vidéo n’est pas réelle. Elle n’a pas été filmée ni en Afrique, moins encore à Bouca en Centrafrique. C’est juste une émanation de l’IA, qui a une fois de plus plongé plusieurs internautes dans des confusions et des critiques.