Sur le réseau social Facebook, la page « Tuseme Ukweli » a posté une image ce 17 mai dernier. Selon la légende, il s’agit de la manifestation des millions de Tchadiens qui réclament le départ des français. Le drapeau français a été brûlé et les manifestants préfèrent les Russes qu’aux précédents cités. Attention, l’image accordée à cette information est décontextualisée. Elle est du 11 décembre 2021 et elle illustre une série des plusieurs marches pour une révision de la charte de la transition tchadienne.
« Des millions de Tchadiens ont organisé une manifestation, réclamant le départ du colonisateur français, qui a pillé les richesses du pays. Et le peuple tchadien dit oui à la Russie, oui à Poutine. Nous voulons être libres. Le drapeau français a été brûlé et le drapeau russe a été hissé. », écrit le publicateur de ce poste qui a généré plus de 223 mentions « j’aime », une quarantaine de commentaires et plusieurs partages.
Les internautes ont encouragé et appuyé les efforts du peuple tchadiens sans avoir à épingler la nature hors contexte de l’image. Elle est tout simplement passée pour vraie. Jizreel Sibaya écrit : « Voilà un peuple courageux » et Seraphin Kasongo dit : « Peuple Tchadien, courage ! ».
Une image décontextualisée
Pour contextualiser cette image, Congo Check a dû recourir aux logiciels de vérification d’images. En utilisant Google Lens, les résultats nous ramènent en décembre 2021, précisément le onzième jour de ce mois. Le contexte ? Il n’est pas question d’une manifestation contre l’occupation française au Tchad, mais au contraire, l’image illustre la manifestation de la rue à D’jamena, au Tchad organisée le 11 décembre 2021 pour réclamer la révision de la charte de la transition au Tchad. Une image prise par André Kodmadjingar de la Voice Of Africa.
Durant ce mois-là, la coordination des actions citoyennes Wakit Tama avait fait feu de tout bois pour exiger la modification de la charte actuelle de la transition pour un dialogue inclusif. Après plusieurs demandes de manifestations pacifiques refusées par les autorités de transition pour non-respect d’itinéraire, elle avait été finalement autorisée à N’Djamena. Encadrée par les éléments de la police nationale et des gardes nomades, la marche s’était déroulée sans heurt, rapporte la VOA. ( Marches pour une révision de la charte de la transition tchadienne (voaafrique.com))
La même image est reprise par le média en ligne Tchadien « le Pays Tchad », qui traitait en février dernier un article sur La marche de Wakit Tamma du 26 est autorisée – Journal Le Pays | Tchad (lepaystchad.com) .
Il n’est donc pas question de la dernière marche de protestation organisée contre la présence française il y a quelques jours, où il y a eu affrontement entre manifestants et agents de l’ordre.
Face à une image décontextualisée, un internaute peut facilement se faire une impression érronée de la réalité sur terrain. De ce fait, une contextualisation permet de comprendre l’ampleur de l’information via l’image présentée.