Jeudi 17 septembre dernier, des publications sur les réseaux sociaux ont affirmé que « Ebanga » est un nouveau médicament qui intervient dans le traitement du virus Ebola. C’est par exemple la page Facebook « Voice of Congo » qui affirme que ce médicament a nouvellement été découvert par l’équipe du professeur Jean-Jacques Muyembe. Ce médicament avait été utilisé en RDC lors de la 10e épidémie d’Ebola au Nord-Kivu sous le nom de mAB-114 constatent les recherches menées par Congo Check.

« RDC : l’équipe du professeur Jean-Jacques Muyembe annonce la découverte d’EBANGA, un nouveau médicament contre la maladie à virus Ebola », lit-on sur la page Voice of Congo, la publication a généré plus de 277 réactions.

Plusieurs internautes croient qu’il s’agit d’une nouvelle invention

En parcourant quelques commentaires des internautes, nous avons découvert que certains parmi eux, ont cru à la novelle. Mawasa Lola Tychique, suggère à l’équipe de trouver plutôt le remède pour le nouveau coronavirus. « Au lieu de chercher d’abord le médicament pour la Covid-19, lui, se lance dans la recherche des médicaments pour Ebola. En tout cas ce monsieur est en train de nous embrouiller », dit-il. « Tu veux encore l’épidémie d’Ebola en RDC pour t’enrichir ?» s’interroge Innocent Mirindi.

Congo check a contacté le département de la communication de l’ancienne riposte contre Ebola, visualisé différentes les précedentes déclarations de Jean-Jacques Muyembe à ce sujet. Après avoir parcouru des manuels sur le traitement Ebola, Congo Check constate que l’information est sortie de son contexte.

Un médicament utilisé en 2018 lors de la 10e épidémie d’Ebola en RDC

Contactée, Miphy Buata Eleke, chargée de communication au Secrétariat technique de la Cellule de la riposte contre la Covid-19, qui avait aussi pilotée la riposte contre la dixième épidémie d’Ebola, explique que ce médicament avait été utilisé dans la province du Nord-Kivu à Beni et Butembo depuis plus de deux ans maintenant.

« Ebanga n’est pas un nouveau traitement, c’est le même médicament que nous avons utilisé lors de la 10e épidémie à Beni et à Butembo. Il faut plutôt dire que ce médicament a officiellement été lancé jeudi 17 septembre mais il existait depuis longtemps et il a contribué effacement dans le traitement des cas Ebola en RDC dans la province du Nord-Kivu », confie-t-elle à Congo check.

Plusieurs patients de l’épidémie de 2018 au Kivu et en Ituri, soignés par Ebanga

D’après un des bulletins épidémiologiques du vendredi 11 mai 2019, un bébé de 42 jours a été déchargé du CTE de Katwa le samedi 11 mai 2019. « Daniella a été admise au CTE avec sa mère le 11 avril 2019 alors qu’elle n’avait que 12 jours. Sa mère, arrivée dans un état de coma avancé, est décédée au CTE le lendemain. Le prélèvement sur Daniella a été effectué le 12 avril et il s’est révélé positif. Après 30 jours de traitement avec le mAB-114, Daniella était guérie».

Approuvé comme médicament par le FDA en 2020, l’histoire de Ebanga remonte à 1995

La Food and Drug Administration ou Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA), a approuvé le 21 décembre 2020 Ebanga comme désormais un médicament contre Ebola. « La Food and Drug Administration des États-Unis a approuvé Ebanga (Ansuvimab-zykl), un anticorps monoclonal humain, pour le traitement de l’infection par le virus Ebola du Zaïre (Ebolavirus) chez les adultes et les enfants. Ebanga bloque la liaison du virus au récepteur cellulaire, empêchant son entrée dans la cellule. Ebanga a obtenu une désignation de médicament orphelin, qui offre des incitations pour aider et encourager le développement de médicaments pour les maladies rares. De plus, l’agence a accordé à Ebanga une désignation de thérapie révolutionnaire. La FDA a accordé l’approbation à Ridgeback Biothérapeutes, LP », peut-on lire sur le site de la FDA.

https://www.fda.gov/drugs/drug-safety-and-availability/fda-approves-treatment-ebola-virus?utm_medium=email&utm_source=govdelivery

D’après un article du 06 novembre 2018 sur le media Le Monde, l’histoire du mAB-114 a débuté en 1995, à Kikwit, à 500 kilomètres à l’est de la capitale, Kinshasa. Pour la première fois depuis l’apparition d’Ebola dans le pays, en 1976, le virus se propage dans une ville. La mortalité est élevée, près de 80 %, et les équipes médicales démunies pour soigner les quelque 300 patients infectés. A cette époque, Ebola suscite peu d’intérêt parmi les chercheurs : les épidémies sont rares et cantonnées à des régions très reculées. Les médecins tentent alors une expérience de la dernière chance : transfuser les malades avec le sang des survivants. « Sur les huit personnes ainsi traitées, sept ont survécu », témoigne le professeur Jean-Jacques Muyembe, directeur de l’Institut national de recherche biomédicale (INRB).

Le virologue Congolais Jean-Jacques Muyembe, dans une interview accordée à TV5 Monde précise aussi que l’administration américaine des denrées alimentaires et des médicaments a approuvé Ebanga comme médicament contre Ebola depuis l’année dernière.

« Ebanga est un anticorps monoclonal humain que nous avons appelé dans le temps (le mAB-114). Il avait été développé grâce au sang d’un malade guéri d’Ebola lors de l’épidémie à Kikwit en 1995. Nous l’avons essayé, nous avons traité des malades et ils sont guéris. Ce produit vient d’être approuvé par le FDA qui est l’administration des médicaments aux Etats-Unis. Il est donc désormais un médicament officiel, spécifique pour traiter les cas Ebola chez les adultes et chez les enfants », explique le scientifique Congolais

Pourquoi la nouvelle est nocive et doit être débusquée

Avec ce que la province du Nord-Kivu a vécu les deux dernières années avec le virus Ebola (la communauté n’a pas cru à l’existence de la maladie à virus Ebola suite aux informations inexactes, qui circulaient et s’était opposée à la riposte). La population peut se méfier de la prévention, pensant que le virus Ebola est devenu traitables par un arsenal de plusieurs médicaments curatifs.

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