Des rumeurs circulent dans la province de la Tshopo, en République Démocratique du Congo (RDC), attribuant à la tour à flux de Yangambi la responsabilité de la hausse des températures dans la région et du changement climatique. Ces affirmations suggèrent que la tour extrait l’oxygène naturel enfin d’aider toute l’Europe à avoir un climat stable au détriment de la population de Tshopo en particulier et celle du Congo en générale. « Chaleur insupportable à Tshopo à cause de cet appareil Européen à Yangambi » à propagé cette infox l’internauteChadro’s Americain.
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Publiée par Chådrø's Americain sur Mercredi 15 mai 2024
Méfiez vous, il s’agit d’une fausse information.
Contrairement aux rumeurs, la tour à flux de Yangambi n’affecte pas le climat local en transportant l’oxygène vers le continent Européen. Elle mesure les flux de matière et d’énergie, ce qui est essentiel pour évaluer la productivité de l’écosystème et non pour modifier le climat régional.
Pour cet article, nous avons tenté de contacter l’internaute qui a publié cette infox pour comprendre ses raisons, mais ce dernier n’a pas répondu. Nous avons ensuite contacté le chargé de communication du ministère de l’Environnement de la République Démocratique du Congo pour obtenir des éclaircissements sur la situation. Il a déclaré : « C’est une fausse information », confirmant ainsi que la tour à flux de Yangambi n’a aucun impact sur les conditions météorologiques de la région et a réitéré son rôle essentiel dans la recherche climatique. Ensuite, nous avons contacté le professeur Papy NSEVOLO, qui est le point focal de l’École Régionale Post-universitaire d’Aménagement et de Gestion Intégrés des Forêts Tropicales (ERAIFT), partenaire du projet de construction de cette tour à flux. Il a exprimé sa tristesse face à cette campagne de désinformation, en nous envoyant le lien YouTube qui explique le fonctionnement de la tour à flux de Yangambi.
L’augmentation de la température dans une région est un phénomène complexe influencé par divers facteurs environnementaux. Parmi ces facteurs, le principal est le changement climatique d’origine anthropique, causé par les activités humaines telles que l’utilisation intensive des combustibles fossiles, la déforestation et l’urbanisation croissante. Ces activités entraînent une augmentation des émissions de gaz à effet de serre, tels que le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4) et le protoxyde d’azote (N20), qui contribuent à piéger la chaleur dans l’atmosphère. Parallèlement, la déforestation réduit la capacité de la région à absorber le CO2, tout en libérant le carbone stocké dans les arbres, ce qui amplifie l’effet de serre. De plus, l’urbanisation entraîne la création de “îlots de chaleur urbains” où les surfaces asphaltées et bétonnées absorbent la chaleur, augmentant ainsi la température locale.
Selon le Directeur de l’INERA, l’augmentation des températures dans la Tshopo est due principalement à deux facteurs : l’impact des rayonnements solaires et les activités humaines comme l’agriculture sur brulis, la déforestation, l’urbanisation à travers l’augmentation démographique et l’industrialisation. Il est crucial de souligner que la tour à flux n’est pas liée à la récente canicule et que les accusations portées contre elle sont infondées.
Qu’est-ce que la Tour à Flux de Yangambi ?
La tour de flux de Yangambi, haute de 55 mètres, a été érigée depuis octobre 2020 pour étudier les échanges de gaz à effet de serre (CO2, N2O et CH4) entre la forêt et l’atmosphère. Elle se trouve au sein de la réserve de biosphère de Yangambi et a pour objectif principal de collecter des données sur l’évolution de la biosphère locale. Ces données sont essentielles pour comprendre l’écosystème forestier du bassin du Congo et sont ouvertes gratuitement pour le public.
Quel est son rôle dans la lutte contre le changement climatique?
La tour joue un rôle vital dans la lutte contre le changement climatique. En surveillant les gaz à effet de serre, elle aide à comprendre comment les forêts tropicales absorbent le CO2 et comble un énorme déficit de données sur l’importance des forêts humides africaines dans la capture des émissions mondiales de carbone, les changements dans les régimes pluviométriques locaux et les impacts de la dégradation des forêts et de la déforestation sur le réchauffement climatique. Elle est envisagée comme un centre d’excellence climatique, contribuant à la recherche environnementale et à la conservation de la biodiversité.
La Tour à Flux de Yangambi n’est pas la cause de la chaleur ressentie dans la Tshopo. Au contraire, elle est un outil indispensable pour la recherche environnementale et climatique, permettant de mieux comprendre et de lutter contre le changement climatique. Il est impératif de dissiper les mythes et de reconnaître l’importance de telles infrastructures pour notre avenir climatique.