Sur les réseaux sociaux circule une histoire étrange mais très virale, racontant l’existence d’un personnage atypique, doté de deux visages. Nommé Edward Mordrake, il aurait vécu au début du 18ème siècle. Méfiez-vous, l’histoire est fausse et est issue une légende très ancienne.

« Le crâne d’Edward Mordrake, l’homme né avec un second visage à l’arrière de la tête. (…) Le second visage était capable de rire, de pleurer et de faire des bruits étranges sans le contrôle d’Edward. Il a apparemment supplié les médecins de lui retirer son visage démoniaque sous prétexte qu’il lui murmurait des choses horribles la nuit, mais aucun médecin n’a pu le faire. Il s’est suicidé à l’âge de 23 ans. », écrit la page Info.fr.

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Une histoire tirée des légendes anciennes

L’histoire d’Edward Mordrake n’est pas récente. Selon la légende, il serait né avec une déformation due au Diprosopus (ou duplication craniofaciale), une maladie rare. En 1896, Anomalies and Curiosities of Medicine de Gould et Pyle citait déjà ce personnage étrange : « L’une des histoires les plus étranges et les plus mélancoliques de la difformité humaine est celle d’Edward Mordake (…)Sa silhouette était remarquable par sa grâce, et son visage. Mais à l’arrière de sa tête se trouvait un autre visage, celui d’une belle fille, ‘belle comme un rêve, hideuse comme un diable. ».

Malgré l’ancienneté de la légende, plusieurs facteurs mettent en doute son authenticité. D’abord, sa source jugée « profane » et ensuite par le fait qu’il n’existe aucune histoire médicale qui le confirme. D’ailleurs, il n’existe qu’une seule source connue de cette légende (http://hoaxes.org/weblog/comments/edward_mordake ) : un article de publié en 1895 par Charles Lotin Hildreth, un poète et auteur de fiction spéculative, intitulé « les merveilles de la science ».

L’historien Alex Boese avertit d’ailleurs sur le fait que les merveilles citées dans cet article ne se retrouvent repris nulle part ailleurs, Pour lui, Hildreth les a simplement inventés : « Edward Mordrake était la création littéraire de Charles Lotin Hildreth. Il n’a jamais vraiment existé. ». L’article était en fait une œuvre de fiction spéculative à une époque où les canulars scientifiques étaient très prisés.

Toujours selon la légende d’Edward Mordrake, Manvers et Treadwell auraient été ses médecins traitants. Seulement, une critique de The Theosophical Review publiée en 1996 a rapporté que ces deux noms ne se retrouvent nulle part dans le Dictionnary of National Biography (annuaire de l’époque).

Aussi, la qualité des photos présentées comme étant celles d’Edward Mordrake intrigue. Elles sont étrangement d’une résolution et d’une clarté supérieures aux autres clichés de l’époque où aurait vécu. En fait, il s’agit d’une figure de cire exposé au musée Panoptikum à Hambourg en Allemagne.

Des incongruités scientifiques

En médecine, il existe cependant une déformation congénitale aux symptômes similaires à ceux attribués à Edward Mordrake. Il s’agit d’une complication rare chez les jumeaux siamois : le Craniopagus parasiticus. L’un des deux, sous-développé ou parasitaire, est une simple tête vestigiale attachée au crâne du jumeau dominant. Selon un rapport de la Bibliothèque nationale de médecine des États-Unis publié en 2006, seuls dix cas ont été enregistrés dans le monde. Trois ont survécu après la naissance parmi lesquels deux sont décédées avant leurs deux ans. Le dernier, appelé « garçon à deux têtes du Bengale» est mort à 4 ans, mordu par un cobra.

Selon un article de Snopes, le cas Edward Mordrake ne peut être assimilé à celui des jumeaux siamois, toujours du même sexe, alors que l’homme à deux visages est présenté comme ayant une apparence d’homme à l’avant et de femme à l’arrière.

Les explications scientifiques pour la condition de Mordrake sont donc peu nombreuses et pas plausibles pour une infox qui s’est enracinée dans le temps au point que plusieurs personnes et même certains médias y accordent crédit.

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