Mercredi 21 avril, une publication sur la page Facebook « Lisette Lisa Mongendu » affirme que l’armée congolaise s’oppose à l’envoie d’une commission parlementaire chargée d’enquêter sur la situation sécuritaire dans les territoires touchés par l’insécurité dans l’est de la RDC. Le post, partagé 173 fois, précise que le chef d’état-major général de l’armée, Célestin Mbala, a personnellement pris langue avec le Président Félix Tshisekedi pour lui exprimer son opposition. Selon cette publication, les militaires ont peur que cette commission parlementaire tombe sur les magouilles qu’ils entretiennent sur terrain.
Méfiez-vous, il s’agit d’une fausse information.
« Mis au courant de cette initiative parlementaire, des officiers des FARDC se sont concertés et ont décidé de s’opposer à l’arrivée de cette commission parlementaire dans les territoires affectés par l’insécurité. Selon nos sources, les militaires sont effrayés par le risque des graves révélations que la commission risque de découvrir sur terrain. Nos sources parlent d’une rencontre en urgence des officiers de l’armée avec Félix Tshisekedi pour lui demander de mettre en échec cette mission parlementaire », lit-on sur cette publication.
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L’infox, ayant généré près de 300 mentions j’aime, a été diversement commentée. Dans le lot de 125 commentaires, plusieurs internautes sont surpris de ce comportement de l’armée.
« Le comportement de ces officiers vis à vis du commandant suprême est extrêmement suspect et mérite une interpéllation. Ce n’est pas seulement un manque de courtoisie, de contestation d’une décision de la hiérarchie militaire, mais celà ne cache-t-il pas quelque chose ? Chez nous les civils il y a des comportements et attitudes qui passent, mais à l’armée, c’est tout simplement une forme de refus d’ordre voir une certaine rébellion. Il faut y prendre garde, ça commence toujours ainsi », prévient Léon Ebeya.
À Joachim Ndokomay d’asséner : « C’est très grave. Comment ces officiers supérieurs peuvent-ils s’opposer à une telle mission parlementaire ? il y’a anguille sous roche. On doit ouvrir l’œil et le bon pour avancer dans ce dossier de l’est »
Choqué, Ernest Ali Mande demande aux députés nationaux de faire leur travail et se méfier de la position de l’armée.
« Quel secret ? Donc eux ne veulent pas que tueries des civils dans l’Est puissent se terminer parce que il y a des officiers impliqués dans ces tueries ? Que les parlementaires fassent leur travail, on veut le verdict », commente-t-il.
Par contre, Alpha Kapinga soutient cette idée et émet de la crédibilité des députés qui vont constituer cette commission, car d’après lui, la plupart des parlementaires soutiennent les groupes armés.
« Moi aussi je suis d’accord avec l’armée. Les députés qui seront dans cette commission parlementaire sont les mêmes qui alimentent les conflits armés à l’est du pays. Ce ne sont que des hypocrites ces parlementaires. En plus, tout ce qu’ils veulent c’est occasionner la sortie des fonds et aller s’amuser à Goma et Bukavu. L’armée a raison de rejeter cette commission parlementaire ». Dans les quatre cas, comme la plupart d’internautes, ils se sont laissés avoir.
Les recherches menées par Congo check, premier média spécialisé dans la vérification des faits en République Démocratique du Congo ont permis de conclure que l’armée ne s’est pas opposée à la venue d’une commission parlementaire dans l’est du pays.
Abordée en premier, l’armée congolaise qualifie cette publication d’une bêtise.
« Ce sont des bêtises que les gens racontent », répond à Congo check, le général Richard Kasonga, porte-parole des Forces Armées de la République Démocratique du Congo.
La Présidence de République dément cette information, et précise que le Président Félix Tshisekedi n’a pas rencontré les officiers de l’armée pour débattre de cette question.
« Officiellement, il n’y a pas eu de rencontre entre le chef de l’État et des officiers militaires. Dans son agenda d’hier, d’aujourd’hui, il a nulle part procéder à une audience avec les généraux », précise Tina Salama, porte-parole adjointe de Félix Tshisekedi.
Le 7 avril, l’Assemblée nationale a adopté la résolution créant la commission parlementaire chargée d’enquêter sur la situation sécuritaire dans 8 provinces de la RDC. Il s’agit des provinces de l’Ituri, Nord-Kivu, Maniema, Sud-Kivu, Haut-Uele, Bas-Uele, Haut Katanga et Haut-Lomami , touchées par l’insécurité dont l’épicentre reste Beni, au Nord-Kivu, une région caractérisée par les tueries des civils par les rebelles ougandais d’Allied Democratic Forces (ADF) depuis plus de six ans.