Il s’enregistre depuis un temps dans la communauté une tendance à revendiquer certaines terres des provinces Sud et Ouest de la République voisine à la RD Congo, le Rwanda en les attribuant à la tribu Shi établie au Sud-Kivu, le long de la frontière entre les deux États.
Discours collecté : « Il est grand temps de commencer à enseigner à nos enfants et petits enfants qu’à tout prix, les terres de Ruhengeri, Gisenyi, Kibuye et Cyangugu sont des terres de la tribu Shi vivant dans l’Est du Congo et doivent être récupérées »
Les recherches menées par l’équipe du bulletin Sango ya Bomoko renseigne qu’aucune preuve n’appuie cette initiative, se référant aux décisions et accords signés entre États africains sur le principe d’intangibilité des frontières dont la RDC fut signataire.
C’est dans ce contexte que la conférence des chefs d’États et de gouvernements de l’Organisation de l’unité africaine (OUA, actuelle UA) réunie au Caire avait opté en faveur du « principe de l’intangibilité » des frontières en Afrique, le 21 juillet 1964. Ce principe « déclare solennellement que tous les États membres s’engagent à respecter les frontières existant au moment où ils ont accédé à l’indépendance ». Il consiste en une interdiction faite aux États membres d’exprimer toute revendication territoriale et de vouloir procéder à une modification du tracé colonial au détriment d’un État tiers. Il stipule le respect et le maintien des frontières telles que léguées par la colonisation (Protocole de médiation, de conciliation et d’arbitrage du 21 juillet 1964 ; Résolution AHG/RES.16 [1] sur les litiges entre états africains au sujet des frontières, Le Caire, Égypte, 17 – 21 juillet 1964). https://www.diploweb.com/Frontieres-africaines-1964-2014.html
Ceci rejoint le principe évoqué dans la charte des Nations Unies en son Article 2 § 4 sur les relations interétatiques : « Les Membres de l’Organisation s’abstiennent, dans leurs relations internationales, de recourir à la menace ou à l’emploi de la force, soit contre l’intégrité territoriale ou l’indépendance politique de tout État, soit de toute autre manière incompatible avec les buts des Nations Unies ».
Il convient de noter que Ruhengeri, Gisenyi, kibuye et Cyangungu ne sont pas mentionnés ni présents dans la cartographie de la République Démocratique du Congo à son indépendance le 30 juin 1960 pendant que ces endroits cités se retrouvent enregistrés et localisés en terre rwandaise depuis son accession à l’indépendance.
Parlant de la tribu Shi, son territoire correspondait à l’ancien district du Kivu-Central, au sud-ouest du lac Kivu, il s’étend sur 4 600 km2 dans cette région de la République démocratique du Congo. (Bishikwabo Chubaka. Le Bushi au XIXe siècle : un peuple, sept royaumes. In: Revue française d’histoire d’outre-mer, tome 67, n°246-247, 1er et 2e trimestres 1980. pp. 89-98. ( https://doi.org/10.3406/outre.1980.2238 www.persee.fr/doc/outre_0300-9513_1980_num_67_246_2238)
Persuader le public de réclamer une terre étrangère et chercher à inculquer cela aux générations futures à travers l’école reviendrait à violer plusieurs principes culturels, sociaux aux conséquences énormes contre la bonne cohabitation dans la sous-région.
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