Plusieurs théories de complot se propagent sur internet, principalement sur les réseaux sociaux de la République Démocratique du Congo depuis lundi dernier. Ces publications conspirationnistes ont inondé la toile suite aux publications des images d’un engin volant retrouvé près de la region de Buta par les populations locales.

Les interpretations sur internet faisant étant d’un drone d’espionnage américain; d’un satellite russe qui a échoué dans la region de Buta ou d’un engin occidental, chargé de propager les souches d’une épidémie dans la region sont inexactes constate Congo Check, qui a réussi à identifier l’appareil comme une montgolfière de la société Loon, qui s’investit dans la distribution de la connexion internet.

Le satellite d’espionnage américain que Tshilombo (ndlr= Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo, president de la RDC) a autorisé et géré par l’ambassadeur Mike Hammer pour surveiller notre système militaire en faveur du Rwanda afin de faciliter la balkanisation de la RDC vient de tomber à Buta dans le Bas-Uelé, près de l’Ituri et Beni” ecrit un tweet.

“D’autres internautes indiquent qu’il s’agit d’un satellite russe. “Lancé le 20 novembre 1998, le satellite Russe 1998-067PK a terminé sa course aujourd’hui à Buta dans la province du Bas-Uele, localité de Bulumakete” précise la page Jeunes Patriotes Congolais dans un post Facebook et d’autres publications vues plusieurs centaines de milliers de fois.

RDC: Un engin (satellite) est tombé dans la localité de BULUMAKETE au PK 5 buta route de Kisangani vers 14 heures

Publiée par Jonas Bafuila sur Lundi 24 août 2020

Une montgolfière de la firme Loon et non un drone ou un satellite

Grace aux images envoyées par un membre de Congo Check qui s’est rendu sur le lieu de l’atterrissage de la montgolfière a atterri, Congo Check a retrouvé certaines données permettant d’identifier l’engin volant. Le numero LN166 visible sur un des compartiments de cet appareil entré dans le moteur de recherche Google, associé aux mots-clés “vol, atterrissage, crash,…” ont permis de retrouver les informations sur les technologies de distribution d’internet par des ballons flottants dans les zones rurales de l’Afrique, notamment au Kenya, au Mozambique par des sociétés technologiques en collaboration avec le géant d’internet Google.

Numero de série LN166 visible sur la montgolfière photographiée près de Buta. PH: Emilie Badidi/CONGO CHECK

Joint par Congo Check, le gouverneur de la province du Bas-Uele a également confirmé l’atterrissage de l’engin dans son entité.

“Nous avons déployé la police pour sécuriser la zone en attendant qu’une lumière soit faite sur le dossier. Je ne saurai pas dire avec exactitude le genre de l’engin que j’ai observé. Mais s’il me faut le décrire, je dirai que j’ai vu un appareil avec une unité centrale surplombé des panneaux solaires et cet ensemble est attaché à un ballon flottant qui ressemble à un parachute” explique le gouverneur Valentin Senga Paysayo.

Bien que n’ayant pas beaucoup de details techniques sur l’appareil, ce dernier a confirmé l’arrestation de deux personnes qui se dirigeaient vers les lieux dans le but de récupérer la montgolfière.

“Deux sujets dont un congolais et un Pakistanais arrivés à Buta hier et qui disaient être venus pour la recherche de cet engin ont été arrêtés pour interrogatoire afin d’en savoir un peu plus sur leur mission. La troisième personne qui serait ingénieur spécialisé sur ce genre d’engin est en route pour Buta car étant resté hier à plus de 80 kilomètres de la ville quand ses collègues ont progressé vers Buta pour localiser l’appareil” a dit-il au telephone de Congo Check

Un d’atterrissage contrôlé autorisé par l’Autorité de l’Aviation Civile de la RDC?

Dans une déclaration officielle d’un porte-parole de la société Loon envoyée par courier électronique à Congo Check, il est mentionné que l’atterrissage contrôlé d’un ballon stratosphérique de Loon été effectué de manière sûre et sécurisée après coordination avec les responsables locaux du contrôle aérien de la RDC.

“Je peux confirmer que Loon a effectué un atterrissage contrôlé d’un de nos ballons stratosphériques dans cette région. Cet atterrissage a été effectué de manière sûre et sécurisée après coordination avec les responsables locaux du contrôle aérien. Cet atterrissage a été spécifiquement approuvé par l’autorité de l’aviation civile (AAC)” écrit la déclaration traduite de l’Anglais par Congo Check.

“Selon les procédures d’atterrissage de Loon, un parachute s’est déployé et le ballon a été amené au sol à une vitesse relativement faible dans une zone isolée. A aucun moment, il n’a représenté un risque pour la population locale. Une équipe de récupération de Loon est déjà sur place pour récupérer le ballon et ses composants” indique ce mail envoyé par Scott Coriell, membre de Peakpublicaffairs, une entité de communication de Loon.

Contactée, l’Autorité de l’Aviation Civile de la République Démocratique du Congo a promis de s’exprimer prochainement sur le sujet.

[smartslider3 slider=”7″]

Qu’est-ce que le Loon ses ballons stratosphériques?

Dans le mail reçu par Congo Check étaient jointes des photos sur les ballons stratosphériques et quelques éléments de contexte sur la compagnie Loon, qui est une filiale d’Alphabet, la société mère de Google.

“Des milliards de personnes dans le monde entier n’ont toujours pas accès à l’internet. Loon développe et déploie des technologies pour faire profiter tout le monde des avantages de l’internet. Les ballons de Loon voyagent aux confins de l’espace, agissant comme des tours de téléphonie cellulaire flottantes, afin d’offrir une connectivité aux habitants des régions non desservies ou mal desservies du monde entier” détaille le media kit, rajoutant que les ballons conçus par Loon naviguent dans les courants de vent à 20 kilomètres au-dessus de la terre et peuvent être disposés en petits groupes pour fournir des périodes de connectivité prolongées en bas.

“Loon s’associe à des opérateurs de réseaux mobiles pour étendre la portée de leurs services. Ensemble, nous contribuons à étendre la couverture dans les régions rurales et éloignées, à améliorer les réseaux existants et à fournir une couverture rapide après les catastrophes naturelles” poursuit le document disponible sur le site internet de la société Loon.

https://www.youtube.com/watch?v=MiEZfRh-h-s&feature=youtu.be
Une vidéo de la société Loon expliquant le fonctionnement de ses ballons

“Lorsqu’un ballon est prêt à atterrir, le gaz de sustentation qui maintient le ballon en altitude est libéré et un parachute se déploie automatiquement pour contrôler l’atterrissage. Les atterrissages sont effectués en étroite coordination avec le contrôle aérien local. Une fois le ballon posé, nous disposons d’équipes de récupération spécialement formées qui collectent le matériel du ballon” poursuit le document.

À propos de l’atterrissage de ses ballons, la société technologique Loon indique que ces engins sont surveillés 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 par son équipe d’ingénieurs de vol. “Nous maintenons une télémétrie continue et des liens de commande avec chaque ballon, en suivant la position à l’aide du GPS. Chaque minute, nous recevons de chaque ballon environ 2 000 contrôles de santé et points de télémétrie qui nous indiquent le moment opportun pour faire atterrir un ballon”.

Previous articleFaux, il n y a pas eu incendie à l’aéroport de Dubaï
Next articleRDC-Attention aux arnaques avec une proposition d’une récompense notamment celle des forfaits internet
Fiston MAHAMBA
K. MAHAMBA WA BIONDI, connu sous le nom de plume "Fiston Mahamba Larousse" est diplômé en sciences de l'environnement et développement durable à l'Institut Supérieur de Développement Rural à Beni. Journaliste basé dans la partie Orientale de la République Démocratique depuis 2012, il s'est forgé dans l'exercice de ce métier après plusieurs formations de journalisme au Deutsche Welle Akademie, le centre de développement médias de la radiodiffusion publique Allemande. En 2018, il s'inscrit à l'École Supérieure de Journalisme de Lille pour parfaire une licence en journalisme multimédia. Ancien officier de communication au sein des Nations Unies, il poursuit un Master2 en Techniques des Métiers de l'Information à l'Université Nazi Boni (Burkina Faso) /Université Lumière Lyon (France). Son livre "Ebola: Fixers, ces boucliers non immunisés" est en cours d'édition. Journaliste et chercheur spécialisé sur la région orientale de la République Démocratique du Congo et les Grands-Lacs africains, ses études se focalisent sur les ressources naturelles, la santé, les conflits... Ses domaines de travail journalistique sont orientés vers l'environnement, le développement, l'emploi, les nouvelles technologies, l'agriculture, la politique, la culture,... qu'il couvre en écriture et images.

1 COMMENT

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here