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Non, le CICR n’a pas donné un bilan de 9078 morts après les attaques du M23 à Goma

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Sur les réseaux sociaux Facebook, Twitter, Instagram et via les messageries cryptées comme WhatsApp ou Signal circulent une vidéo filmée à Goma, prétendant montrer l’enterrement de 9078 corps tués lors des affrontements entre l’armée congolaise et les rebelles du M23. Devenue virale, la vidéo est authentique mais le bilan de 9078 morts qui l’accompagne est faux notent les recherches de Congo Check, qui a parlé au comité international de la Croix Rouge (CICR) et qui a consulté les autres données statistiques en lien avec ce drame sécuritaire.

“Bilan de CICR des pertes en vies humaines à Goma revu à la hausse : 9078 morts” écrit le profil James Mukeshaba, trop actif sur Facebook et abordant les questions quotidiennes de provinces du Nord-Kivu et Sud-Kivu. L’information est reprise par plusieurs comptes et profils avec un ton de tristesse et de colère contre la manipulation de ce bilan de perte en vies humaines.

Pour avoir l’historique de la diffusion de cette infox sur les réseaux sociaux, Congo Check a fait recours à l’application Who Posted What, permettant de remonter vers les premières occurrences d’une publication sur les plateformes numériques. À l’aide des mots-clés “CICR, Goma, bilan, 9078 morts”, l’équipe de Congo Check constate que c’est depuis le 21 février 2025 que la fausse information circule en ligne.

Parmi les personnes qui ont posté ladite fausse information, certaines reconnaissent avoir fait un partage. C’est le cas du journaliste Valery Mukosasenge, qui indique avoir partagé une information reçue d’une autre journaliste. 

Le CICR n’a pas annoncé le bilan de morts à Goma

Joint par Congo Check, le CICR qualifie de faux ce bilan lui attribué précisant qu’il ne communique que sur ses activités et sa réponse à la crise et que c’est ne pas à cette institution de donner un quelconque bilan des morts.

“Le CICR s’indigne contre la circulation, sur les réseaux sociaux, du bilan *de personnes tuées à Goma lui attribué faussement par des personnes inconnues. Nous souhaitons informer que nous n’avons jamais communiqué un tel bilan et ne sommes aucunement auteurs de cette annonce” déclare à Congo Check via la messagerie WhatsApp Paulin Bashengezi, coordinateur communication au CICR en RDC.

“Les différentes communications du CICR sont faites par les personnes habilitées et passent toujours par des canaux officiels institutionnels. Notre mission, en ce moment, consiste à proteger et à assister les populations affectées par les conséquences du conflit. Spéculer sur les chiffres et les bilans ne fait pas parti de nos priorités” rappelle-t-il.

Le ministère congolais de la santé avait communiqué dans un document obtenu par Congo Check sur le premier bilan officiel après les affrontements qui s’étaient déroulés à Goma fin janvier 2025. Abordant la question du nombre de morts, le document que vous pouvez consulter ici donne le chiffre avec un total d’environ 1 068 corps enterrés à la date du 15 février 2025 et 4279 blessés. L’ONU a de son côté présenté un bilan de 3000 morts.

Une vidéo filmée à Goma mais ne montrant pas l’enterrement de 9078 morts

S’intéressant de près à la vidéo, Congo Check conclut qu’elle a été filmée au cimetière de l’institut technique et industriel de Goma, ITIG. Elle montre les agents de la Croix Rouge, qui en pleine inhumation des corps des victimes de la guerre du 26 au 28 janvier dernier à Goma.

Congo Check a trouvé la géo-localisation des lieux à partir desquels la scène est filmée. En visualisant cette cartographie, vous pouvez voir les différentes tombes et l’avenue qui sépare le cimetière de plusieurs entrepôts le bordant et qui sont visibles sur la vidéo en cours de vérification.

Avis de Congo Check à la communauté en ligne de la République démocratique du Congo, de la République centrafricaine, du Congo-Brazzaville et de l'Afrique francophone : Si votre contenu est étiqueté comme faux, partiellement faux, sans contexte, photo ou vidéo retouchée... ne le supprimez pas ! Modifiez-le, avec la mise à jour de l'article de vérification que nous mettons à votre disposition, puis signalez-le-nous ! Ou faites un recours si vous estimez que notre article de vérification ne contient pas suffisamment d'éléments factuels susceptibles d'appeler à la modification de votre contenu. Notre équipe sera alors avertie et procédera au retrait du tag ou vous fournira plus d'assistance dans la compréhension du contexte autour de votre contenu ! En supprimant le contenu, nous ne pourrons malheureusement rien faire de plus et la sanction sera maintenue !

Fiston MAHAMBA
Fiston MAHAMBA
K. MAHAMBA WA BIONDI, connu sous le nom de plume "Fiston Mahamba Larousse" est diplômé en sciences de l'environnement et développement durable à l'Institut Supérieur de Développement Rural à Beni (RDC). Journaliste basé dans la partie Orientale de la République démocratique du Congo depuis 2012, il s'est forgé dans l'exercice de ce métier après plusieurs formations de journalisme à la Deutsche Welle Akademie, le centre de développement médias de la radiodiffusion publique Allemande. En 2018, il s'inscrit à l'École Supérieure de Journalisme de Lille pour parfaire une licence en journalisme multimédia. Ancien officier de communication au sein des Nations Unies, il a un Master2 en Techniques des Métiers de l'Information à l'Université Nazi Boni (Burkina Faso) en coopération avec l’Université Lumière Lyon2 (France). Il a suivi un cursus de Diplôme Universitaire en Journalisme Web Multimédia à l’Ecole Publique de Journalisme de l’Université de Tours en France avant de poursuivre sa formation en recherche à la Haute Ecole des Sciences de l’Information et de la Communication (CELSA) de la Sorbonne Université à Paris. Son livre "RDC-Ebola: Fixers, ces boucliers non immunisés" est en cours d'édition. Journaliste et chercheur spécialisé sur la région orientale de la République démocratique du Congo et les Grands-Lacs africains, ses études se focalisent sur les ressources naturelles, l’extrémisme violent, la santé, les conflits... Ses domaines de travail journalistique sont orientés vers l'environnement, le développement, l'emploi, les nouvelles technologies, l'agriculture, la politique, la culture,... qu'il couvre en écriture et images.

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