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Non, au festival des cadavres les morts ne reviennent pas à la vie

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Une publication mise en ligne   sur   face book fait du buzz autour d’un rituel indonésien appeler « Ma’nene ». Ici les morts sortis des tombes sont nettoyés, habillés. Et les selfies qui vont avec s’invitent à la fête. Ce rituel exotique captive les internautes et divisent en même temps.

Si certains ont compris qu’il s’agit juste là de manifester par des gestes et des symboles, ceux qui ne sont plus là (les morts). En revanche, les plus crédules ont cru que les morts reprennent bel et bien vie dans cet intervalle rituel.  Tant s’en faut ! malgré ces obsèques interminables, le Ma’nene n’est pas un chemin retour à la vie pour les morts.

Jusqu’ à un top de 1711 partages, ce feuilleton indonésien à prêter le flanc à plusieurs interprétations publiées sur la toile .  Par exemple sur la page « La mixture » avec 516 mentions j’aime.  Chargée d’images fantôme peut-on lire : « Insolite , en Indonésie les familles déterrent leurs parents décédés pour passer du bon temps avec eux  ».

Princesse Connasse reprend la publication à sa guise et titre : «  Découvrez cette coutume qui redonne vie aux morts chez les Tora jas  », justifiant sa légende avec des cadavres très habillés .

«  Les morts reprennent vie chez les Tora jas  » ,lit-on dans ce post de Topibuzz. Et les commentaires  fusent dans ce sens.  comme pour dire que le festival des cadavres est un second souffle post mortem.   «  Il faut très vite rejoindre les Tora jas et vivre là bas  » note Camille Millien dans son commentaire.

Gérard à son tour mentionne : «  c’est le retour des morts vivants en temps réel » ,fait-il savoir.

Kibadashi s’en félicite en ces termes : « bravo ! vous avez compris que les morts ne sont pas morts »

Louis Mahunde temporise : «  Respectons la culture des autres  », fait-il mention dans son commentaire

Cette confusion entretenue sur le « Ma’nene a poussé Congo Check a mené des recherches pour savoir ce qu’il en est de cette pratique ancestrale indonésienne assortie de plusieurs interprétations.   

Celles-ci confirment que chez les Tora jas ( un peuple indigène indonésien ) vivant sur l’ile «  Sulawesi  »le Ma’nene y est toujours pratiqué .cependant avec l’influence de l’islam et du christianisme ,certains Tora jas ne célèbrent plus cette tradition ou alors seulement de façon épisodique.  Et  tout au long de cette épopée funéraire aucun cadavres ne revient à la vie , ce n’est qu’un mémorial dédié aux morts.

 En quoi consiste exactement cette pratique ancestrale

Ce rituel est organisé tous les  trois ans au mois d’aout .Il  prend sa source dans les croyances de «  l’Alun To Daro »( la voie des ancêtres) et consiste à se comporter avec les défunts comme s’ils étaient encore en vie.

Ici en effet les corps des proches (cadavres ) sont déterrés , nettoyés, recoiffés  et habillés .  Ces membres encore considérés par les leurs (familles Tora jas ) sont pourvu des fioritures (chapeaux , lunettes solaires voire cigarettes ou parfum)  . A l’occasion ,ces corps momifiés sont promenés et exposés en position verticale autour du village et dans les maisons. Comme s’ils faisaient encore partie de ce monde .On leur raconte des histoires ,on leur prépare des plats ,on les fait danser ,fumer une cigarette dans un esprit joyeux et solennel .

Temps du Ma’nene 

 ce rituel a toujours lieu en aout après la moisson et avant la plantation .Même si les familles sont libres de l’organiser aux dates qu’elles veulent .

Interrogé par l’AFP sur cette pratique , le chef du village de Toréa ,Rahman Badus répond : « Ils honorent leur esprit  afin qu’ils puissent toujours bénir les vivants avec securité,paix et bonheur »renseigne-t-il.

La fête des obsèques durera plusieurs jours ponctués de rituels et des banquets fastueux. Elle se clôture avec le sacrifice des buffles dont le sang est une porte entre les mondes . Les corps mis en cercueil sont ensuite entérrés,placés dans une niche accrochée à flancs de falaise.

Cette approche du Ma’nene perçoit dans le deuil un lien qui se réinvente à la place d’une séparation à acter et crée un lien familier et de proximité avec les morts.

Toutes les cultures se valent

Contrairement aux jugements de valeurs contenus dans les commentaires et avis des internautes  le Ma’nene reste une bonne façon de rendre hommage aux défunts pour que la prochaine recolte de riz soit bonne .

En tout cas, Il ne s’agit pas d’une recette miraculeuse menant à la réapparition des morts , tel qu’établie  par certains internautes . En outre , dire que les morts reviennent à la vie chez les Tora jas. Ceci n’est qu’une figure de rhétorique ( prosopopée) : ici on fait parler et agir une personne qu’on évoque (absent, defunt,animal …). Et dans ce contexte précis du Ma’nene , les cadavres dans leur embellie  sont personnifiés.                                     

   sens profond du Ma’nene

Dans un milieu naturel où les fantômes sont conjurés, Cette tradition peut sembler étrange mais elle permet aux habitants de la région d’apprendre dès leur plus tendre enfance à accepter la mort . Eclairer la lanterne des internautes sur ce point était une nécessité. Cela nous a permis de tirer au clair, les faux contours dans ce post pouvant conduire à une fausse illusion d’un retour à la vie après la mort, la stigmatisation ou l’intransigeance sur la culture des autres .

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Yves Mampuya
Yves Mampuya
Je suis Yves Mampuya, diplômé en hautes études de relations internationales. Je fais mes débuts en tant que journaliste en 2012. relationnel et diplomate je reste passionné du système politique international et des rapports de forces entre les Etats. Blogueur sur le web, j'ai intégré Congo check en 2020.

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