Des publications virales sur les réseaux sociaux dont Facebook accusent la France de piller de l’uranium au Niger, ce pays de l’Afrique de l’ouest qui a connu un coup d’Etat fin juillet 2023. En légende, elles y une photo d’une route au bitume dégradé et prétendent que celle-ci montre la voie par laquelle la France expédie cette matière première. Sauf qu’en réalité, les clichés de l’image remontent à 2018 avec un contexte autre que celui allégué par les internautes.

La page Facebook « Les chroniques de Ballo » atteint la barre de 14.000 followers. Le lundi 04 septembre 2023, elle a mis en ligne une publication qui lit : « Niger : voici l’état de la route par laquelle l’uranium du Niger quitte la région d’Agadez pour être expédié vers la France ». Ce post a jusque-là généré plus de 57.000 mentions « J’aime » aux côtés de 8.303 commentaires et 4.620 partages.

Une publication similaire a été repérée sur la page « Le Bénin (Visita Benin) », elle, qui est suivie par 31.000 personnes.

Il en a été de même sur le compte Facebook de l’internaute « Boukary Blackmix Ouedraogo ».

Ces publications sont commentées par milliers. La plupart sont ceux ou celles qui croient à l’allégation ainsi qu’à l’image qui prétend montrer une route par laquelle « la France expédie l’uranium pillé au Niger ».

« C’est aux africains de se battre pour se développer », réagit l’internaute Abdoulaye Ndiaye. Et à Tshuada Gang de renchérir : « Afrique, réveillons-nous ». Assane Tapsoba Nass regrette également : « Tout simplement triste ».

Une ancienne photo

Les résultats de vérifications entreprises par Congo Check démontrent que l’image associée à la légende qui prétend que « la France pille l’uranium au Niger » en 2023, est ancienne. Son contexte ne colle pas avec l’allégation insinuée.

Une recherche avancée dans le logiciel « Lens » permet de traquer la photo et aboutir à son contexte original. En vrai, l’image a été prise par le photojournaliste Giacomo Zandonini, et fait partie de ses crédits dans cet article mis en ligne le 22 mai 2018, avec ce titre : « Niger : le laboratoire européen des migrations ».

Contacté par l’Agence France Presse (AFP), le photojournaliste Giacomo Zandonini insiste qu’il est bel et bien l’auteur des photos virales sur les réseaux sociaux sous divers contextes.

“Je les ai prises en juillet 2017 à Abalak, au Niger, lorsque je participais à un projet de documentaire. Cette photo [du tronçon d’Abalak] circule sûrement parce qu’il évoque un sujet sensible, notamment pour les Touaregs du Niger”, précisait-il ici.

Controverse autour de l’uranium du Niger

France Info Tv démontre également qu’il est faux d’affirmer que la France pille de l’uranium au Niger depuis le coup d’Etat de juillet 2023.

« Depuis le coup d’Etat, des centaines de compte s’en prennent à la France sur les réseaux sociaux. Est-ce vrai ? C’est factuellement faux, car au Niger, le géant de l’uranium Orano est implanté dans plusieurs sites miniers autour de la ville d’Arlit. Le groupe l’exploite en association avec l’Etat du Niger. Selon un rapport publié par Orano, dans la mine de l’Aïr, la société qui exploite la mine est possédée à 63% par Orano. Le reste appartient à l’Etat nigérien. À ce titre, les autorités locales ont perçu plus de 9 millions d’euros l’année dernière pour cette seule mine », prouve les résultats de démarches dudit média ici. Ces preuves factuels corroborent avec celles de TV 5 Monde ici.

Conclusion : cette photo de plus de 6 ans n’a pas été prise dans le contexte actuel de crise entre le Niger et la France. Cette route n’est pas non plus celle empruntée pour le transport de l’uranium que la France achète au Niger depuis plus de 50 ans.

Start the discussion at verifions.congocheck.net