Fin août, début septembre 2021, une vidéo est devenue virale sur la toile. Elle montre une scène de maltraitance d’un employé ligoté par un chinois, fouet à la main. D’autres personnes sont visibles sur la vidéo et s’expriment en Kinyarwanda (langue parlée au Rwanda, au Burundi et dans la partie orientale de la République Démocratique du Congo).
Les recherches de Congo Check prouvent que la vidéo est authentique, mais n’a pas été tournée en République Démocratique du Congo comme indiquent des publications sur les réseaux sociaux.
“C’est quoi ce comportement barbare des chinois en RDC” se sont indignés des internautes, appelant le gouvernement congolais à annuler les contrats des entreprises minières chinoises en RDCongo. “Il faut traquer ces chinois. Pourtant c’est dans cette forêt luxuriante que se trouve les quartiers généraux des groupes armés rebelles. Nous comprenons donc leurs objectifs maintenant qui est de protéger leurs business” écrit la page Facebook Congo Vox TV, situant la scène en RDC.
Vidéo filmée à Rutsiro au Rwanda
Dans ses recherches, Congo Check a tout d’abord scruté les éléments visibles sur la vidéo: des collines, la langue Kinyarwanda et des inscriptions sur les gilet d’un des agents. Ces indices ont permis aux équipes de Congo Check de restreindre les recherches sur le Rwanda et la partie orientale de la République Démocratique du Congo.
En associant les mot-clés Rwanda et Ali Holding Group visible sur un des habits visibles dans la vidéo, Congo Check a retrouvé les traces de la vidéo, qui a été tournée au Rwanda.
Hudson Wang, conseiller économique et commercial à l’ambassade de Chine au Rwanda indique dans un tweet que la Chine se joint à la République du Rwanda dans les enquêtes sur cet incident.
“Le traitement illégal, volontaire et barbare de quiconque, pour quelque raison que ce soit, avant (y compris « après ») l’intervention de la police est totalement inacceptable et punissable. Le Rwanda est un pays régi par la loi, et le cas isolé sera traité équitablement par la Rwandan Investigation Bureau” écrit le tweet illustré par une image tirée de la vidéo, accompagnée d’un communiqué de presse de la représentation diplomatique chinoise au Rwanda.
Unlawful, self-decided, and barbarian treatment on whoever, for whatsoever reasons, prior to (also including “after”) police intervention is totally unacceptable & punishable. RW is a country ruled by law, and the isolated case will be handled by RW Investigation Bureau fairly. pic.twitter.com/3LT3GPUxoR
— Hudson Wang (@HudsonWang1) August 31, 2021
Plusieurs médias rwandais, citant le bureau d’investigation du Rwanda, rapportent que les faits se sont déroulés dans une mine à Rutsiro, à l’ouest du Rwanda, où la personne maltraitée avait été accusé de vol.
“Deux suspects, dont Niyomukiza Azalias et Ngendahimana Gratien, ont été arrêtés et détenus au poste de police de Ruhango dans le district de Rutsiro, alors que les autorités enquêtent toujours” précise la police rwandaise à un internaute, qui interpelle les autorités rwandaises sur l’incident via son compte officiel Twitter.
L’infox est devenue virale en République Démocratique du Congo pendant qu’il s’observe une vive polémique autour de l’exploitation minière par des ressortissants chinois en République Démocratique du Congo. Une récente documentation de la Radio France Internationale a montré une délégation officielle interdite d’accéder à une concession minière gérée par des chinois. S’en est suivie une saga de mesures de suspension, de levée de ces dernières et d’arrestation d’opérateurs miniers originaires de la Chine dans plusieurs partie de l’Est de la RDCongo.
Les effets de représailles sont courantes en République Démocratique du Congo, où ils sont caractérisés par les attaques voire les pillages de biens de ressortissants de pays desquels un congolais aurait été victime d’actes désobligeant. Le récent cas se démontre par les manifestations suivies de pillages de boutiques de ressortissants indo-pakistanais à la suite de la mort d’un étudiant congolais en garde à vue en Inde.