Jovenel, Nkurunziza et Magufuli : assassinats des Présidents anti-covid ? Méfiez-vous de cette fausse théorie

0
1389

Sur Facebook, plusieurs internautes mettent en avant une théorie de complot autour de l’assassinat du Président haïtien Jovenel Moïse. Selon ces publications, les dirigeants qui refusent de faire vacciner leurs peuples sont lâchement assassinés. L’auteur fait de faux raccordement entre les décès de anciens Présidents burundais, tanzanien et celui du Haïtie. Se targuant d’avoir fait une découverte, il affirme faussement que :

  • Jovenel Moïse était contre la vaccination
  • Que Haïti, le Burundi, la Tanzanie, l’Erythrée et la Corée du Nord n’étaient pas répertoriés dans la base des données « Our word in data »
  •  Que lorsqu’un président refuse de faire vacciner son peuple, il est « assassiné »

Méfiez-vous, toutes ces théories ne sont pas avérées ! Nous allons vous montrer pourquoi.

Sur sa page, Seni Negro, qui se présente comme un producteur de films, dit avoir fait des recherches pour découvrir cette théorie :

« Intrigué par ce drame qui secoue Haïti, j’ai fait mes recherches et j’ai découvert que le Président Haïtien Jovenel Moïse (assassiné à son domicile dans la nuit du 6 au 7 Juillet 2021) était contre les vaccins Covid. Haïti est d’ailleurs parmi les rares pays de la planète à ne pas avoir vacciné un seul de ses citoyens (Vous pouvez aller vérifier).

Puis j’ai découvert que cinq pays n’apparaissent pas sur “Our world in data” section Covid-19. Parmi ces cinq pays il y a :
• Le Burundi de NKURUNZIZA
• La Tanzanie de John POMBE MAGUFULI
• Haïti de Jovenel MOÏSE.

Nkurunziza qui était contre la dictature sanitaire et les faux chiffres de l’OMS a été assassiné avec sa mère.
John MagufuliI qui a démontré l’arnaque des tests PCR et qui était contre les vaccins a été assassiné.
Jovenel Moïse qui a refusé de vacciner son peuple a été assassiné avec son épouse.

Cinq pays dans le monde n’ont pas vacciné leurs populations: La Tanzanie , le Burundi , Haïti, l’Érythrée et la Corée du Nord. Après avoir assassiné les Présidents du Burundi , de la Tanzanie et d’Haïti , ces démons mondialistes s’attaqueront sans doute à Isaias AFWERKI Président de l’Érythrée et Kim Jong Un, Chef Suprême de l’État de Corée du Nord. Lorsque des dirigeants refusent de faire vacciner leurs peuples, ils sont lâchement assassinés. »

Il conclue en ces termes :« Alors, coïncidence ?(…) Non au vaccin des bioterroristes mondialistes chez nous. Je vous prie de copier et de partager à tous vos contacts. Le combat continue. Reposez en paix dignes fils du peuple Noir. »

https://www.facebook.com/seninegro92/posts/1432003890502615

Bizarrement, nous avons retrouvé plus de 5 autres internautes qui, eux aussi, s’approprient le même texte et disent être les auteurs de cette « découverte », comme celui-ci :

https://www.facebook.com/johane.alexie/posts/4080824358691408

et celui-ci :

https://www.facebook.com/daniel.mengarduque.58/posts/843032163285538

Des internautes ont cru l’infox

Parmi les commentaires, plusieurs ont qualifié le post de « pure vérité ». Sadouk Sawadogo va plus loin : « Même pas de coïncidence, c’est prémédité ».

Par contre, certaines autres personnes ont tout de suite balayé d’un revers de la main ces allégations : « Pourquoi vous voulez tout ramener aux occidentaux ? Savez-vous que son mandat est terminé depuis ? Savez-vous que son peuple manifestait pour demander son départ ? Il n’est en rien un héros, il a créé une instabilité sécuritaire dans son pays, vous ne pouvez pas tout voir sur le prisme de la victimisation. », rappelle Bebey Lion.

 Controverse autour du vaccin Astrazeneca

Selon les chiffres officiels, 189 de 194 pays membres de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ont à ce jour lancé des campagnes de vaccination anti-Covid. Le Burundi, l’Erythrée, Haïti, la Corée du Nord et la Tanzanie n’ont toujours pas reçu la moindre dose de vaccin. Retenu dès février pour bénéficier de 876.000 doses d’Astrazeneca, Haïti avait rejeté l’offre. Selon France info, « le refus a été motivé par la ‘mauvaise presse’ du vaccin AstraZeneca, soupçonné de provoquer des caillots de sang » mais également par « manque d’infrastructures adaptées » pour la conservation du vaccin. Face à la hausse des contaminations, les autorités avaient autorisé depuis fin juin l’importation privée des vaccins anti-Covid. Bien avant, soit le 24 mai, le gouvernement, à travers la ministre Marie-Greta Roy Clément de la Santé et de la population, avait dit attendre 130.000 doses d’Astrazeneca et les a reçues le 16 juillet dernier.

La Corée du Nord se retrouve pratiquement dans ce même cas de figure. Dans un premier temps, le pays avait sollicité 1,99 millions de doses du vaccin Astrazeneca dans le cadre du Covax (https://www.lesoir.be/353116/article/2021-02-04/coronavirus-la-coree-du-nord-commande-des-vaccins) avant de faire marche arrière « en raison des inquiétudes sur les éventuels effets secondaires ». Selon l’Agence de presse nord-coréenne Yonhap, le pays de Kim Jong-un, également réticent sur les vaccins fabriqués en Chine, privilégie ceux fabriqués en Russie et espère les obtenir gratuitement.

Cependant, ces deux pays ne sont pas les seuls à avoir récusé Astrazeneca. En mars, 11 pays européens avaient décidé de suspendre ce vaccin. L’Autriche, la Norvège et le Danemark l’ont même définitivement abandonné. Pourtant, les dirigeants de ces pays n’ont jamais été inquiétés.

En Afrique, le Burundi et l’Erythrée hésitent

John Magufuli, le Président tanzanien mort en mars dernier était présenté comme « corona-sceptique » par des médias internationaux. De son vivant, il était certain que « la prière pouvait délivrer son pays du virus ». Toutefois, la Tanzanie n’a jamais nié l’existence du Coronavirus et observe depuis longtemps les mesures-barrières. Lors de leur passage en Tanzanie en janvier dernier, des journalistes de Congo Check ont noté l’implication tanzanienne dans la lutte contre le Coronavirus. La distanciation sociale et le port correct du masque étaient déjà très suggerés dans les espaces publics, les taxis et les hôtels. Et c’était pendant que John Magufuli était vivant. Plusieurs chansons passaient à la radio, encourageants les habitants à respecter les gestes barrières ou se mettre en quarantaine. La Tanzanie a intégré l’initiative Covax depuis avril.

Au Burundi, Pierre Nkurunziza est décédé le 9 juin 2020 suite à un arrêt cardiaque alors que le premier vaccin anti-Covid au monde fut le Pfizer/BioNTech, homologué le 31 décembre 2020, soit plus de 6 mois après. Il n’a donc pas pu émettre son avis sur la vaccination. Le Burundi et l’Erythrée sont les deux pays africains non membres de l’initiative Covax. Le Burundi justifie sa position par le fait que « 90% de malades guérissent ».

Contrairement à ce qu’affirme également le post, la mère de Nkurunziza n’est pas morte. Le 10 juin 2020, soit 24 heures après la mort de Nkurinziza, plusieurs publications avaient donné Domitillie Minani pour morte, ce qu’avait démenti Prosper Ntahorwamiye. « Elle va bien mais elle n’est pas morte », avait déclaré le 11 juin 2020 le porte-parole du gouvernement burundais interrogé par la BBC.

Aussi, les 3 Présidents morts en pleine pandémie n’ont pas été les plus féroces contre l’existence du Coronavirus. Alexandre Loukachenko de la Biélorussie et Jair Bolsonaro du Brésil demeurent les Chefs d’État les plus virulents contre le Coronavirus. Pourtant, ils n’ont jamais été inquiétés.

Enfin, concernant ces 5 pays, Congo Check a visité le baromètre de la base de données « Our world in data » et a constaté que tous y sont inscrit (https://ourworldindata.org/coronavirus-data-explorer ). Selon le dashboard de l’OMS, le Burundi a enregistré 5.804 cas, l’Érythrée : 6.382, Haïti : 19.374 et la Tanzanie 509 cas. La Corée du nord n’a toujours pas rapporté officiellement de cas. (Chiffres du 16 juillet). Selon le comptage de l’AFP, plus de trois milliards de doses de vaccins anti-Covid ont été administrées dans le monde. En RDC, 76.724 personnes ont reçu au moins une dose de vaccin entre le 19 avril et le 10 juillet, date de la suspension de la vaccination dans le pays en attendant l’arrivée de nouvelles doses de vaccin.

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here