Vers la fin du mois de janvier, la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, est passée sous le contrôle de l’AFC/M23.
Le 27 mars, l’internaute Ricky Paluku Kombi a publié sur son compte Facebook une rumeur qui confirme qu’à Goma, le M23 a distribué des jetons demandant aux boutiques d’aller payer une taxe de 200 000 FC à la CADECO/Goma. Après vérification, cette allégation se révèle fausse ; l’AFC/M23 n’a pas demandé le paiement d’un quelconque 200 000 FC.
Cette fausse rumeur n’a pas laissé les internautes indifférents. Se référant aux commentaires, nous réalisons que certaines personnes ont accordé du crédit à cette infox. Prenons le cas de Tusumba Rachel qui dit : “vraiment ils vont faire souffrir les gens. Ce sont eux le grand voleur”. “Que Dieu se souviennent de vous”, déclare Francine Mwasimungu. Et Fabrice Mbusa qui écrit : “ils cherchent aussi l’argent”.
La même publication est partagée par l’internaute Arsene Mwalitcha dans le groupe Facebook “Cheka Sana Unenepe”, un groupe qui compte plus de 188 000 membres.
Pour s’enquérir de la réalité afin d’éclairer le public, nous avons d’abord contacté Ricky Paluku Komba, auteur de cette publication. Nous lui avons demandé la sœur ainsi que la raison qui l’a poussée à la mettre en ligne ; malheureusement, jusqu’à présent, il n’a pas encore réagi.
Une fausse rumeur
Pour savoir si le M23 a demandé a distribué des jetons à chaque boutique demandant à payer une taxe de 200 000 FC à la CADECO/Goma, nous avons contacté Julien Katembo Ndalieni, maire de Goma (régime AFC/M23). Il confie à Congo Check que cette rumeur est fausse.
“Nous avons une taxe unique. Si on vous dit que la boutique paie 200 000 FC, c’est faux. C’est peut-être dans le cadre de l’assainissement, quand on est en train de faire le tour, parce que nous avons les superviseurs, on rencontre par exemple chez-toi à la boutique il y a par exemple des immondices par ici par-là, parce que nous avons développé une politique de réveiller la conscience des peuples congolais… maintenant si on rencontre à votre boutique vous êtes en train de prendre des sachets vous jetez dans un canal qui peut conduire l’eau vers quelque part, on peut te taxer par exemple 50 000 FC ou bien 30 000 FC, pour te faire réveiller ta conscience, les choses comme ça. Mais dire que nous sommes en train d’effeuiller les boutiques, pas encore ; c’est à ce niveau là où nous sommes. Les taxes et les impôts sont orientés au niveau de département des finances, depuis qu’on est ici (Goma), à son tour, pour faire fonctionner, vous savez que les ETD, la ville de Goma est une ETD (Entité Territoriale Décentralisée) donc exerce une certaine compétence ou bien certains privilèges, des choses pareilles, maintenant qu’est-ce qu’on fait ? On va chaque fois nous rétrocéder à la fin du mois. Par exemple pour le cadre des fonctionnements, on donne quelque chose aux fonctionnaires pour qu’il puisse quand même se réjouir. Mais nous sommes en période de guerre, dans le sens que la lutte continue. Ça c’est une révolution, on doit atteindre ses objectifs. Et maintenant on se dit, nous devons quand même décharger la population qui a beaucoup souffert, c’est pourquoi on doit orienter toutes les taxes vers un guichet unique. C’est comme revenue authority, voilà, comme au Rwanda, Ouganda, des choses pareilles. Embrouiller la population avec beaucoup de taxes ; DGI, DGRAD, PME (Petite et Moyennes Entreprises), environnement, … dans ce sens-là, c’est ça la logique des choses, c’est ça la politique”, déclare-t-il
À son tour, Kambale Muisa, boutiquier et membre de l’association de commerçants “APECA/Nord-Kivu”, confirme à Congo Check que cette rumeur sur la prétendue taxe de 200 000 FC exigée à chaque boutique par le M23 n’est pas vraie.
“Cette histoire de taxe de 200 000 FC à verser à la CADECO/Goma, est fausse. Depuis que le M23 est là, nous avons seulement reçu la visite des agents de l’environnement et de la DGI. Les agents de l’environnement contrôlent l’existence, le nombre et la qualité des palettes ainsi que les produits périmés. Les agents de la DGI recouvraient l’Impôt Professionnel sur les Rémunérations (IPR)”, qui revient au même montant qu’on payait avant l’arrivée du M23. Et cet IPR est à déposer au bureau de la DGI”, déclare-t-il.
Pour plus de précision, nous avons aussi contacté le boutiquier Leopold Mbusa, à son tour, il nous confie que le M23 n’a pas exigé une quelconque taxe de 200 000 FC.
“C’est faux, le M23 recouvre l’IPR qui varie d’une boutique à une autre. Franchement, je ne suis pas au cœur de cette histoire d’une taxe de 200 000 FC à verser à la CADECO”, déclare-t-il à Congo Check.