La crise sécuritaire qui sévit près de Goma n’arrête pas de se faire accompagner des fausses informations. La cité de Bunagana est sous occupation du groupe rebelle M23 depuis plus d’un mois. Sur Facebook, la page « Liberté News » affirme que Kinshasa a accepté de dialoguer avec cette rébellion à condition qu’elle se retire de Bunagana. L’auteur de la publication cite comme source le média public allemand (Deutsche Welle). Cette information est fausse, concluent les recherches de Congo Check, qui a contacté la cellule de communication de la Présidence de la République Démocratique du Congo, le porte-parole du mouvement rebelle M23 ainsi que la rédaction Afrique francophone de la Deutsche Welle.
« Combats FARDC-M23 : Kinshasa accepte de dialoguer avec le M23 à condition que les rebelles se retirent d’abord de Bunagana pour leurs anciennes positions, les collines de Chanzu et Runyoni (DW) », publie-t-elle.
Il n’y a pas que cette page qui a publié cette fausse information. L’infox est devenue virale à tel point qu’elle a été reprise sur d’autres pages Facebook voire twitter.
Des internautes dupés
De nombreux internautes ont cru à cette infox. La plupart ont estimé que le dialogue entre le gouvernement congolais et le groupe rebelle relève « une faiblesse notoire». « Faiblesse notoire de la part de nous congolais. Comment peut-on négocier avec des étrangers qui occupent notre territoire illégalement ? », s’est interrogé Olivier Makiriro. Et à Eric Djumah Silanga de se lamenter : « Nous sommes découragés maintenant. Un grand pays comme la RDC incapable de faire déloger les rebelles rwandais et ougandais de Bunagana ? C’est impossible. Où est l’importance de soutenir alors notre pays ? ». Robert Masende, lui, parle « d’un manque d’un leadership au sommet de l’Etat».
Dans sa mission de débusquer les fausses informations sur les réseaux sociaux, Congo Check a pu contacté conjointement la cellule de communication de la Présidence de la République démocratique du Congo, le porte-parole du M23 ainsi que le Rédacteur en Chef du média allemand Deutsche Well qui a été cité comme source de l’infox. Toutes ces sources ne confirment pas l’infox.
La Présidence de la RDC dément
D’après Tina Salama, porte-parole adjoint de Félix Antoine Tshisekedi, président de la République Démocratique du Congo, il n’y aura pas de dialogue entre le gouvernement congolais et le groupe « terroriste » du 23 Mars.
« Non, c’est faux ! Le président ne va pas négocier avec ce groupe terroriste », répond-t-elle à Congo Check via la messagerie WhatsApp.
La Deutsche Welle (DW) n’a pas informé que Kinshasa est prêt à dialoguer avec le M23
Les auteurs de cette publication ont cité le média allemand Deutsche Welle comme source de l’information. Ce qui a attiré l’attention de Congo Check qui a consulté les articles des plateformes dudit média sans retrouver une seule publication où il affirme que « Kinshasa va négocier le M23 à condition de se retirer de Bunagana ». C’est dans ce sens que Congo Check est entré en contact avec Zanem Nety Zaidi, correspondant de DW au Nord-Kivu. De par son concours, nos équipes ont pu décrocher la réaction du rédacteur en chef de la Deutsche Welle, qui insiste que son média n’a jamais diffusé une telle information.
« Non, ce n’est pas nous. On a donné la parole hier au porte-parole du M23 mais c’était pour le faire réagir aux accusations HRW », réagit à Congo Check Jean-Michel Boss, rédacteur en chef de DW.
Enfin, Congo Check est entré en contact avec le porte-parole du M23 présenté comme groupe « terroriste » par le gouvernement congolais. Pour le Major Willy Ngoma, son mouvement n’est pas encore informé d’un quelconque dialogue avec le gouvernement congolais. « Je ne connais rien. Le M23 n’est pas informé de ça », précise-t-il à Congo Check.
Il y a peu, Kinshasa a dépêché une délégation à Kampala (Ouganda) pour rencontrer le président Yoweri Museveni dans le cadre des actions diplomatiques que mène le gouvernement congolais en vue de trouver de solution au conflit déclenché par les rebelles de M23 dans l’Est de la RDC. Des internautes ont largement critiqué l’envoi de ladite délégation en Ouganda. Le lundi 18 juillet dernier, le porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, a tenu à s’exprimer quant à ce. Selon lui, c’est sur demande de Museveni que la délégation congolaise conduite par le minstre Alexis Gisaro s’est rendue à Kampala, et que Kinshasa s’en tient au processus de Nairobi.
Avec la situation sécuritaire précaire dans l’Est de la République démocratique du Congo, il est évident de remettre en doute certaines publications sur les réseaux sociaux. Car, certaines gens profitent de la crise pour mener une guerre médiatique, privilégiant ainsi des intox, afin de désorienter l’opinion. Soyez attentifs et ne vous laissez pas tromper !