Depuis le 1 septembre dernier, des publications Facebook affirment que quatre-vingt (80) personnes ont été tuées par les combattants d’Allied Democratic Forces (ADF), lors de l’attaque contre un convoi sécurisé par l’armée et la Monusco à la hauteur de Ofay, dans le territoire d’Irumu, en province de l’Ituri. Cette infox apparaît pour la première fois sur le compte Facebook de Fadjos Kis avant d’être relayée par le député provincial du Nord-Kivu, Promesse Matofali qui avance par contre un bilan aussi lourd de près de 12 civils tués. Méfiez-vous, il s’agit d’une fausse information.
« 80 personnes tuées dans la récente attaque contre un convoi en Ituri », affirme la publication sur le compte Facebook de Fadjos Kis.
« État de siège en échec dans le Nord-Kivu et Ituri : bilan de l’attaque du convoi fait état de près de 13 morts, 80 civils enlevés et 16 véhicules incendiés sur l’axe-routier Luna-Komanda. Mettons- nous et sauvons ce qui reste! », note le post du député provincial Promesse Matofali partagé 43 fois.
État de siège en échec dans le Nord-Kivu et Ituri : Bilan attaque du convois près de 13 morts, 80 enlevés et 16 véhicules incendiés sur l’axe-routier Luna-Komanda. Mettons- nous et sauvons ce qui reste!
Publiée par Promesse Matofali Yonama sur Mercredi 1 septembre 2021
Sur le compte Facebook du député, l’infox a été largement gobée par les internautes. Depuis sa publication le 1 septembre, elle a généré 128 mentions j’aime et 147 commentaires. Plusieurs internautes ont exprimé leurs vœux de se prendre en charge suite à la répétition des tueries dans la zone :
« Faites tout le moyen de réunir tous les Nande dans chaque ville partout où ils sont, surtout ceux de Beni, Butembo et Goma. Nous devons nous réunir, il faut sauver ce qui reste et si c’est pour nous faire des armes nous sommes prêts ,nous devons en finir avec ses bizarreries », commente Jérémie Kitobya. A Fortune Muluhirwa d’asséner : « On devrait permettre aux civils de porter les armes dans les zones rouges. Cette armée dans sa configuration actuelle ne peut jamais sécuriser l’Est », note t-il.
Plusieurs sources démentent cette information
Au vu de l’ampleur qu’a pris cette infox, Congo check a contacté les sources officielles et plusieurs sources indépendantes de la région.
Abordée en premier, l’armée parle d’une fausse information : « Ce sont des mensonges. Il a eu plutôt 4 morts côté civil, 13 voitures incendiées qui constituaient une colonne, un gros véhicule endommagé qui stationnait sur place qui a aussi pris feu et un autre gros véhicule brûlé », explique le capitaine Jules Ngongo, porte-parole militaire en Ituri.
Même réaction du côté de la Mission de l’ONU en RDC, qui affirme avoir fait un décompte de quatre morts seulement.
« Au niveau de la Monusco, nous avons enregistré 4 morts plus 18 véhicules brûlés », répond à Congo check, Mathias Gillman, porte-parole de la Monusco.
Des journalistes locaux confirment aussi le bilan de quatre civils tués lors de cette attaque contre le convoi sécurisé : « La récente attaque de convoi a fait 4 morts avec plusieurs disparus et 16 véhicules incendiés », témoigne Jorkin Pituwa, journaliste basé en Ituri.
Contexte
Mercredi 1 septembre, un convoi sécurisé par l’armée et la Monusco avait été attaqué par les combattants d’Allied Democratic Forces (ADF) , dans la localité de Ofay, sur la route nationale numéro 4, en province de l’Ituri. Le convoi venait de quitter le centre de négoce de Komanda pour se diriger vers Luna, sur la route nationale numéro quatre (RN4). L’escorte était composée d’une centaine de véhicules et des camions. Il y avait aussi des motos. Dans cet incident, au moins 60 civils étaient pris en otage avant d’être relâchés. Suite au regain de violence sur ce tronçon, l’armée et la Monusco organisent depuis le 7 août des convois sécurisés de véhicules civils.