Une vidéo devenue virale sur la toile ces derniers jours en République démocratique du Congo, montre le cratère principal du volcan Nyiragongo vide, sans aucune présence des magmas. Pour autant, cela ne veut pas dire que le Nyiragongo s’est éteint, contrairement à ce qu’affirment certaines publications partagées sur les réseaux sociaux.

« Goma : nous apprenons que le volcan Nyiragongo s’est étaient. Une information non encore confirmée par l’OVG », lit-on notamment sur la page Facebook de Ronely Ntibonera journaliste. Une mésinformation partagée par ce journaliste Congolais aux 12.000 personnes abonnées sur sa page.

https://www.facebook.com/348778701897424/posts/4187288851379704/?app=fbl

Des internautes non dupés par l’infox

Sur la plupart des publications, Congo Check remarque que des internautes qui ont commenté ne se sont pas laissés dupés, détectant qu’il s’agit d’une fausse information.

C’est de cas Claude Muhanzi ou encore et Junior Graciel Musaf, qui ont respectivement commenté : « Fausse information le volcan éteint n’existe plus. Le volcan est dormant pour dire même après 50 ans il peut être en éruption » ; « Ça ne s’est pas éteint Monsieur le Journaliste. Ça a diminué juste son volume. À chaque éruption le volcan doit diminuer la puissance des magmas se trouvant dans le cratère. Mais avec le temps ça va encore chauffer ».

D’autres par contre ont jubilé, pensant que la vidéo qui montre le cratère vide, signifie que le volcan s’est éteint : « C’est-à-dire quoi ? Donc il est mort ? Il ne pourra plus nous inquiéter ? », s’interroge Atkan Kamathe.

Le Nyiragongo est toujours une menace

Signalé par des internautes, Congo Check a contacté les experts en la matière, pour savoir ce qu’ils en pensent et a aussi mené une documentation sur l’état du volcan Nyiragongo après les éruptions antérieures.

D’abord, Congo Check a contacté le directeur scientifique de l’Observatoire Volcanologique de Goma (OVG), celui-là même qui a aussi vécu l’éruption volcanique de 2002. Kasereka Mahinda précise qu’à ce jour, il n’y a aucune chance, pour que le Nyiragongo soit déclaré éteint.

« D’une manière traditionnelle, le volcan a trois parties. Nous avons le réservoir : pour notre cas ici, le réservoir primaire se trouve entre 10 et 30 kilomètres. La deuxième partie, c’est la cheminée : la cheminée communique avec le cratère, la cheminée c’est comme un tuyau. Ensuite nous avons le cratère. Alors, le réservoir primaire pompe à travers la cheminée, des magmas vers la surface, la surface c’est le cratère, qui est en suspension. Les magmas poussent, et quand ils poussent, ça monte vers le cratère, mais si la cheminée est bouchée, ça sort par les fractures. Le volcan ce n’est pas seulement le cratère que vous voyez là-bas. Il s’agit là du réservoir secondaire qui est vide et nous comme scientifiques, cela nous intéresse moins », explique à Congo Check, Kasereka Mahinda Célestin, directeur scientifique de l’OVG.

Il s’appuie également sur l’historique, pour inviter la population à n’est pas s’enflammer. « Le cratère est vide, mais c’est un processus normal après chaque éruption. En 1977, c’était la même chose, la lave est réapparue 5 ans après l’éruption. L’éruption avait eu lieu le 10 janvier 1977 et la lave est réapparue en juin 1982. En 2002, la lave est réapparue dans le cratère 4 mois après l’éruption. Alors en interne, nous sommes en train de regarder ce processus, nous suivons de près ce mouvement, et comment ça va faire une nouvelle alimentation » renchérit-il.

Pour y voir encore un peu plus clair, Congo Check est entré en contact avec un vulcanologue indépendant, qui s’intéresse aux volcans Nyiragongo et Nyamulagira, dans la chaine volcanique des Virunga.

Il s’agit de Benoît Smets, chercheur du Musée Royal d’Afrique Centrale. Il précise qu’il faut plusieurs milliers d’années d’inactivité après la dernière éruption pour qu’un volcan soit déclaré éteint. Encore que cela dépend des réalités environnementales d’un pays à l’autre.

« Il représente toujours une menace, mais disons que pour l’instant avec l’éruption qui s’est produite, toute la lave qui était proche de la surface s’est étanchée et donc, on est dans une phase qui moins dangereuse que celle avant l’éruption. Généralement on parle d’un volcan actif, quand la dernière éruption s’est produite dans les 10 derniers milliers d’années, donc on part à une autre échelle, il n’y a pas d’échelle géologique, car un volcan qui est entré en éruption il y a 1.000 ans est toujours considéré comme un volcan actif, même il y a 9.000 ans, même il y a 10.000 ans, voilà on considère que le volcan est encore actif. Il faut savoir que le Nyiragongo et le Nyamulagira sont les volcans les plus actifs d’Afrique, maintenant il faut d’attendre à ce que les activités éruptives dans les Nyiragongo reprennent dans les dizaines d’années qui viennent, ça c’est sûr », souligne Benoît Smets, joint au téléphone par Congo Check.

Ces précisions sont aussi corroborées par le géochimiste, Charles Balagizi sur son compte Twitter : « C’est vite aller en besogne, de dire que le Nyiragongo est éteint ».

Ce dernier exhibe les images montrant les précédents événements, qui montrent que le cratère se vide après chaque éruption.

Pourquoi l’infox était nuisible

Les journalistes de Congo Check vivant à Goma, ont comme tout le monde, vécu l’éruption du 22 mai 2021 et pendant que les habitants procédaient à l’évacuation de la ville, plusieurs fausses informations qui circulaient, ont créé d’une part de la panique et d’autre part, un sentiment de méfiance envers les autorités, pendant la gestion de cette crise.

Alors, 3 mois après l’éruption, de fausses informations sur le volcan continuent de circuler, et ont souvent tendance à manipuler l’opinion publique en créant une forme d’assurance. Si cette fausse information propagée même pas des journalistes n’était pas prise en charge, l’opinion aurait retenu que le volcan est déjà étaient et sachant que la crise humanitaire persiste, avec notamment des sinistrés toujours sans abri, certains prendraient le risque de construire au dessus de la lave, alors que les autorités l’ont formellement interdit étant donné que des matières volcaniques dont le gaz et des cendres toxiques sont toujours dans l’air.

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