Les pages Facebook et Twitter menant la propagande de la rébellion du mouvement du 23 mars (M23) ont publié une serie des photos montrant des combattantes actives dans une brousse. Elles attribuent ces clichés aux femmes qui se sont engagées dans les rangs du M23. Les vérifications menées par Congo Check attestent que ces photos ont été prises en Éthiopie et montrent les combattantes de l’Armée de Libération d’Oromo [OLA].

“J’insiste, si vous le permettez, Jean-Marc Chataigner: comment ces M23 agressent ils? Pour quelles raisons ces combattantes que vous voyez ici seraient-elles des agresseurs. Qu’est ce qui ferait qu’elles quittent leurs occupations pour aussi porter une arme pour agresser qui?” s’interroge le journaliste Albert Rudatshimburwa, basé à Kigali et qui s’est déjà rendu dans les zones conquises par la rébellion pour y mener des reportages. En illustration, Albert mets des photos similaires à celles en cours de vérification.

La légende “nous sommes rentrés à la maison” accompagne une vidéo publiée sur Twitter par la page Lionne de Sarambwe (sobriquet utilisé pour désigner les combattantes du M23). Elle est une compilation des photos de femmes militaires de l’armée de Libération d’Oromo.

Des images usurpée depuis de comptes sympathisants de l’OLA

Les recherches par images inversées menées par Congo Check (vous pouvez aussi vérifier toute image suspecte en cliquant ici) renvoient aux résultats essentiellement basées en Éthiopie. Elles viennent des comptes et profils mettant en avant les femmes engagées dans l’Armée de Libération d’Oromo.

À titre d’exemple, la page Facebook OLA Post créée le 21 août 2021, qui compte 241 followers publie exclusivement du contenu de cette rébellion éthiopienne.

Congo Check a retrouvé sur la centaine de contenus multimédia publiée par ce compte, des clichés présentés comme ceux prises en RDC et montrant les “lionnes de Sarambwe”.

Cette image par exemple a été publiée par OLA Post le 6 septembre 2023 et récolte plus d’un million de likes et plusieurs milliers d’impressions. Elle a pour légende: “Des combattantes d’Oromo”.

En consultant la transparence de la page OLA Post sur Facebook, Congo Check constate qu’elle est gérée par 6 administrateurs, qui résident tous en Éthiopie.

Allié aux rebelles tigréens du TPLF, l’Armée de libération oromo (OLA), dirigée par Jaal Marroo, menacait il y a deux ans de marcher sur Addis-Abeba. Jeune Afrique s’interrogeait dans un article publié en novembre 2021 si la convergence des luttes entre ces deux groupes rebelles aurait-elle raison du gouvernement éthiopien.

L’utilisation de ces images en République Démocratique du Congo est accentuée par une serie de propagandes que mènent les sympathisants de la rébellion du M23 d’une part et ceux de l’armée congolaise. Ces personnes passent souvent par la création de faux comptes et profils afin de pomper les réseaux sociaux des contenus ventant les prouesses des armées qu’elles soutiennent sur les lignes de front. Malheureusement, plusieurs de ces données ne sont pas authentiques et les faits sont produits parfois loin du territoire congolais.

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Fiston MAHAMBA
K. MAHAMBA WA BIONDI, connu sous le nom de plume "Fiston Mahamba Larousse" est diplômé en sciences de l'environnement et développement durable à l'Institut Supérieur de Développement Rural à Beni. Journaliste basé dans la partie Orientale de la République Démocratique depuis 2012, il s'est forgé dans l'exercice de ce métier après plusieurs formations de journalisme au Deutsche Welle Akademie, le centre de développement médias de la radiodiffusion publique Allemande. En 2018, il s'inscrit à l'École Supérieure de Journalisme de Lille pour parfaire une licence en journalisme multimédia. Ancien officier de communication au sein des Nations Unies, il poursuit un Master2 en Techniques des Métiers de l'Information à l'Université Nazi Boni (Burkina Faso) /Université Lumière Lyon (France). Son livre "Ebola: Fixers, ces boucliers non immunisés" est en cours d'édition. Journaliste et chercheur spécialisé sur la région orientale de la République Démocratique du Congo et les Grands-Lacs africains, ses études se focalisent sur les ressources naturelles, la santé, les conflits... Ses domaines de travail journalistique sont orientés vers l'environnement, le développement, l'emploi, les nouvelles technologies, l'agriculture, la politique, la culture,... qu'il couvre en écriture et images.

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