Une histoire digne de compassion est racontée sur Facebook. Il s’agit d’une grand-mère qui, suite à la situation de guerre difficile à Goma, est obligée de régler les arrières des frais scolaires de ses petits-fils inscrits au secondaire, à l’aide de son petit commerce de vente des poules. Cette publication virale a éveillé la compassion et la pitié de beaucoup d’internautes. Pourtant, les faits ne se sont pas déroulés à Goma, mais plutôt, au Kenya, dans la municipalité de Homa Bay, le 15 mai dernier. C’était dans l’école secondaire mixte de Adiedo.
Cette histoire devenue virale sur les réseaux sociaux lit : « Guerre dans l’est de la RDC : par manque d’argent et les clients pour acheter ses poules afin de payer les frais scolaires pour ses enfants, un parent se dirige à l’école pour demander l’échange de ses poules pour l’éducation de ses enfants. A la direction de l’école d’apprécier. Toutefois, le parent est de bonne volonté ».
Ces différentes pages ( 1 , 2 , 3 , 4 ) ont publié cette histoire et ont recueilli une centaine de réactions.

Ce qu’en ont pensé les internautes
Dans les commentaires, plusieurs internautes ont manifesté leur pitié et se sont attaqués aux différents protagonistes de la guerre qui sévit dans l’est de la RDC. D’autres internautes par contre affirmaient que c’était au Nigéria, et non à Goma.
Un événement qui s’est déroulé au Kenya
Comme la publication ne cessait de gagner en audience, Congo Check a d’abord recouru à des outils de vérification par images inversées, plus spécifiquement, reverse images search avec Google. La conclusion fournie prouve que la scène se passe plutôt au Kenya et non à Goma.
Dans la municipalité de Homa Bay, un parent de l’école secondaire mixte Adiedo a apporté six poulets à l’école pour réduire les frais scolaires de 245 000 shillings de ses enfants. Consolata Aoko Oduya, grand-mère et tutrice de Mitchell et Hillary, les deux élèves, fournissait chaque poulet à 1000 shillings pour réduire les arriérés des frais scolaires.

L’un de ses enfants avait une dette de 105 mille shillings et l’autre 140 mille shillings.
Cette nouvelle avait tout d’abord était relayé par NTV News, un grand média kényan, qui avait lancé un appel à l’aide, sur ses réseaux sociaux le 15 mai dernier. Leur publication avait gagné plus de 54 000 réactions, dont certaines des influenceurs kenyan, comme Éric Omondi, un humoriste kényan.
L’impact de cet appel à l’aide
A son tour, Eric Omondi a relayé cette appel à l’aide sur ses réseaux sociaux et a lui-même assisté cette famille comme on peut le voir sur ses images et cette vidéo partagées sur son compte Facebook.
La gratitude des bénéficiaires en anglais, la langue officielle du Kenya
Congo Check a tenté de joindre Eric Omondi et l’école secondaire où étudie ces deux élèves mais malheureusement, jusqu’à présent, il n’y a pas encore de suite. Cependant, nous sommes arrivé à trouver l’interview du responsable de cette école secondaire mixte, où il remercie les efforts fournis par différents donateurs qui ont réagi à cet appel à l’aide.
Les bénéficiaires, à savoir la grand-mère Consolata Aoko Oduya et ses deux petits-enfants n’ont également pas manqué d’exprimer leur reconnaissance, d’abord en kiswahili, puis en anglais, la langue officielle au Kenya. Ces deux langues ne sont pas souvent d’usage dans les écoles secondaires à Goma, sauf durant des heures spécifiques.
Un contexte appuyé par d’autres sources fiables
Ce même contexte est repris par différents autres canaux et bien sûr, plusieurs d’entre eux sont très suivis. Grâce à cette initiative solidaire, les deux élèves, prénommés Mitchell et Hillary, ont été inscrits à un programme de bourse, administrée par la gouverneure Gladys Wanga de la municipalité.

Intervention de la Gladys Wanga en faveur de ces deux élèves fait le 17 mai 2025 (capture d’écran de Congo Check)
Aucune école dénommée Adiedo à Goma
En outre, nous avons échangé avec Bisimwa Jean-Paul, inspecteur chef de pool Goma, qui a dit n’est pas être au courant d’un tel cas dans sa gestion.
« Dans le pool de Goma, nous n’avons enregistré aucun cas pareil. Aucun chef d’établissement ne m’en a parlé », affirme-t-il dans un échange accordé à Congo Check.
Dans un forum des chefs d’établissement de la ville de Goma, aucun témoignage n’a corroboré avec les faits présentés dans les publications facebook en vérification. Aucun chef d’établissement n’a également dit avoir enregistré ce cas, bien que plusieurs déplorent le paiement compliqué des frais scolaires par les parents d’élèves suite à la conjoncture économique difficile dans la ville de Goma.
Enfin, il n’y a aucune école dans la ville de Goma dénommée Adiedo. Inspecteur Principal provincial adjoint, Kampara Césaire nous l’a quant à lui certifié.
« Je ne connais aucune école dénommée Adiedo ici à Goma », nous a-t-il dit à son bureau.
La conjoncture économique, la guerre et même la guerre informationnelle continuent à nourrir les réseaux sociaux de plusieurs fausses informations, dans le but de manipuler et parfois de salir l’image d’un adversaire.