Mécontents d’avoir perdu certains avantages pourtant acquis à l’issue des négociations, les professeurs d’universités, le personnel administratif et d’appoint déclenchent leur mouvement de grève dès ce lundi 19 février 2018 sur toute l’étendue de la République. Pour bon nombre d’analystes, la grogne ne fait que commencer.
Le corps scientifique, académique ainsi que le personnel administratif entrent un mouvement de grève dès ce lundi 19 février prochain. A travers le déclenchement de cette grève, le personnel de l’enseignement supérieur et universitaire protestent contre la fixation du taux de change à 920 francs congolais pour un dollar américain, applicable aux guichets pour le paiement des frais académiques.
Dans une correspondance adressée le 15 février au ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire (Esu), Steve Mbikayi, le comité exécutif du Collectif syndical des corps académique, scientifique, administratif, technique et ouvrier de l’enseignement supérieur et universitaire exige l’annulation pure et simple de la note circulaire n°019 du 20 janvier 2018, relative au paiement des frais académiques au taux de 920 francs congolais le dollar. Le collectif invite le Chef de l’Etat d’user de ses prérogatives constitutionnelles en remplaçant l’actuel ministre de tutelle par un autre congolais « plus compétent et moins conflictuel ».
« Pour les raisons contenues dans cette dernière et pour d’autres que nous ne pouvons pas évoquer par respect des principes éthiques, nous vous informons que notre collectif décrète une grève générale sur toute l’étendue de la République dès ce lundi 19 février 2018 », indique la correspondance.
A l’enseignement supérieur et universitaire, le mécontentement a commencé depuis la publication par le ministre de tutelle, de la note circulaire n° 019 du 20 janvier 2018, fixant le taux de paiement des frais académiques à 920 francs congolais le dollar. Une décision jugée unilatérale et prise dans des conditions un peu plus alarmantes. Pour le personnel académique, scientifique et administratif, la circulaire de Steve Mbikayi vient fouler aux pieds les accords de partenariat que chaque institution universitaire a conclu au début de l’année académique dans le cadre de paiement des frais académiques et frais connexes.
Tout est parti des troubles qui ont éclatés à l’Université de Kinshasa (Unikin) le 23 et le 24 janvier 2018. Les étudiants revendiquaient la libération de trois de leurs camarades arrêtés la veille par les forces de l’ordre. Profitant de cette situation, ils ont ajouté comme deuxième revendication, la réduction du taux applicable au paiement des frais académiques.
« D’où lui est venu ce taux qu’aucune banque de la place n’applique ? Le taux budgétaire applicable à la Banque centrale du Congo est de 1425 francs congolais le dollar américain. Quel mépris à l’égard du personnel de l’enseignement supérieur et universitaire dans son ensemble ? », s’est interrogé le collectif du personnel académique et administratif.
Et d’ajouter : « A lire ladite circulaire, elle présente de nombreuses contradictions. D’un côté, elle dispose que les frais académiques et autres frais connexes sont fixés en dollar et payable en francs congolais. De l’autre, elle décide que le taux des frais à acquitter par tous les étudiants de l’Esu sur toute l’étendue du territoire national restent les mêmes que ceux de l’exercice précédent et ce, jusqu’à nouvel ordre… ».
L’enseignement supérieur et universitaire étant un ministère d’excellence, les signataires de la correspondance estiment que sa gestion doit être confiée à un homme tempéré, m modéré, compétent, réfléchi et coopératif. Ce qui, selon eux, n’est pas le cas. Ils dénoncent le fait que le ministère soit géré comme une boite sans statuts ni règlements.
« Le ministre de l’Esu n’est pas à sa première bêtise politique. D’aucuns se rappellent qu’au lendemain de sa nomination, il a pris un arrêté destituant le comité de gestion de l’Institut supérieur de commerce (ISC) pour le remplacer par un groupe d’hommes de son clan. Il a fallu la rigueur du Premier ministre pour que son arrêté soit abrogé. La même situation risque de se répéter car le personnel de l’Esu ne jure que sur ses avantages acquis qui ne peuvent pas être aliénés sans trouver une solution de rechange », a fustigé un professeur qui a requis l’anonymat.