Au Cameroun, l’EMI pour contrer la désinformation diasporisée

Invitée aux assises du journalisme de Tours 2023, Gaëlle Itongo a participé aux moments phares du pitch et à la remise des prix EMI (Éducation aux Médias et à l’Information). Eduk Média, ce projet qu’elle représente a remporté le trophée Sud de la Méditerranée, qu’elle a ramené avec une nouvelle énergie pour renforcer sa lutte contre la désinformation en collaboration avec ses collègues, restés au Cameroun.

Cette après-midi du 28 mars, journée d’ouverture des assises du journalisme de Tours, au coin de la salle Gongazue de l’immeuble Mame à Preuilly, Gaëlle Itongo, coordinatrice d’Eduk Média France est inquiète. Son ordinateur en mains elle tapote sur son clavier, visage renfrogné afin de jouer la vidéo qui doit accompagner la présentation du pitch, d’Eduk Média, l’un de projets finalistes du prix EMI 2023 de cette 16ème édition. “Gaëlle, tu vas le faire sans présentation vidéo” lui rassure la modératrice, qui l’invite à prendre parole. 

Timide en introduction, Gaëlle prend de la chaleur en présentant le projet “Caravane EMI 237”, ce projet qu’elle décrit comme l’éclaireur de l’opinion camerounaise pour distinguer le vrai du faux. 

Échanges de contact avec les autres participants, récolte des annonces et affiches dans les stands qui bordent les allées de l’immeuble Mame, Gaëlle se dirige vers les studios radios installés au centre de la bâtisse. « La photo d’illustration, vous pouvez me la prendre devant le micro de la radio. Le lieu représente notre travail de sensibilisateurs de la communauté notamment via les médias » tacle ce fan des photos, affichant un grand sourire devant ces micros peints aux couleurs de la Région Centre Val de Loire. 

À l’intérieur de l’auditorium, l’annonce des prix EMI se met en place. Sur le podium, Émilie Tardif, directrice déléguée de TV Tours et son équipe montaient sur une haute table les trophées à remettre aux lauréats. Prise d’impatience, Gaëlle connectée sur un forum WhatsApp avec ses collègues basés au Cameroun restent tenus par le suspens.

Après une succession de proclamations de premiers lauréats, Caravane Eduk Média, le projet représenté par Gaëlle Itongo est annoncé gagnant de la catégorie Sud Méditerranée par le jury représenté par Sébastien Olland, journaliste à Brut. 

Europe: chocs dans les familles africaines aux parents exposés à la désinformation diasporisée

Gaëlle, qui reçoit le prix avec des mains qui tremblent de joie assure qu’un choc se produit dans les familles camerounaises basées en France. Les enfants issus de ces ménages sont encadrés par l’école française. « Ils reçoivent des bases solides en éducation aux médias et à l’information à école. Rentrés à la maison, ils sont avec de parents, qui sont atteints par les vidéos des YouTubeurs, les théories de complot distillés sur les réseaux sociaux. Cet environnement minimise les chances d’évolution de l’EMI dans cette catégorie spécifique » s’indigne Gaëlle.

Très suivies par plusieurs internautes de la diaspora, ces informations sont à la base des troubles au pays incités par ce discours. « C’est ainsi que nous avions pensé à Eduk Média France, une initiative qui débusque les idées reçues, la manipulation d’information, la propagande… diffusés sur internet ».  

“Nous avons apprécié le travail de Al Khatt et de la Fondation Samir Kassir. Ce qui nous a unanimement ramené vers Eduk Média, c’est le travail exceptionnel fait au Cameroun avec des enjeux importants. Particulièrement, nous travail de Al Khatt et de la Fondation Samir Kassir. Ce qui nous a unanimement ramené vers Eduk Média, c’est le travail exceptionnel fait au Cameroun avec des enjeux importants. Particulièrement, nous avons trouvé le travail d’EMI sur et avec les médias, très innovant et très différents des autres travaux proposés” raconte Laurent Giacobino, directeur Méditerranée-Asie à Canal France International, qui a parrainé le prix.

Des refus de visas à la base d’imprévus

À la question de décrire la crainte qu’elle affichait lorsqu’elle devrait défendre son pitch devant l’assemblée, Gaëlle Itongo, se défend du fait qu’elle qui vit actuellement en France et ne sentait pas mieux placée pour parler de cet énorme travail de terrain fait au Cameroun. « Malheureusement, je n’avais pas de choix car mon collègue Blaise Pascal Andzongo n’a pas reçu de visa. Au-delà de cet obstacle, je voulais que le public regarde la vidéo pour apprécier le travail que font mes collègues absents sur terrain, mais sans succès » regrette Gaelle, rappelant qu’elle aussi maman au foyer. 

Le refus des visas aux participants n’a pas été un cas isolé pour Eduk Média. Des délégations ont mentionné ces contraintes. Al Khatt en Tunisie a par exemple indiqué que les rendez-vous sont devenus très rares à la représentation diplomatique de la France à Tunis. Pour participer aux Assises qui se déroulent fin mars, début avril, ces participants n’ont reçu des rendez-vous qu’en juin prochain, rendant impossible leur participation physique. Coup de magie technologique, des visions conférences ont permis aux absents de présenter leurs panels.