Dans le contexte actuel de crise sécuritaire dans la région est de la République Démocratique du Congo, où les rebelles du M23/AFC ont conquis plusieurs localités et dont on suppose bénéficiaire du soutien rwandais, une publication sur Facebook attribue au président burkinabé Ibrahim Traoré des propos selon lesquels il remet en question l’inaction de Félix Tshisekedi face au Rwanda. Cette publication prétend également qu’il s’interroge sur le silence des généraux de l’armée congolaise quant à la déclaration d’une guerre officielle contre le Rwanda et promet un soutien militaire à la RDC. Il est important de noter que ces propos n’ont jamais été prononcés par Ibrahim Traoré. Nos recherches indiquent qu’il ne s’est jamais exprimé sur la guerre entre la RDC et le Rwanda.
« Actualité internationale. Le capitaine Ibrahim Traoré président du Burkina Faso , soucieux de la situation sécuritaire en République Démocratique du Congo, interpelle les généraux de l’armée congolaise : “Pourquoi, jusqu’à présent, aucune déclaration officielle de guerre n’a été faite contre le Rwanda ? Il affirme que le Burkina Faso est prêt à soutenir militairement la RDC, mais s’interroge sur l’inaction du président Félix Tshisekedi : “A-t-il peur des multinationales qui financent la guerre à l’Est du Congo, ou est-il complice de cette agression ?”
Le capitaine Traoré exhorte l’armée congolaise à prendre les devants pour sauver la nation et appelle à une alliance afin de défendre ce grand pays d’Afrique. » lit-on ces proposattribués au capitaine Ibrahim Traoré
Plusieurs pages Facebook sans pour autant vérifier l’authenticité de ces propos, ont partagé cette publication.
Un discours fausssement conféré au président Burkinabais
Pour vérifier l’authenticité de ces propos attribués à Ibrahim Traoré, Congo Check a d’abord tenté de contacter la présidence burkinabée, mais n’a malheureusement pas reçu de réponse. Face à cette limite, l’équipe de rédaction de Congo Check a consulté la page Facebook officielle de communication de la présidence du Burkina Faso, qui relaye toutes les interventions médiatiques du président. L’objectif étant de déterminer si le président burkinabé aurait effectivement exprimé des interrogations concernant la passivité du président Félix Tshisekedi et des généraux congolais face à la situation sécuritaire précaire au Nord-Kivu.
Depuis le 28 janvier, date à laquelle les rebelles du M23 ont pris le contrôle de Goma, le président burkinabé a dirigé trois conseils hebdomadaires des ministres : le premier le 29 janvier, le deuxième le 5 février et le troisième le 12 février. Lors de ces réunions, qui ont rassemblé divers ministres d’État, aucune mention n’a été faite concernant l’insécurité en République Démocratique du Congo, ni de condamnation envers le président congolais pour ne pas avoir officiellement déclaré la guerre au Rwanda.
Dans le cadre de notre investigation, nous avons jointRachid Assade Zongo, journaliste basé au Burkina Faso. Il a précisé que toutes les déclarations publiques d’Ibrahim Traoré sont diffusées sur les canaux de communication officiels de la présidence, ainsi que par la télévision et la radio nationales, et que les médias privés relayent également ces informations. Selon lui, le discours en question n’a été diffusé sur aucun de ces canaux.
Par ailleurs, nos recherches sur Google ont révélé un article du média burkinabé lefaso.net qui dément un autre discours attribué à Ibrahim Traoré concernant la situation sécuritaire en République démocratique du Congo.
Dans ce contexte de guerre en RDC, où les efforts diplomatiques pour restaurer la paix dans l’est du pays ont échoué, attribuer faussement à Ibrahim Traoré ces propos insinuant une remise en question de la détermination de Félix Tshisekedi et de ses généraux à déclarer la guerre au Rwanda ne peut qu’exacerber le mécontentement du peuple congolais envers son président en difficulté pour instaurer la paix dans son pays.