- Une vidéo publiée sur Facebook le mercredi 13 janvier, le jour qui a suivi la fin de la campagne présidentielle en Ouganda, montre une femme légèrement habillée, emmenée par les agents de sécurité dans une sorte de parking des véhicules, accompagnée d’un jeune garçon. Puis la scène qui suit, s’en montre une altercation avec ces agents, dans laquelle on voit la femme à moitié vêtue. Le contexte mis sur cette scène par certains internautes est faux constate les recherches menées par Congo Check.
La scène se poursuit en diffusant la vidéo dans laquelle on voit la femme protestant contre les policiers qui l’escortent, avant d’être jetée sur la pelouse, en présence du jeune garçon qui crie : « laissez ma mère ».
Alertées, les équipes de Congo Check ont lancé des recherches conclus en vue de retrouver le contexte réel dans lequel la vidéo a été filmée. Les résultats indiquent que cette vidéo n’est pas celle de l’arrestation de Barbara Itungo Kyagulanyi, la femme de l’opposant au président Yoweri Museveni, Bobi Wine.
La légende qui accompagne cette publication affirme : « Voici Barbara, la femme de Bobi Wine, candidat de l’opposition pour le scrutin du jeudi 14 janvier aux élections présidentielles ougandaises. Elle est brutalisée et agressée par les soldats du président Yoweri Museveni, alors que son jeune fils regarde impuissant. Qui nous sauvera de ces anciens tyrans d’Afrique ? », écrit Femi Fande Kayonde dans une publication sur Facebook, partagée plusieurs fois avec des commentaires de protestation depuis le 14 janvier 2021.
En RDC, on note que la vidéo a reçue plusieurs vues dont plus de 4 951 sur le compte Twitter de Lisa Lisette Mongendu, et largement partagée. « À deux jours des élections en Ouganda, le président en exercice Museveni fait arrêter la femme de son adversaire, l’opposant Bobi Wine. Scandaleux, indescriptible, répugnant ».
Convaincu de l’humiliation que subie la femme de son ami, le chanteur nigérian Davido n’a pas aussi tardé à réagir dans un tweet, lequel, il exprime son mécontentement total aux abus de pouvoir et à la violation des Droits de l’homme : « Jésus ! C’est dégoutant, c’est mauvais ! Le pouvoir est une drogue ! », a écrit David Adedeji Adeleke.
Dans l’échange l’échange de Congo Check avec Theodorine Morton, une habitante de Mbarara, une ville du sud-est de l’Ouganda, dont le compte Twitter décrit la scène de l’incident, relatait que la femme vue dans la vidéo, du nom d’Annet Nihaano, avait voulue assister à la fête (mariage) avec force et elle a été arrêtée par les policiers. Et d’expliquer le motif de son intrusion, «elle a voulue désorganiser le mariage de son mari qui épousait une autre femme », dit-elle.
Un incident qui n’a rien à voir avec la femme de Bobi Wine
Contacté, Rachael Akidi, journaliste de la BBC avec comme Focus l’Afrique de l’Est, dit à Congo Check que, « l’incident n’a rien à voir avec la femme de Bobi Wine » comme l’a rapportée Theodorine Morton.
En lisant la chronologie Twitter de Bobi Wine, on constate qu’en bon communiquant, il n’a rien repris de l’incident de la scène de la vidéo, tel que l’a relaté par Morton dans un tweet du 13 janvier, que l’on peut lire sur son compte Twitter certifié de l’opposant décrit comment sa garde de sécurité lui a été rétiré : « la société de sécurité privée qui garde ma maison depuis 12 ans a recu l’ordre de se retirer. Leurs superviseurs sont venus nuitamment à l’improviste, ont désarmé ma garde et ils ont dit qu’ils avaient reçu les instructions de les retirer immédiatement ». Et pour compléter la scène, Bobi Wine reconnait seulement que, son téléphone et celui de sa femme, ont été débranchés du réseau.
Contacté par nos collègues de l’AFP Factuel, Bobi Wine a déclaré qu’il ne s’agit pas de sa femme. «J’ai été choqué par la vidéo. Ce n’est pas moi. C’est une autre personne», a-t-elle déclaré à l’AFP le 19 janvier 2021, après le rétablissement de l’internet en Ouganda.