Une publication de la page Facebook « Browns Junior », avance, faussement, que le Secrétaire général de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Augustin Kabuya, a annoncé la suppression de l’Eglise catholique en République démocratique du Congo. D’après ce post, l’UDPS ne supporte plus encaisser l’insolence de l’archevêque métropolitain de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo Besung et ses fidèles, qui s’apprennent au régime de Félix Tshisekedi. Méfiez-vous, il s’agit d’une intox.
« Je voudrai annoncer à la communauté nationale et internationale que l’Eglise catholique sera supprimée dans les prochaines heures dans toute l’étendue de la République démocratique du Congo à cause de l’insolence du cardinal Ambongo qui joue avec le Chef de l’État. Nous n’allons plus supporter que ces petits monsieurs jouent avec nous . L’Eglise catholique sera supprimée en RDC. », note faussement cette publication partagée une dizaine de fois.
En l’intervalle de 18 heures de sa publication, la publication a généré une centaine de mentions j’aime et plus de 88 commentaires enregistrés. Les avis des internautes sont divers, malheureusement il y en a ceux qui ont cru cette mauvaise publication : « Ils ne savent pas ce qu’ils parlent ces gens. L’église catholique à un poids dans le monde, ces gens s’enivrent très mal. », réagit Robert Masirika. Josué Kilembe a quant à lui remarqué le parfum d’un faux message : « Non ! Mon frère il n’avait pas dit ça pourquoi inciter les gens à la haine ? », commente-t-il.
Contexte de l’infox
1. Cette publication date du mercredi 28 juillet alors que les représentants des confessions religieuses sont en pourparlers pour désigner le représentant de la CENI.
2. Six confessions religieuses ont annoncé mardi avoir désigné le candidat de leur plateforme à la présidence de la Commission électorale indépendante (CENI). Cette désignation s’est faite en l’absence de l’Église catholique et de l’Église du Christ au Congo (ECC), qui faisaient remarquer que la séance de mardi était suspendue et que les travaux devraient reprendre le mercredi. L’Église catholique dénonce un « forcing politique » dans la désignation du chef de la commission électorale.
Aucune source ne confirme cette déclaration
Face à l’ampleur qu’a pris cette infox, Congo check a parcouru les médias nationaux et internationaux traitant de l’actualité congolaise, sans trouver aucun lien avec cette allant dans le sens où le parti au pouvoir aurait menacé de fermer l’église catholique.
Abordées, les sources proches d’Augustin Kabuya démentent cette information, c’est le cas du porte-parole de l’UDPS : « En tout cas ce n’est pas vrai, il n’a pas tenu ces propos. », répond à Congo check, Simon Kalenga, porte-parole de l’UDPS.
Dans un communiqué daté du 27 juillet, le parti au pouvoir a plutôt dénoncé la partialité des confessions religieuses qui ont émis le vœu d’assister à une alternance au pouvoir à l’issue des élections futures de 2023 :
« L’UDPS/Tshisekedi dénonce et condamne la dangereuse prise de position des représentants des confessions religieuses, qui dans leur communiqué du 23 juillet 2021, se sont résolus manifestement, par le truchement de leur candidat futur président de la CENI, à la mise en place d’un processus électoral qui devrait obligatoirement imposer l’alternance au pouvoir en 2023. Le fait pour les représentants des confessions religieuses de déclarer au point 5 de leur communiqué que les élections de 2023 n’auraient pour finalité absolue que d’arriver à l’alternance constitue, d’abord, un éloignement par rapport à l’objet de leur mandat consistant à proposer un ou des candidat (s) président (s) de la CENI à entériner par l’Assemblée nationale et, ensuite, une usurpation du droit du peuple souverain à se choisir ses propres dirigeants, en même temps qu’un déni du droit constitutionnel d’un Président en plein mandat de briguer un second mandat selon l’article 70 de notre constitution. Ainsi face à la partialité des représentants des confessions religieuses, l’UDPS/Tshisekedi appelle le souverain primaire à rester vigilant et jaloux de son droit d’avoir un processus électoral lui permettant d’exercer son libre choix sans le diktat de quelques gourous spirituels à la solde de certains milieux financiers facilement identifiables. », note le communiqué signé par son Secrétaire général Augustin Kabuya.
Dans ce communiqué, il n’est nullement question de fermer les églises catholiques.
La liberté de religion garantie en RDC depuis son indépendance
L’État congolais, bien que laïc, garantit la liberté de religion à toute personne, nationale ou étrangère.
En RD Congo, la liberté de religion fut expressément consacrée sur le territoire national par la loi fondamentale du 17 juin 1960. Cette loi, première constitution de la RD Congo, s’était fixée comme objet de définir les droits dont les individus jouissent au Congo et dont les autorités doivent assurer le respect ou favoriser la réalisation.3 Ceci signifie, au plan national, que la liberté de religion est un droit garanti à toute personne depuis l’accession de la RD Congo à l’indépendance.