L’information selon laquelle une vendeuse de Mikate (beignets) a été surprise à Kingabwa (Kinshasa) entrain de mélanger ses caleçons de menstrues dans la patte pour attirer une grande clientèle est fausse. Congo Check a vérifié l’origine et le contexte de ses images, qui renvoient à une scène survenue au Kenya et concerne un scandale observée dans la préparation du Kunu, une boisson traditionnelle.
Des photos montrant des habits rouges dans une touque contenant un liquide ont plusieurs fois été partagées par les internautes sur les réseaux sociaux. D’après la légende qui accompagne ces images, il s’agit d’une touque de la patte faite de farine de froment avec laquelle une vendeuse a inséré ses sous-vêtements pour préparer des beignents. Ce rituel consiste à lui attirer beaucoup des clients expliquent ces internautes.
« À Kinshasa une jeune femme vendeuse de Mikate surprise ce matin à Kingabwa. Elle met ses caleçons de règles (ndlr=menstrues) dans la patte pour attirer les clients » écrit cette publication, qui aux côtés des autres a généré plus de 2000 partages.
Plusieurs internautes ont malheureusement cru à cette désinformation et se sont plaints de la pénible vie vécue à Kinshasa.
C’est le cas de Wiva Wivine Ishoto qui dit : « Ah Seigneur prend pitié, c’est vraiment dommage tout ce qui se passe à Kinshasa. Il faut avoir un grand cœur, que Dieu nous protège.» De son coté, Eddy Nkwama rajoute : « c’est souvent en RDC que tu peux voir de bêtises pareilles. Oooh mon pays la RDC, pitié mon Dieu pour ce pays !»
Des images prises au Kenya sorties de leur contexte
Pour retrouver le vrai contexte de ces clichés, Congo Check a fait recours à l’outil de recherche d’images inversées Search by Image. Les résultats que vous pouvez voir en cliquant sur ce lien ont permis de savoir qu’il s’agit d’une image datant de mai 2021. La scène se déroule au Kenya, où une femme était arrêtée par les responsables du Conseil de la protection des consommateurs (CPC) après avoir été surprise en train d’utiliser sa vieille culotte dans la préparation de la boisson locale Kunu faite à base de céréales. Il ne s’agit donc pas de la farine de beignet (Mikate) ni du quartier Kingabwa à Kinshasa comme indiquent ces pages mais plutôt d’une boisson locale fortement consommée dans la région Nord du Kenya. Outre une langue locale non identifiée par les équipes de Congo Check, les figurants sur la vidéo s’expriment en Swahili. Ils montrent les habits sortis de la touque aux spectateurs en leur disant: «voyez-vous cette saleté que l’on vous fait consommer».
Il faut noter que Congo Check n’a pas réussi à confirmer si la scène filmée est réelle ou s’il s’agit d’une fiction. «Bien que ce contenu a été partagé sur des pages certifiées, nos équipes se sont lancées dans la traque des éléments visuels de la vidéo pouvant aboutir à identifier la nature de cette scène et un prochain article sur le même sujet viendra donner les résultats de nos conclusions» avertit Fiston Mahamba, éditeur en chef à l’Initiative de Fact-Checkers du Congo, maison-mère du média de vérification des faits Congo Check.
Congo Check s’est aussi rendu compte qu’aucune télévision ou radio congolaises encore moins une autorité du quartier Kingabwa n’ont pas pu confirmer ladite information.
Les auteurs de ce genre de posts les publient souvent par ignorance ou dans le seul but d’attirer un grand public et d’augmenter ainsi le nombre de likes et de partages à leur publication dans l’objectif d’accroître leur audience. Plus une page est suivie sur les réseaux sociaux, elle augmente la chance de décrocher des annonceurs. Il faut faire très attention dans le partage de ce genre de désinformation, qui risque de briser l’attrait des consommateurs de beignets produits localement et impacter négativement sur les revenus des familles de Kinshasa, qui en tirent l’essentiel de leur rémunération.