- Depuis mercredi soir, la communauté congolaise est enflammée contre l’armée Ougandaise depuis la diffusion sur les réseaux sociaux, principalement Facebook, WhatsApp et Twitter d’un extrait d’une interview en langue Swahili. Cette note vocale attribuée au porte-parole de l’armée Ougandaise par les uns et au porte-parole Ougandais des opérations militaires conjointes Shujaa est accompagnée de la légende: “le porte-parole de l’UPDF accuse les FARDC (Ndlr= Forces Armées de la République Démocratique du Congo) d’être les massacreurs de la population de Beni et Ituri”. Ce contenu attribué au desk Swahili de la Radio France Internationale est tiré de son contexte et porte plusieurs éléments de la désinformation à travers sa propagation note Congo Check, qui s’est procuré le contenu original.
Le contenu original vient de l’édition “Dira ya Dunia” de la BBC
Recherchant l’origine de cet audio pour vérifier son authentification, les équipes de Congo Check ont décrypté en vain les éditions de la Radio France Internationale, version Kiswahili depuis l’annonce par l’armée Ougandaise de retirer ses troupes en RDC dans les deux semaines prochaines. Alerté par un internaute que l’édition doit être de la British Broadcasting Corporation (BBC) en reconnaissance de la voix de la présentatrice.
En se rendant sur le site internet de la BBC, Congo Check a effectivement retrouvé l’intégralité de l’édition. Il s’agit de la tranche Dira ya Dunia du 18 mai 2022. Présentée par Scola Kisanga depuis les studios de Dar-es-Salaam en Tanzanie et Caro Robi à Nairobi, l’édition aborde le sujet sur l’intention de l’Ouganda de retirer ses troupes déployées dans les opérations conjointes Shujaa dans deux semaines si l’accord régissant cette traque n’est pas renouvelé par les chefs d’État de ces deux pays.
Un reportage de Musoshi Mbelechi, correspondant de la BBC Swahili à Kinshasa ouvre le dossier en donnant la réponse du porte-parole du gouvernement congolais à l’annonce faite via Twitter par le chef des forces terrestres de l’armée Ougandaise, le général Muhoozi Kainerugaba, fils du président ougandais Yoweri Kaguta Museveni à partir de 7:40 de l’édition.
Didier Bitaki, l’invité de la BBC est l’auteur des propos relayés par les internautes
À 11:35 de l’édition, l’une des présentatrices de la BBC annonce avoir eu un entretien avec Didier Bitaki, expert en questions sécuritaires et des groupes armés de l’Est de la République Démocratique du Congo. L’entretien diffusé contient la séquence qui a été balancé sur internet. Elle est à retrouvé dans l’intervalle de la 13ème minute jusqu’à 16:00.
En parcourant le profil Facebook par lequel Didier Bitaki s’exprime, Congo Check a retrouvé les publications de ce dernier datant du 19 mai 2022, attestant avoir réellement tenu ses propos sur la BBC. Vous pouvez retrouver les publications y relatives via ces liens:
Le porte-parole de l’armée Ougandaise (UPDF) n’est pas intervenu dans l’édition de la BBC
Le même dossier de la BBC Swahili n’a pas fait intervenir le porte-parole de l’armée Ougandaise dans le cadre des opérations Shujaa dans ses éditions. Par contre les interventions venaient de la République Démocratique du Congo. Il s’agit de la réaction de Patrick Muyaya Katembwe, ministre des médias et de la communication de la RDC, John Banyende-président de la société civile du Nord-Kivu et Dieudonné Lossa, président de la société civile de l’Ituri.
Par contre dans son reportage autre reportage reçu par Congo Check, le correspondant de la BBC à Kampala indique que Peter Mugisha, porte-parole de l’armée Ougandaise dans le cadre des opérations conjointes avec les FARDC s’est réservé de tout commentaire sur le dossier, préférant laisser cette prérogative à ses supérieurs.
La propagation des fausses informations ou des contenus sortis de leur contexte durant une crise sécuritaire peuvent avoir des effets nocifs à la cohésion entre les troupes engagées sur front en brisant la confiance entre ces deux forces amies. L’autre conséquence désastreuse est la méfiance de la population envers les forces de sécurité sensées assurer sa sécurité. Ces conséquences parmi tant d’autres peuvent contribuer à l’escalade de la violence armée et les pertes en vies humaines et les autres problèmes liées à la guerre.