Une vidéo des militaires du contingent Zaïrois pour la sécurité des camps a été publiée fin août sur Facebook. La légende qui accompagne la vidéo indique que durant le règne du régime Mobutu, l’Est de la RDC sous l’emprise du Rwanda. Congo Check qui a vérifié les faits en lien avec la vidéo précise qu’elle était filmée après le génocide au Rwanda, c’est-à-dire entre 3 et 4 ans avant la fin du règne de Mobutu.
“Les personnes qui relatent les récits selon lesquelles durant le règne de Mobutu, le Rwanda n’avait pas dominé militairement la RDC et que la partie orientale du pays était en paix mentent. Le Rwanda avait pris le pays sous son emprise, regardez comment les militaires se plaignent” écrit l’internaute en langue Lingala, une des 4 langues nationales de la RDC.
Plusieurs attaques orchestrées depuis le Rwanda ont visé des camps de réfugiés rwandais au Zaïre
En visualisant la vidéo originale dans laquelle les militaires Zaïrois racontent le récit de l’attaque qu’ils situent à Kibumba, à quelques kilomètres de Goma, Congo Check est tombé sur les initiales CZSC. En tapant sur Google les mots-clés: attaque, CZSC, plusieurs articles des sources crédibles telles que l’Organisation des Nations Unies, le Haut-commissariat pour les Réfugiés…abordent les sujets sur les attaques contre les camps de réfugiés. Ces camps contenant essentiellement des réfugiés Hutu rwandais ayant fui lors du génocide au Rwanda étaient sécurisés par le Contingent Zaïrois pour la Sécurité des Camps (CZSC), une force spéciale rémunérée par le Haut-commissariat pour les Réfugiés. À l’époque, la partie orientale du Zaïre était également en train de subir les attaques de l’Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération, soutenue par le Rwanda et l’Ouganda, qui a porté Laurent-Désiré Kabila au pouvoir.
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“Dans la soirée du 27 juin 1996, un groupe d’infiltrés venus du Rwanda ont tué trois réfugiés, deux militaires du Contingent zaïrois pour la sécurité des camps (CZSC)222 et trois gardiens de la Croix- Rouge lors d’une attaque contre le camp de réfugiés de Kibumba, dans le territoire de Nyiragongo” lit-on dans un document Memorial des Massacres de la RDC, qui recensent d’autres attaques similaires dans les autres camps au Sud-Kivu et au Nord-Kivu.
En 1995, à l’initiative du HCR, un enregistrement fut effectué dans neuf camps du Nord-Kivu et dans la ville de Goma. Il dénombrait 721 000 réfugiés, alors que le chiffre précédemment retenu était de 850 000 écrit un document de Médecins Sans Frontières.
Le même document poursuit qu’en août 1994, le conseil international de MSF décida l’envoi, au Zaïre et en Tanzanie, d’un volontaire chargé de la sécurité et de la protection des réfugiés. Cette initiative était fondée sur un constat critique : le HCR n’assurerait pas la sécurité et la protection des réfugiés, MSF décidait donc « d’enquêter sur les problèmes de sécurité afin de pousser le HCR à intensifier ses activités de protection ».
Il était important de remettre cette vidéo d’archives dans son contexte original car la légende lui attribuée pourrait induire les internautes en erreur sur la compréhension des questions sécuritaires de la région des Grands-Lacs. Il faut aussi souligner qu’à l’époque du régime Mobutu, les relations diplomatiques entre le Zaïre (actuel République Démocratique du Congo) et le Rwanda de Juvenal Habyarimana étaient bonnes. Cela se justifie par l’envoie par le Zaïre d’un contingent pour aider le Rwanda à faire face à l’offensive du Front Patriotique Rwandais. Dirigé par le général Mahele Lieko Donatien, ce contingent contribue à repousser la première offensive du Front patriotique rwandais (FPR) sur Kigali, et c’est au cours d’un combat contre les FAZ que le premier chef militaire du FPR, le commandant Fred Rwigyema, trouve la mort.