Dans un post très viral sur les réseaux sociaux, il est question de l’hygiène au dix-septième et dix-huitième siècles. On y affirme faussement que le somptueux palais de Versailles “n’a pas de toilettes“. L’auteur ajoute aussi qu'”au Moyen-Âge, il n’y avait pas de brosses à dents, de parfums, de déodorants et encore moins de papier toilette.”, on peut aussi lire que “ce n’était pas non plus l’habitude de prendre une douche à cause du froid et de l’absence presque d’eau courante. Seuls les nobles avaient des laquais pour les éventer, pour dissiper la mauvaise odeur qui expiraient le corps et la bouche, ainsi que pour chasser les insectes.“
Évidemment, tout ceci n’est pas vrai, il y a beaucoup d’exagérations et de faussetés. Congo Check se penche sur certaines de ces fausses affirmations. Mais le post a été vu plus de un million cinq cent mille fois.
Les parfums existent déjà depuis l’Antiquité. Et son usage, au Moyen-Âge est certifié par plusieurs récits et rapports !
« L’amour et l’hygiène dans les années 1600 et 1700.
En visitant le palais de Versailles à Paris, on remarque que le somptueux palais n’a pas de toilettes. Au Moyen-Âge, il n’y avait pas de brosses à dents, de parfums, de déodorants et encore moins de papier toilette. Les excréments humains étaient jetés par les fenêtres du palais. En vacances, la cuisine du palais a pu préparer un banquet pour 1500 personnes, sans la moindre hygiène. », commence le post de Safari Samuel, dans le groupe CONGO IMAGE.
L’auteur poursuit :
« Dans les films actuels, nous voyons les gens de cette époque secouer ou s’éventer…
L’explication n’est pas dans la chaleur mais dans la mauvaise odeur qu’ils émettaient sous les jupes (qui ont été faites exprès pour contenir l’odeur des parties intimes car il n’y avait pas d’hygiène). Ce n’était pas non plus l’habitude de prendre une douche à cause du froid et de l’absence presque d’eau courante. Seuls les nobles avaient des laquais pour les éventer, pour dissiper la mauvaise odeur qui expiraient le corps et la bouche, ainsi que pour chasser les insectes.
Ceux qui sont allés à Versailles ont admiré les jardins énormes et magnifiques qui, à l’époque, étaient non seulement contemplés mais utilisés comme toilettes dans les fameuses ballades promues par la monarchie, parce qu’il n’y avait pas de toilettes.
Au Moyen-Âge, la plupart des mariages étaient organisés en juin (pour eux, le début de l’été). La raison est simple : le premier bain de l’année était pris en mai ; donc en juin, l’odeur des gens était encore tolérable. »
En 1600 et 1700 il y avait déjà des parfums et des toilettes
Pour vérifier ces affirmations, nous avons visité les encyclopédies historiques, les sites officiels qui gèrent le château de Versailles, mais aussi plusieurs sources en accès libre sur les époques citées. Prenons trois principales affirmations fausses:
Il n’y avait pas de toilettes au Château de Versailles : Faux !
“Sous Louis XIV, il y a eu une amélioration du système d’évacuation des eaux usagées : les fosses d’aisances furent peu à peu fermées à l’aide d’une maçonnerie ; elles devinrent par conséquent étanches, ce qui permettait d’éviter la pollution de la nappe phréatique. Une telle évolution est perceptible au Louvre, dans les bâtiments royaux parisiens, ainsi qu’à Versailles. C’est sous Louis XIV en effet que les quatre fosses souterraines du château furent maçonnées et reliées entre elles par un égout.” Concernant le château de Versailles “le roi disposait de ses lieux d’aisances personnels, il existait aussi des lieux à usage public telles les latrines derrière l’encoignure du grand escalier, l’escalier des Ambassadeurs ou bien les coulettes des pierres à uriner des galeries de la grande aile.” Vous pouvez trouver plus de détails ici :
- L’historien Mathieu da Vinha dans un livre fort détaillé (Vivre à la cour de Versailles, éd. Tallandieril y a bien des toilettes construites à Versailles, aujourd’hui disparues, que l’on retrouve tracées dans les anciens plans. Ces latrines publiques étaient situées dans plusieurs ailes du château et permettaient aux nombreux visiteurs de se soulager en toute quiétude. Mais le palais est vaste et, pour éviter les accidents, on plaçait régulièrement des chaises percées derrière des paravents dans certains couloirs. Ce qui n’empêchait pas les sujets de Sa Majesté de s’oublier dans les recoins ou dans les jardins – on tentait de masquer les odeurs en plantant des parterres aux senteurs puissantes : jacinthes, narcisses, jasmin…
Toilettes avec moquette
Quant aux princes et à la cour, qui vivaient auprès du roi, ils disposaient de leur propre matériel, le plus souvent dans la garde-robe des appartements qui servait de lieux d’aisances. Il s’agissait d’une chaise percée, parfois très luxueuse, couverte de « moquette » ou de « damas rouge, garni de franges et de mollets d’or et d’argent »… Malgré l’arrivée des water-closets sous Louis XV – avec un système d’évacuation par chasse d’eau –, la chaise percée resta en service assez longtemps puisque Louis XVI se fit un jour surprendre par un chat qui s’était niché dans la cuvette de faïence… On rapporta la scène, le chat sortant ses griffes, le roi s’enfuyant en tenant son haut-de-chausse à la main. On raconte que ce brave Louis avait tellement pris en grippe les chats qu’il allait jusqu’à les chasser sur les toits du palais…
Pour vider toutes ces chaises malodorantes, une armée de valets s’affairait sans arrêt vers la trentaine de fosses d’aisances réparties sous le corps central et dans les différentes ailes du château. Il était en effet interdit de jeter les excréments par les fenêtres, une pratique très courante dans le royaume – on criait alors « gare à l’eau ! » pour avertir les pauvres passants. Ces fosses, régulièrement récurées, étaient reliées à des égouts qui déversaient la fange dans différents endroits de la ville. Une grande partie s’écoulait ainsi dans deux étangs, celui du marais au sud, baptisé « l’étang puant », et au nord dans celui de Clagny, qui fut comblé plus tard. Lire davantage ici :
On ne prenait pas de douche et le parfum n’existait pas ? Faux !
Voici ce qui est écrit dans l’histoire de la ville de Paris : “AuMoyen Âge, il existait surtout des établissements d’étuves pour la toilette du corps. Après le Moyen Âge, la pratique de bains décroît dans l’ensemble du pays. À partir du XVIIe
et XVIIIe siècle, l’intérêt pour les soins du corps revient avec les bains en rivière et avec les débuts du thermalisme. À Paris, des bateaux sont aménagés pour être traversés par l’eau de Seine et proposent une variété de services : écoles de natation, bains à vocation thérapeutique, pédicure, coiffure… Il existe également des piscines pour les classes favorisées, dans un style orientaliste.“
“Vantée par Rousseau, la mode du bain froid pour les enfants – avec immersion complète – s’installe vers 1750-1760. On parle non pas de propreté, mais de tonicité… Ensuite, on voit apparaître des pratiques que l’on peut qualifier d’hédonistes: Mme Tallien prend des bains à la framboise; Mme de Genlis, des bains de lait. “, peut-on lire chez nos confrères de l’Express.
Et qu’en est-il des parfum ? la réponse à cette question nous est un ajout sur la précédente : Louis XIV se douchait avec des alcools et du parfum, que ses sujets lui appliquaient. Si en cette époque on se méfie d’une douche quotidienne, car une croyance affirmait que l’eau pénétrait le corps en dilatant les pores, les rois sont lavés via ce procédé sec, à l’alcool et au parfum.
Vous pouvez lire ici : “Dès l’Antiquité, le parfum était présent dans les populations. Les peuples utilisaient les végétaux et les matières naturelles telles que les fleurs et les plantes aromatiques pour composer leurs fragrances. Les parfums prenaient la forme d’huiles parfumées, de baumes et ou de liqueurs. Certains parfums étaient brûlés en l’honneur des divinités, notamment par les Égyptiens et les Grecs. D’autres étaient portés par les populations et ce, peu importait leur rang social. Grâce à Cléopâtre, le parfum a été associé à la féminité. Une véritable révolution pour l’époque.
Au Moyen Âge, le parfum se raréfie. Il reste présent, mais son utilisation se limite, et sa composition se réduit aux plantes aromatiques. Grâce à la découverte de nouvelles contrées, les épices feront leur apparition dans les parfums comme dans la cuisine. L’utilisation de la distillation marquera un tournant dans l’histoire du parfum.“, chez nos confrères du Parisien.