Depuis le 13 juin, une rumeur infondée circule sur le cyberespace congolais, affirmant qu’Olivier Kamitatu aété condamné par le tribunal fédéral du district de Brooklyn (New York, USA) pour avoir accepté un pot-de-vin afin de faciliter l’obtention d’un contrat d’exploitation minière au Congo pour l’entreprise américaine Och-Ziff. Méfiez-vous de cette information. Olivier Kamitatu n’a jamais été cité comme coupable dans ce dossier qui remonte à 2016.
« URGENT : Le porte-malette du Mulâtre Moïse Katumbi, le Mulâtre Olivier Kamitatu vient d’être définitivement condamné par le Tribunal Fédéral du district de Brooklyn (New York) aux USA pour des faits criminels de corruption en République Démocratique du Congo avec une lourde peine d’amendes pénales assortie d’une interdiction formelle d’entrer, de transiter et de séjourner aux USA d’une durée de 10 ans. » lit-on cette publication partagée par la page “ CMD Infos ”
Cette information a été largement répandue sur Facebook à travers des groupes et pages Facebook.
Mise en ligne il y a trois jours, la publication a déjà recueilli 48 partages, 59 commentaires et 204 mentions « J’aime ». En parcourant les commentaires, nous constatons que la majorité des internautes ont cru en cette nouvelle et se sont réjouis de la prétendue condamnation d’Olivier Kamitatu. Jean Josias a réagi en déclarant : « Bonne nouvelle, vraiment ! » De son côté, Mao Kalenda a ajouté : « Voilà les conséquences de la corruption. »
Non, Olivier Kamitatu n’a pas été condamné aux USA
Pour évaluer la véracité de cette information, Congo Check a contacté Olivier Kamitatu, le concerné. En réponse, il a interrogé Grok pour savoir s’il était impliqué dans une affaire de corruption ou s’il avait été condamné dans le dossier Och-Ziff en RDC. Voici la réponse fournie par Grok :
« Il n’y a aucune trace – dans les documents américains (DOJ, SEC) ou les reportages fiables – indiquant qu’Olivier Kamitatu ait été impliqué ou condamné dans l’affaire de corruption concernant Och‑Ziff en RDC.
Ce qu’on sait : Voici le cœur de l’affaire Och‑Ziff : entre 2005 et 2012, le fonds a versé des pots‑de‑vin à des officiels congolais, via un intermédiaire, afin d’obtenir des concessions minières ; ils ont reconnu ces faits et payé des amendes aux États-Unis .
Olivier Kamitatu, lui, est un homme politique congolais – ancien président de l’Assemblée nationale de transition, ministre et proche de Moïse Katumbi . Aucun lien judiciaire, accusation ou poursuite dans cette affaire ne le concerne.
En parallèle, il est notamment connu pour sa dénonciation publique de la corruption au sein du régime Tshisekedi .
Conclusion: Non, Olivier Kamitatu n’a pas été condamné dans l’affaire Och‑Ziff. Il ne figure pas parmi les personnes mentionnées dans l’accord de plaidoyer ou les poursuites – celles-ci ciblent des dirigeants d’Och‑Ziff et des intermédiaires africains, mais pas lui. »
Par la suite, nous avons contacté Madame Hozana, chargée de presse et médias à l’ambassade des États-Unis en RDC. Elle a déclaré ne pas être au courant de cette supposée condamnation attribuée à Olivier Kamitatu.
En consultant le site du département de justice des États-Unis, nous n’avons trouvé aucun article faisant état d’une condamnation d’Olivier Kamitatu par le tribunal de Brooklyn.
Concernant le dossier de corruption impliquant le fonds d’investissement américain Och-Ziff en Afrique, nos recherches sur Google ont révélé, selon le média Jeune Afrique, que l’affaire Och-Ziff en RDC constitue un vaste scandale de corruption. Entre 2005 et 2012, le fonds spéculatif américain Och-Ziff Capital Management Group (aujourd’hui Sculptor Capital Management) a versé plus de 100 millions de dollars de pots-de-vin à des fonctionnaires congolais de haut rang. Ces paiements, souvent dissimulés via des intermédiaires tels que l’homme d’affaires israélien Dan Gertler, visaient à obtenir un accès privilégié et des conditions favorables pour des investissements lucratifs dans le secteur minier congolais. En 2016, Och-Ziff a été sévèrement sanctionné par les autorités américaines, payant plus de 400 millions de dollars en amendes et reconnaissant ses violations du Foreign Corrupt Practices Act (FCPA) pour ces pratiques illégales en RDC et dans d’autres pays africains. Les documents judiciaires et les communiqués des autorités américaines (DOJ et SEC) décrivent en détail le mécanisme de corruption et indiquent que des “fonctionnaires congolais de haut rang” ont reçu des pots-de-vin, mais ne mentionnent généralement pas les noms spécifiques des individus congolais impliqués.
Ainsi, contrairement aux publications qui inondent les réseaux sociaux, Olivier Kamitatu n’a reçu aucune condamnation aux États-Unis pour corruption dans l’affaire Och-Ziff en RDC.