Des publications virales partagées ce dimanche 5 juillet 2020 annoncent la validation par le docteur Jean-Jacques Muyembe Tamfum, secrétaire générale du comité multisectoriel de lutte contre la Covid-19, du protocole mis en place par le chercheur Jérôme Munyangi.
Les recherches menées par Congo Check et les sources du comité multisectoriel de lutte contre la Covid-19 indiquent que ces publications sont fausses.
“RDC/Covid-19: LE DOCTEUR MUYEMBE DÉCLARE. Bientôt notre drapeau de la RDC va flotter partout au monde car notre remède a réussi à guérir 1978 personnes dans 4 jours. Nous attendons le soutien du gouvernement pour pouvoir créer une industrie accompagnée d’un laboratoire pour nous aider à la fabrication des produits contre la covid19. Je remercie beaucoup le Dr. Jérôme Munyangi pour son implication et intelligence qui nous a aidé aujourd’hui à vaincre cette pandémie. Bientôt nos élèves vont passés les tests de fin de cycle sans aucune inquiétude, plus question de vaccin contre la covid19. Vive la RDC” écrit le texte.
⛔⛔#RDCCovid19 ; LE DOCTEUR MUYEMBE DÉCLARE ; Bientôt notre drapeau 🇨🇩 va flotter partout au monde car notre remède a…
Posted by Congo nouveau on Sunday, July 5, 2020
Sur son compte Facebook, le secrétariat technique de la riposte contre la Covid-19, dirigee par Jean-Jacques Muyembe a qualifié des fausses informations ces publications. Outre une publication sur son compte Facebook, cet organe technique de la présidence de la RDC a également produit un visuel pour débusquer cette fausse information.
“Chers tous; depuis ce matin, une fausse information est attribuée au Dr Jean Jacques Muyembe. Le Secrétariat Technique de la riposte contre la Covid19 travaille avec le chercheur Congolais Jérôme Munyangi. Mais le Dr Muyembe n’a jamais tenu ces propos” note la publication qui appelle les internautes à faire attention aux fake news qui circulent quant à ce sujet.
“Le Professeur Jean-Jacques Muyembe, secrétaire technique de la riposte contre COVID-19, n’a validé aucun médicament contre Ia COVID-19. Il n’est ni Ie comité éthique, ni l’autorité de réglementation des médicaments, responsabilité réservée au ministère de la santé” lit-on sur cette image distribuée par la riposte contre la Covid-19.
Pas encore des données disponibles sur les essais cliniques du protocole de Jérôme Munyangi
Le comité national d’éthique de la santé du ministère de la santé de la République Démocratique du Congo a donné son approbation sur la conduite de l’essai clinique sur les malades atteints de Covid-19 par le docteur Jérôme Munyangi. Le déroulement de cette étude se tiendra à l’hôpital de Monkole situé à Kinshasa dans la commune de Mont-Ngafula en République Démocratique du Congo pour la période allant du 15 Juin 2020 au 14 Juin 2021. Jusqu’à présent aucune donnée n’a été communiquée par le chercheur depuis l’annonce de l’approbation du début des essais cliniques.
« Après avoir évalué minutieusement tous les aspects éthiques de votre recherche selon les lignes directrices nationales d’éthique de la recherche impliquant des êtres humains du Ministère de la santé de notre pays et conformément à la décision du CNES 001/CNES/SR/03/2015 du 13 Mars 2015 exigeant aux chercheurs œuvrant dans le secteur de la santé de soumettre leurs études à l’évaluation éthique, le Comité National d’Ethique de la Santé a donné son approbation éthique à cet essai clinique. Il autorise son déroulement à l’Hôpital de Monkole situé à Kinshasa dans la commune de Mont-Ngafula en République Démocratique du Congo pour la période allant du 15 Juin 2020 au 14 Juin 2021 » lit-on sur ce document.
Le professeur Félicien Munday Mulopo, président comité national d’éthique de la santé du ministère de la santé de la République Démocratique du Congo a également confirmé l’approbation de l’essai clinique dans un entretien téléphonique avec Congo Check.
Encore un long chemin à parcourir avant de parler d’un médicament
A la question de savoir quelles sont les informations techniques sur le déroulement de cet essai clinique, le professeur Félicien Munday Mulopo répond : «Il y a deux types d’informations techniques, que l’on peut obtenir sur le déroulement d’un essai clinique. Il y a par exemples des informations d’ordre scientifique, qui sont liées essentiellement sur l’efficacité de la molécule ou à sa toxicité. Sont là, les aspects scientifiques sur l’essai clinique » aborde-t-il.
« Il y a ensuite des aspects techniques liés aux aspects d’ordre éthique et qui concernent le comité scientifique. Et nous, au niveau du comité scientifique, nous donnons des avis dès lors que cette molécule dans son utilisation sur les personnes qui prennent part à la recherche ne présente pas des risques ou des effets indésirables. Après avoir obtenu l’avis favorable du comité d’éthique l’investigateur principal doit aller maintenant à la direction de pharmacies et des médicaments du secrétariat général du ministère de la santé qui va examiner les aspects pharmacocinétiques de cette molécule afin d’autoriser le chercheur d’aller sur terrain en obtenant essentiellement une autorisation de la part du secrétariat général du ministère de la santé ou du ministre de la santé dès que possible. Après avoir eu toutes ces autorisations-là, maintenant le chercheur peut aller travailler dans son site de choix et tester la molécule après règlementation en respectant notamment le consentement éclairé et en veillant à respecter la dignité des personnes et leur bienêtre et la sécurité, des aspects très importants de l’étude » explicite le président du comité national d’éthique de la santé.