Depuis vendredi 3 septembre, sur la page Facebook de l’internaute Lisette Lisa Mongendu, elle affirme que la République démocratique du Congo a initié une plainte contre l’Angola devant une juridiction internationale, pour avoir pollué les rivières Tshikapa et Kasaï fin juillet dernier, une pollution à la base de plusieurs dégâts au Kasaï, qui a occasionné la mort d’au moins 12 personnes. Méfiez-vous, c’est une fausse information, le gouvernement congolais affirme qu’il n’a pas porté plainte jusque-là contre l’Angola.
« La RDC initie une plainte internationale contre l’Angola qui a intoxiqué les eaux du Kasaï », note faussement cette publication partagée 13 fois.
L’infox, qui a été gobée par plusieurs internautes a généré plus de 110 mentions j’aime. En commentaire, Pascal Tshiama qui a cru à cette publication note « une très bonne action » du gouvernement congolais. Hervé Miyaguy, a quant à lui fustigé le retard qu’aurait pris le gouvernement pour initiée cette plainte : « Ce Congo a vraiment trop d’incompétents, ils ont pris tout ce temps pour le faire ? », commente t-il.
Aucune source ne confirme une plainte de la RDC contre l’Angola
Face à l’ampleur qu’a pris cette infox, Congo check a contacté les autorités de la RDC et parcouru les médias nationaux et internationaux traitant de l’actualité congolaise.
Approché, le porte-parole du gouvernement congolais et ministre de la communication dément cette information : « On a pas initié une plainte contre l’Angola », affirme à Congo check, Patrick Muyaya.
Le gouvernement congolais tient au principe de polluer-payeur pour obtenir réparation de la part de la société minière angolaise à la base de la pollution des rivières Tshikapa et Kasaï. Au cours d’une conférence de presse jeudi 2 septembre, la vice-ministre de l’environnement et développement durable Eve Bazaiba, a fait savoir que le gouvernement congolais est encore à l’état du bilan pour avoir une idée générale sur les différents dommages subis:
« Quand on a toute la situation globale c’est alors que nous allons devoir l’annoncer. On aura les chiffres. Il y a toute une procédure de réparation par rapport au principe pollueur-payeur, nous allons suivre cette procédure là », indique Eve Bazaiba.
Le professeur Muhindo Mughanda, enseignant de cours de relation internationale dans plusieurs universités dans la partie orientale de la RDC fait savoir qu’un État ne peut pas être traîné en justice par un autre sans être signataire d’un même traité
« On ne peut pas trainer un État en justice sans son consentement, contrairement à un individu. La justice internationale entre État elle est arbitrale, pour trainer un État devant une cour, ou bien les deux États s’accordent en signant ce qu’on appelle le compromis d’arbitrage, ils se mettent d’accord sur la cour, le juge et s’engagent sur le verdict que le juge va prononcer, ou bien il y a des organisations internationales qui disposent de cour internationale, si deux États ont des problèmes qui concernent une matière dont l’organisation internationale se trouve ils peuvent saisir cette cour là immédiatement. Pour le cas de l’Angola et la RDC, c’est possible qu’un État traîne l’autre devant la cour pourvu que les deux États soient signataires d’un traité d’une cour internationale chargée des questions environnementales », explique le professeur Muhindo Mughanda.
En République démocratique du Congo, depuis fin juillet, les rivières Tshikapa et Kasaï sont touchées par une coloration progressive de leurs eaux qui deviennent rougeâtres. Des poissons morts flottent en surface et des cadavres d’animaux aquatiques, comme les hippopotames, ont également été retrouvés.Selon les autorités congolaises, il s’agit d’une pollution occasionnée par le déversement, dans ces rivières, de substances toxiques par une usine de traitement de diamants basée dans la province angolaise de Lunda Norte. Cette pollution touche également les rivières Fimi et Kwilu. Les autorités congolaises ont interdit la consommation des poissons et autres animaux morts trouvés dans et aux alentours de ces rivières. Même l’usage domestique de l’eau de ces rivières est déconseillé.
Selon le compte rendu de la mission gouvernementale effectuée du 26 au 30 aout sur le lieu, 968.973 habitants ont été affectés, soit 161.490 ménages. 4.502 cas de diarrhée ont été enregistrés dont 12 cas de décès déplorés dans la zone de santé de Banga Lubaka en territoire d’Ilebo. Il est également fait état des cas d’éruptions cutanées et des maladies génitales, ajoute la même source.