Depuis la publication de la lettre de l’évêque du diocèse de Mbuji-Mayi, le 31 juillet dernier, informant que plus de 10 paroisses catholiques ont été profanées dans cette partie de la République démocratique du Congo, plusieurs photos sont partagées sur Facebook, Twitter et WhatsApp pour illustrer ces actes. Méfiez-vous, la plupart de ces images ne viennent pas de la RDC
C’est le cas de la page Facebook de Gloria Sengha Panda Shala, qui a publié l’information de la profanation des paroisses à Mbuji-Mayi, mais il a illustré avec les photos dont Congo Check, remarque le détournement, ou la sortie de contexte. Sa publication a généré plusieurs réactions, dont plus de 180 mentions j’aime et des dizaines de partages.

L’église catholique a Mbuji Mayi profanée L’histoire un éternel recommencement Les mêmes causes produisent les mêmes effets Le résultat de l’intolérance qui bat son plein

Publiée par Gloria Sengha Panda Shala sur Dimanche 1 août 2021

Des internautes ont détecté l’infox


Parmi les interactions générées par ces publications ciblées, Congo Check remarque que dans les commentaires, plusieurs internautes ont détecté que des images étaient trafiquées, et d’autres de sont laissés dupés.
« Tu n’as pas honte de publier les images de bokoharam du Nigeria sous prétexte que c’est en RDC ? », tonne Roger KM en commentaire.
Cependant, EM Lord Noble lui, n’a pas détecté l’infox : « Quand vous choisissez la médiocrité, voilà les retombées… Franchement mon pays n’a pas de chance face à cette médiocrité », s’est-il alarmé.

Des images trafiquées


Après le signalement des internautes, CongoCheck découvre que ces images ne viennent pas de la RDC. La plupart viennent du Nigeria et ont été détournées par certains internautes congolais pour illustrer la profanation des églises catholiques dans le Mbuji-Mayi en avril dernier, mais dont l’information a été rendue publique en juillet, pendant un moment des turbulences politiques.
Congo Check a donc utilisé ses outils de recherche d’image inversée pour trouver la vraie origine de la photo, et voici les résultats :
• La première photo montre un autel saccagé : celle-ci utilisée même par plusieurs médias des plus importants en RDC, provient du Nigeria et a été prise le 24 février 2017 par Stefan Heunis, photographe de l’Agence France Presse. C’est grâce à l’application Yandex, que Congo Check a réussi à tracer la photo jusqu’à la base de données de Getty Images. L’autel détruit est de l’église catholique Saint Moïse situé dans le village Bakin Kogi, dans l’État de Kuduma au nord-ouest du Nigeria. Ce village avait été attaqué par des présumés bergers peuls. L’attaque avait coûté la vie à au moins 21 personnes et plusieurs maisons détruites.Le journal Italien Lacroix, avait d’ailleurs utilisé l’image dans l’un de ses articles sur la persécution des chrétiens catholiques dans la région : https://es.la-croix.com/actualidad/mundo/cada-vez-mas-cristianos-perseguidos-en-el-mundo
• La photo numéro 2 montre un lieu de culte complètement saccagé avec des outils ecclésiastiques cassés, dont une statue en éclats nous vient de la France précisément à Lyon. Elle a été utilisée par notamment par le site lyonmag.com dans un article publié le 23 mars 2016. Il s’agit d’une statue de la paroisse Saint Pothin. La statue de marie a été jeté au sol, lors d’une série d’attaques menée des individus non identifiés contre les édifices ecclésiastiques, dans le 6e arrondissement de Lyon.
• La troisième photo montre une statue de la vierge Marie, complètement au sol. Les recherches de Congo Check, ont conduit jusqu’à un article, encore une fois, du journal Italien Lacroix. Ce dernier avait utilisé la photo en indiquant en légende qu’il s’agit d’une statue tombée, à l’église Saint Dominique de Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo. L’article a été publié sur le Mali en 2017. (https://africa.la-croix.com/leglise-malienne-sinquiete-attaques-contre-lieux-de-culte/)
Pour rappel, l’évêque du diocèse de Mbuji-Mayi, Mgr Emmanuel-Bernard Kasanda, avait dénoncé la récupération politicienne de l’affaire de profanation des paroisses en RDC. Ainsi, les images étaient partagées, dont par des politiciens et même des journalistes pour illustrer l’affaire. Si l’originalité de ces images n’était pas vérifiée par Congo Check, des citoyens resteraient dans l’ignorance, pensant que ces images sont de la RDC, l’infox serait encore plus nuisible surtout dans une période où l’on a observé à une guerre dialectique médiatisée entre les membres du parti Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) et l’archevêque de Kinshasa, Fridolin Ambongo.

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