Sur la toile, le journaliste Benji Christian publie sur sa page Facebook une information selon laquelle le “Sambaza”, frétins du lac Kivu prisés par la population locale est en voie de disparition. Congo Check qui a consulté plusieurs sources, produit ce FactSheet avec des données, qui contredisent l’assertion mis en avant par le post de Benji Christian.
« Le Sambaza est en voie de disparition dans le lac Kivu », écrit l’internaute Benji Christian sans donner autant d’informations sur cette déclaration, qui suscite plusieurs interrogations d’internautes.
Augmentation du nombre de pêcheurs par rapport à la quantité de Sambaza
Congo Check a joint les experts et pêcheurs de ces fretins sur le lac Kivu en vue de comprendre ce phénomène. Les pêcheurs sur le lac déclarent effectivement faire face à une diminution de la quantité. Lors de son déplacement à Kalengera, Congo Check s’est rendu compte de la situation.
« En tout ça c’est à cause de la pêche interdite par le gouvernement. Il y en a parmi nous qui utilisent les moustiquaires qui pêchent les larves des poissons. Avec ces larves, après 6 mois, un verre produit 1 tonnes de Sambaza. Et par moment ils pêchent des sacs de 50 et 100 kilos alors que ce 50 kilos, si on pouvait les laisser pour 6 mois, ces poissons peuvent nourrir toute la ville de Bukavu» a dit à Congo Check Muhindwa Nzenze président de la plate forme des pêcheurs sur le Lac Kivu.
Pour les scientifiques, le stock des poissons est resté le même. Seulement le nombre des pêcheurs a largement été revu à la hausse. Le professeur Pascal Masilya Kabungulu est directeur adjoint de l’unité d’enseignement et recherche en hydrologie de l’Institut Supérieur Pédagogique, ISP/Bukavu.
« Lors de notre procession, nous avons fait le sondage des stocks de Sambaza au lac. On le fait de manière continue et il y a déjà trois publications. Les résultats que nous avons démontrent que le stock ne semble pas chuter. Ce qui est vrai, dans le lac, ce n’est pas tout le stock qui est exploité, ce qu’on voit, c’est ce qui est accessible » a dit à Congo Check le professeur Pascal Masilya directeur adjoint de l’unité d’enseignement et recherche en hydrologie.
Une pêche à forte pression sur le Sambaza
Pour ce centre, c’est le nombre de pêcheurs qui a largement augmenté avec la pression humaine à Bukavu mais le stock reste inchangé.
« Mais ce qui est vrai, on remarque que ces derniers temps il y a beaucoup de pêcheurs. On constate que la capture par pêcheur diminue sensiblement mais ça ne veut pas dire que le Sambaza veut disparaître. Les pêcheurs sont très nombreux mais le stock reste stable. C’est comme si vous aviez 10 kilos de viande que vous devez partager par 2 personnes, comprenez que chacun aura 5 kilos 5 kilos mais si vous avez la même quantité à partager entre 10 personnes, chacun aura 1 kilogramme. Dans ce cas là, au lieu de dire que le Sambaza est en voie de disparition, il faut dire que la quantité reste la même mais les pêcheurs sont nombreux»
Professeur Pascal Masilya Kabungulu
« Le risque est là mais pas la disparition immédiate. En fait, dans toute pêche on sait que si on pêche les alevins, ça va faire qu’on ne puisse pas avoir des adultes, parce que ce sont des alevins qui deviennent des adultes. Et donc si risque, ce n’est pas un risque immédiat, c’est un risque à moyen ou à long terme», explique de son côté, Pascal Musilya directeur adjoint de l’unité d’enseignement et recherche en hydrologie.
Des pratiques illicites de pêche sont vécues sur le Lac Kivu notamment l’utilisation des moustiquaires et des filets prohibés mais évoquer la piste de disparition des Sambaza c’est exagéré pour les scientifiques.
« Dire que le sambaza est en voie de disparition, c’est serait trop exagéré. C’est vrai, il y a une forte pression qui s’exerce sur le stock de sambaza mais aller jusqu’à dire que le Sambaza est en voie de disparition sur le lac c’est exagéré. On sait très bien qu’il y a suffisamment de pression sur son exploitation par des gens qui pêchent dans le baies où les poissons viennent se reproduire ou ceux qui utilisent les moustiquaires pour pêcher mais aller jusqu’à dire que le Sambaza risque de disparaître, c’est trop alarmé», renchérit le professeur Masilya Kabungulu.
La disparition des Sambaza dans le Lac Kivu est une mauvaise nouvelle pour plusieurs habitants riverains qui ne vivent que de la pêche. Certains territoires comme celui d’Idjwi, ses voisins de Kalehe devront subir les méfaits de cette disparition car nombreux habitants vivent grâce à cette espèce. Il était donc important de fixer l’opinion sur cette évolution dans l’exploitation du Sambaza.