Une bombe est tombée dans le camp de déplacés de Lushagala à Goma, dans l’est de la République démocratique du Congo, le vendredi 3 mai 2024. Suite à ce drame, un communiqué attribué au CICR (Comité international de la Croix-Rouge) annonçant 40 morts a fait le tour sur les réseaux sociaux et dans plusieurs groupes WhatsApp. Attention, ce communiqué n’est pas authentique. Le CICR l’a qualifié d’un faux et a rappelé dans un communiqué officielpublié le 3 mars 2024 que l’utilisation frauduleuse de son emblème ”Croix-Rouge” est une violation du droit international humanitaire.
« Le bilan provisoire de l’attaque de Mugunga par des bombes de l’armée rwandaise RDF est de 40 morts. Le monitoring continu.( CICR) », a publié la page Facebook Kivu Mise à jour.
Le même communiqué a été publié sur le compte Facebook de Jimmy Mayani Kasyno Nguomoja.
Et sur la page Canal Révélation.
En commentaires, plusieurs internautes ont exprimé leur colère et mécontentement.
C’est le cas de l’internaute Beltrin Mpelenda qui a déclaré :
« Si cette situation continue comme ça, je prendrai le risque de dire que les autorités du pays sont complices de la misère que traverse le peuple de l’est. »
Communiqué non authentique, n’émanant pas de CICR
Dans ses investigations, Congo Check a contacté Alyona Synenko, porte-parole du CICR pour l’Afrique de l’Est, présente à Goma où le drame s’est déroulé. Voici ce qui a été sa réponse :
« Le CICR a pris en charge 27 blessés, dont 16 femmes et 10 enfants. Malheureusement 4 enfants sont décédés avant d’arriver à l’hôpital ».
Congo Check a également contacté Paulin Bashengezi, Coordinateur des communications du CICR en République démocratique du Congo. Il a qualifié ce communiqué d’un faux et a déclaré :
« Le communiqué attribué au CICR en lien avec les bombardements de ce vendredi à Mungunga et Bulengo est un faux. »
Congo Check a également parcouru le communiqué officiel du CICR sur ce drame, dans lequel il est revenu sur ce faux bilan et a rappelé que l’utilisation frauduleuse de l’emblème de la Croix-Rouge est une violation du droit international humanitaire.
Le voici en intégralité :
« Nord Kivu : afflux inquiétant de blessés dans l’hôpital de Goma CICR – Communiqué de Presse 03 mai 2024CICR (Goma) – Aujourd’hui, à la suite d’échanges de tirs d’artillerie, survenus aux alentours de Goma, la capitale de la province du Nord Kivu, 27 blessés, dont 16 femmes et 10 enfants ont été pris en charge par les équipes médicales de l’hôpital CBCA Ndosho, soutenu par le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Le CICR déplore la mort de quatre enfants à leur arrivée à l’hôpital.
Parmi les blessés, six se trouvent dans un état critique. Au moins 24 d’entre eux, actuellement traités au bloc opératoire et suivi par le service des soins intensifs, ont été blessés par des éclats d’un engin explosif.
« Tous les jours, et ce depuis des mois, nous rencontrons des femmes, des enfants, des blessés. Autant de personnes qui subissent directement les conséquences de ce conflit et qui deviennent de plus en plus vulnérables. L’événement d’aujourd’hui est un exemple criant» a dit Myriam Favier, cheffe du bureau CICR à Goma. «Toutes les parties au conflit doivent respecter le droit international humanitaire et épargner les civils. Ce n’est pas un choix, c’est une obligation.»
Ce type d’incident récurrent touche en particulier les quartiers excentrés de Goma et les sites de personnes déplacés autour de la ville, en raison notamment de la proximité des opérations militaires aux civils.
Depuis plusieurs mois, les civils sont victimes d’événements similaires à ceux d’aujourd’hui, à Goma et ailleurs, dont des incidents impliquant des engins explosifs en zone peuplés. En zones urbaines les objectifs militaires, les personnes civiles et les biens de caractère civil sont étroitement imbriqués. Quand les combats s’approchent, les conséquences sont souvent très lourdes pour les civils.
Par ailleurs, une communication faussement attribuée au CICR circule sur les réseaux sociaux avec le logo du CICR. Nous condamnons cet acte et rappelons que l’utilisation frauduleuse de l’emblème de la Croix-Rouge est une violation du droit international humanitaire.
Le CICR rappelle à toutes les parties au conflit leur obligation de respecter et de protéger les personnes civiles. Toutes les mesures pratiquement possibles doivent être prises par les parties au conflit afin de minimiser les conséquences humanitaires des opérations militaires sur les civils. Cela inclut de prendre des précautions tant actives que passives. »
Par la suite, Congo Check a contacté Erick, l’internaute dont la capture d’écran annonçant 40 morts a largement circulé sur la messagerie WhatsApp. Il a déclaré avoir tiré le faux communiqué dans des différents groupes WhatsApp.
Par ailleurs, les sources officielles parlent d’une dizaine de morts.
Congo Check a analysé un communiqué attribué au CICR annonçant 40 morts après qu’une bombe est tombée dans le camp de déplacés de Lushagala à Goma, dans l’est de la RDC et a conclu qu’il est faux.