Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, en date du 23 avril 2022, le ministre de la santé publique, hygiène et prévention de la RDC a déclaré la 14ème épidémie de maladie à Virus Ebola à Mbandaka, province de l’Equateur. La déclaration est survenue après la confirmation par le laboratoire de référence de l’Institut National de Recherche Biomédicale (INRB) d’un cas de maladie à virus Ebola (MVE) chez un étudiant de sexe masculin âgé de 31 ans, habitant le quartier Mbandaka 1, en zone de santé de Wangata. Depuis cette annonce, plusieurs publications et commentaires attestant le dénis de la maladie sont en hausse sur les réseaux sociaux. Dans ce FactSheet, Congo Check revient sur cette série de publications et désamorce les contenus faux y relayés en vue de contribuer à l’adhésion communautaire à la riposte engagée par le gouvernement congolais et ses partenaires.

Entre théorie du complot et politisation de la maladie

“La maladie à Virus Ebola n’existe pas à Mbandaka. La résurgence d’Ebola déclarée par le ministre de la santé c’est de l’arnaque. Cela a été négocié et planifié à Mbandaka par le gouverneur illégitime BOBO et le ministre de la santé (pion de Jean-Pierre Bemba au gouvernement) lors de sa mission à Mbandaka. Nous ne pouvons pas cautionner cette aventure pour que les partenaires amènent l’argent que BOBO et BEMBA vont détourner pour continuer à endetter la République Démocratique du Congo. Nous avons besoin du Chef de l’État à Mbandaka dans les semaines à venir et que la population ne croit jamais à cette supercherie (Ebola-business)” écrit avec sérénité la page Facebook Génération Consciente de l’Équateur.

Dans le groupe Facebook “J’aime Butembo”, principalement constitués des habitants de la deuxième ville du Nord-Kivu et épicentre de la dixième épidémie d’Ebola, les commentaires de déni sont clairement mis en avant, mêlant une tendance à l’extermination du peuple, de big pharma business et de report des élections. “Tena munaanja ile mauwaji yenyu! Tushaka bavumbula mujiambiye iishiye pale dju musiwaze que tena munapata ma kazi !-NDLR-Vous relancez encore votre activité criminelle! Cette fois-ci nous sommes avertis de vos méthodes, ne pensez pas que vous allez vous faire de l’argent en vous créant des salaires dans ce business” écrit un internaute. Un autre replique toujours en langue Swahili: “Ebola+État de siège=hamuta voteka tena-pour dire- avec l’épidémie d’Ebola déclarée et l’instauration de l’État de siège, cela signifie que les élections n’auront pas lieu”.

La province de l’Équateur, un de foyer naturel de la maladie à virus Ebola

L’actuelle épidémie représente le quatorzième épisode de la fièvre hémorragique Ebola en République Démocratique du Congo. C’est dans cette province du Nord-Ouest de la RDC que les premiers cas de cette maladie furent détectés. Sur son site internet, l’Organisation Internationale de la Santé indique que le nom de la maladie dérive de celui d’une rivière située près de l’un de premiers foyers de ce virus. “Le virus Ebola provoque une maladie aiguë et grave, souvent mortelle si elle n’est pas traitée. La maladie à virus Ebola est apparue pour la première fois en 1976, lors de 2 flambées simultanées à Nzara (aujourd’hui au Soudan du Sud) et à Yambuku (République démocratique du Congo). Yambuku étant situé près de la rivière Ebola, celle-ci a donné son nom à la maladie.

https://www.ulb-cooperation.org/fr/actualites/ebola-la-riviere-blanche/

La désinformation, une entrave à la réponse sanitaire

Alors que le gouvernement de la République Démocratique du Congo et ses partenaires, notamment l’OMS se mobilisent pour freiner la transmission de cette maladie ou sa progression vers Kinshasa, ville de plus de 10 millions d’habitants, la désinformation engagée par les membres de la communautés locale risque d’entraver ces démarches salvatrices.

L’analyse de monitoring des réseaux sociaux menée par l’organisation Insecurity Insights consultée par Congo Check suggère que de nombreux citoyens congolais ont réagi avec incrédulité à l’annonce d’une nouvelle épidémie d’Ebola en RDC. “Au milieu de ce sentiment d’incrédulité, la majorité de ceux qui publient sur les réseaux sociaux ont exprimé des soupçons qu’un acte criminel pourrait en être la cause. La plupart ont exprimé l’avis que la présence renouvelée d’Ebola en Équateur a été inventée ou délibérément introduite dans la région à des fins économiques. Dans cette veine, l’expression Ebola Business a été régulièrement évoquée par les commentateurs comme ce fut le cas lors des précédentes épidémies des années précédentes” note le rapport.

Congo Check a mobilisé ses équipes afin de répondre à cette désinformation via son programme #FactCheckEbola lancé depuis 2018. L’objectif étant de réduire sensiblement la visibilité de fausses informations liées à la maladie à virus Ebola, afin de permettre au plus grand nombre de personnes habitants la région de Mbandaka d’adhérer à la réponse sanitaire.

Vous pouvez prendre part à la campagne en signalant à Congo Check tout contenu non vérifié, en taguant @CheckCongo sur Twitter ou @FactCheckCongo sur Facebook ou en en envoyant un mail à info@congocheck.net

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Fiston MAHAMBA
K. MAHAMBA WA BIONDI, connu sous le nom de plume "Fiston Mahamba Larousse" est diplômé en sciences de l'environnement et développement durable à l'Institut Supérieur de Développement Rural à Beni. Journaliste basé dans la partie Orientale de la République Démocratique depuis 2012, il s'est forgé dans l'exercice de ce métier après plusieurs formations de journalisme au Deutsche Welle Akademie, le centre de développement médias de la radiodiffusion publique Allemande. En 2018, il s'inscrit à l'École Supérieure de Journalisme de Lille pour parfaire une licence en journalisme multimédia. Ancien officier de communication au sein des Nations Unies, il poursuit un Master2 en Techniques des Métiers de l'Information à l'Université Nazi Boni (Burkina Faso) /Université Lumière Lyon (France). Son livre "Ebola: Fixers, ces boucliers non immunisés" est en cours d'édition. Journaliste et chercheur spécialisé sur la région orientale de la République Démocratique du Congo et les Grands-Lacs africains, ses études se focalisent sur les ressources naturelles, la santé, les conflits... Ses domaines de travail journalistique sont orientés vers l'environnement, le développement, l'emploi, les nouvelles technologies, l'agriculture, la politique, la culture,... qu'il couvre en écriture et images.

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