Depuis quelques mois, un conflit frontalier oppose la République démocratique du Congo à la République de la Zambie dans la province congolaise de Tanganyika. Des affrontements ayant suivi l’occupation des localités congolaises par l’armée Zambienne ont créé une vague d’indignations au sein de la population du Congo-Kinshasa.

Certaines des réactions d’internautes face à ce conflit frontalier contiennent des informations fausses notamment les images utilisées hors contextes, des chiffres erronés ou trafiqués et des théories de complot.

L’armée zambienne quittant la République démocratique du Congo. Bravo au Grand diplomate congolais

Posted by FirstNews of Congo on Tuesday, July 28, 2020

Des images trafiquées

Plusieurs publications de médias annonçant le départ de l’armée Zambienne des localités congolaises à la suite d’une décision de la communauté des États d’Afrique Australe (SADC) utilisent des photos d’illustration qui n’ont rien à voir avec la scène de retrait des troupes Zambiennes. Par contre, certains internautes ont fait usage des images des Forces Armées de la République démocratique du Congo, tout en affirmant qu’il s’agit des photos de l’armée Zambienne, quittant la RDC.

“SÉCURITÉ: L’armée zambienne quittant la République démocratique du Congo. Merci @fatshi13 (ndlr= Felix Antoine Tshisekedi Tshilombo), grand diplomate congolais” écrit une de ses publications utilisant une photo que Congo Check a retrouvé dans plusieurs publications datant d’avant le récent conflit de limitation des frontières entre la RDC et la Zambie. En menant des recherches par Google Image Research (voici comment procéder), une dizaine de publications en lien avec le domaine sécuritaire de la République démocratique du Congo utilisent cette photo.

En zoomant la photo, le drapeau et d’autres insignes de l’armée de la République démocratique du Congo est visible sur les tenues que portent les soldats

L’armée Zambienne compte-t-elle 15.100 hommes et 20 chars de combat ?

“L’armée zambienne c’est 15.100 hommes actifs, 20 chars… Seul Beni a plus de 21.000 militaires. Et on se plaint de l’occupation !” écrivait sur son mur Facebook Marcellin Cikwanine, secrétaire général en charge de la coopération régionale, porte-parole et membre du bureau politique de l’opposition armée menée par le général Faustin Munene.

Si ces chiffres figurent dans la catégorie Manpower de l’armée Zambienne sur le site internet du Global Fire Power, le classement mondial de performance des armées par État, il ne représente pas la totalité des militaires de l’armée Zambienne. Le site internet indique que ce chiffre ne représente que le personnel actif actif de l’armée Zambienne, mais pas tous les membres de cette force armée.

L’armée zambienne c’est 15.100 hommes actifs, 20 chars… Seul Beni a plus de 21.000 militaires. Et on se plaint de l’occupation !

Posted by Marcelin Cikwanine on Wednesday, May 13, 2020

Quant au nombre de chars de combat, le Global Fire Power, qui classe la Zambie en tant que seizième puissance militaire au niveau du continent africain, donne un chiffre de 75 chars de combat, contrairement aux 20 épinglés par la publication Facebook de Marcellin Cikwanine.

L’envahissement de la RDC par la Zambie, une politique internationale pour la balkanisation du Congo-Kinshasa ?

L’article du média 24news Agency [débusqué par Congo Check via ce FactCheck] soutient que la position de la Banque Mondiale rejetant la superficie et la souveraineté des frontières de la RDC justifierait l’envahissement du territoire congolais par les armées étrangères. L’article dénonce également le mutisme des organisations sous-régionales sur ce conflit, mettant en avant un plan international de balkanisation de la RDC.

« Et si la Zambie n’a fait que récupérer un territoire à elle reconnue par la « communauté internationale»? Ceci explique, fort probablement, pourquoi l’Union africaine est indifférente, la SADC n’a jusqu’à ce jour donné aucune suite aux doléances de Kinshasa sur les velléités expansionnistes de Lusaka. L’armée zambienne aurait encore avancé de quelques kilomètres dans la RDC. La situation est si grave que Félix Tshisekedi s’est plaint chez Sassou qui, pourtant, a aussi rabioté des îlots de la RDC dans le Pool Malebo. Ce n’est plus un secret, tous les voisins de la RDC lui ont ravi, de force, des pans territoriaux, même les Etats de façade comme la Centrafrique et le Sud-Soudan. Fabriquées à l’étranger, probablement en Chine, avec des légendes en anglais, des cartes physiques (géographiques) de la RDC ostentatoirement amputée sont toujours en vente notamment à Kinshasa, en dépit d’une recommandation de l’Assemblée nationale pour leur retrait du marché » conclut l’article publié le 24 juillet 2020.

Pourtant sur le deuxième alinéa 3, deuxième sujet du compte rendu de la reunion du conseil des ministres du 24 juillet dernier, consacré au litige frontalier entre la RDC et la Zambie renseigne que l’organisation régionale des pays de l’Afrique Australe, SADC, a pris position pour la RDC, en demandant le retrait des troupes Zambiennes du territoire congolais dans un délai de sept jours.

« Le ministre de la défense a informé le conseil sur les derniers développements du litige frontalier entre la RDC et la Zambie. Après examen du contentieux frontalier qui oppose la Zambie à la République Démocratique du Congo, la SADC saisie par la RDC vient de décider que les localités de Kibanga et de Kalubamba font partie de la République Démocratique du Congo. Il a été donné 7(sept)jours à l’Armée Zambienne pour évacuer ses troupes » lit-on dans le compte rendu de cette reunion.

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Fiston MAHAMBA
K. MAHAMBA WA BIONDI, connu sous le nom de plume "Fiston Mahamba Larousse" est diplômé en sciences de l'environnement et développement durable à l'Institut Supérieur de Développement Rural à Beni. Journaliste basé dans la partie Orientale de la République Démocratique depuis 2012, il s'est forgé dans l'exercice de ce métier après plusieurs formations de journalisme au Deutsche Welle Akademie, le centre de développement médias de la radiodiffusion publique Allemande. En 2018, il s'inscrit à l'École Supérieure de Journalisme de Lille pour parfaire une licence en journalisme multimédia. Ancien officier de communication au sein des Nations Unies, il poursuit un Master2 en Techniques des Métiers de l'Information à l'Université Nazi Boni (Burkina Faso) /Université Lumière Lyon (France). Son livre "Ebola: Fixers, ces boucliers non immunisés" est en cours d'édition. Journaliste et chercheur spécialisé sur la région orientale de la République Démocratique du Congo et les Grands-Lacs africains, ses études se focalisent sur les ressources naturelles, la santé, les conflits... Ses domaines de travail journalistique sont orientés vers l'environnement, le développement, l'emploi, les nouvelles technologies, l'agriculture, la politique, la culture,... qu'il couvre en écriture et images.

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