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Cette image de 2015 montre trois militaires accusés de complicité avec les insurgés à Bujumbura et non le M23 capturés à Bambo

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Une image sur laquelle on voit trois hommes en tenues militaires, torse nue et assis par terre, a été publiée sur le réseau social Facebook. L’auteur de cette publication accompagne cette image d’une légende annonçant l’arrestation par les jeunes résistants Wazalendo, de trois éléments du mouvement du 23 Mars (M23) à Bambo en territoire de Rutshuru. Cette publication a directement interressé les internautes, qui y ont réagit croyant en cette désinformation.

Méfiez-vous, Congo Check a vérifié et les éléments trouvés, prouvent que cette image est ancienne. Elle date de 2015 et montre trois militaires accusés de complicité avec les insurgés à Bujumbura. Rien à voir avec le M23. Et même l’information de l’arrestation de ces trois éléments M23 est également fausse selon différentes sources contactées à Bambo.

“Urgent : trois éléments M23RDF de la faction RED Tabara qui combattent au côté du M23, viennent d’être arrêté et neutralisé à BAMBO à Rutshuru par les wazalendo CMC FDP. L’un d’eux porté Une tenue de l’armée Burundaise. La patrie ou la mort, nous vaincrons”.

Certains internautes ont pensé que cette image montre réellement les éléments M23 capturés. C’est le cas de Innoncent Kizungu qui s’insurge contre leur présentation. « Et après, pourquoi nous les présentés, ayez l’esprit militaire » écrit-il dans en commentaire. D’autres se questionnent sur la véracité de l’information. « Sources » demande Nicolas Dunia Ileke. Et Predro Perez réplique « pure mensonges pour masquer la population ».

L’internaute Mercieux Congolais Muzalendo publie cette information dans un groupe Facebook, sans l’accompagner de cette image. C’est donc une ancienne image en provenence du Burundi, qui n’a aucun lien avec ce qui se passe actuellement en province du Nord-Kivu.

Avant toute vérification, l’équipe de Congo Check a d’abord contacté l’auteur de cette publication pour connaître ses motivations et savoir ses sources. A partir du numéro collé sur sa page Facebook, nous lui avons laissé un message, mais ce dernier n’a pas donné suite.

Image prise en 2015 par l’armée burundaise

Nous nous sommes premièrement concentrés sur l’image publiée. Grâce à des techniques recherche inversée d’images, Congo Check a trouvé la trace de cette image sur internet. Dans cet article publié le 12 janvier 2016 sur le site de Voix de l’Amérique, il est indiqué clairement que cette image prise le 11 décembre 2015, par l’armée burundaise. « Trois militaires accusés de complicité avec les insurgés à Bujumbura, Burundi, 11 décembre 2015. Photo/Armée burundaise » peut-on y lire.

Ceci est la preuve que ce cliché ne peut plus être celui des éléments M23, « capturés » en 2024 à Bambo dans le Rutshuru. Elle n’a rien à voir avec le M23. Nous avons également trouvé cette image collée dans un autre article publié le 26 janvier 2016.

Aucun rebelle du M23 arreté à Bambo

Deuxièmement, en ce qui cette prétendue arrestation des trois éléments M23 à Bambo, Congo Check a contacté plusieurs sources, à commençant par les Wazalendo. Ricky Puluku leur porte-parole civile a confirmé l’information. « vrai » a-t-il répondu sans donner plus de détails.

Pour peaufiner nos recherches, nous avons contacté par téléphone monsieur Kulu Kaboli Prince, le chef du groupement Bambo. Ce dernier a catégoriquement démenti l’information. « Je viens de vérifier, c’est faux. C’est une fausse information » nous a-t-il répondu.

Nous avons également contacté Isaac Kibira, administrateur délégué adjoint du gouverneur à Bambo, lui aussi a démenti. « Après vérification c’est une anarque. Bambo c’est calme sauf imprévu. Les gens disent et informent des mensonges » a-t-il répondu à Congo Check.

Du côté mouvement du 23 Mars, notre équipe est entré en contact avec leur porte-parole militaire, Willy Ngoma. Ce dernier a qualifié cette information « du n’importe quoi ».

Depuis le début de cette guerre entre les forces armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et le M23, plusieurs fausses informations sont souvent publiées sur les réseaux sociaux. Des informations qui peuvent induire l’opinion en erreur. D’où la nécessité pour Congo Check de remettre cette image dans son vrai contexte.

Risque d’exasperation dans la région des Grands-Lacs

La désinformation durant une période de conflits est un fléau qui risque d’embraser la région. Comme le note plusieurs rapports tant de l’ONU que d’organisations non gouvernementales, le discours de haine s’est nourri de cette escalade entre les Etats de la région (RDC, Rwanda, Burundi) pour attiser les tensions entre communautés ethniques. Ces agissements ont occasionné des morts par lynchage dans plusieurs cas, motivés par des sentiments antagonistes entre les membres de diverses tribus.

Lors de son adresse devant le conseil de securité de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, ambassadrice des Etats-Unis auprès de cette institution a appelé les parties en conflits à prendre des mesures pouvant contribuer à desescalade.


« Pour conclure, nous invitons instamment les parties à saisir cette occasion unique d’apporter la paix à la région en s’engageant pleinement dans les processus diplomatiques et en prenant des mesures courageuses pour mettre fin à ce conflit. Dans l’intérêt des populations de la région des Grands Lacs, nous ne devons pas laisser cette occasion nous échapper.»

— Linda Thomas Greenfield, Ambassadrice des USA à l’ONU

“Le Rwanda doit immédiatement retirer ses plus de 4 000 soldats du territoire de la RDC et cesser de soutenir le M23. Le M23 doit se retirer immédiatement sur ses positions de novembre 2023. Et la RDC doit prendre des mesures immédiates contre les FDLR et cesser de soutenir ce groupe”.

Avis de Congo Check à la communauté en ligne de la République démocratique du Congo, de la République centrafricaine, du Congo-Brazzaville et de l'Afrique francophone : Si votre contenu est étiqueté comme faux, partiellement faux, sans contexte, photo ou vidéo retouchée... ne le supprimez pas ! Modifiez-le, avec la mise à jour de l'article de vérification que nous mettons à votre disposition, puis signalez-le-nous ! Ou faites un recours si vous estimez que notre article de vérification ne contient pas suffisamment d'éléments factuels susceptibles d'appeler à la modification de votre contenu. Notre équipe sera alors avertie et procédera au retrait du tag ou vous fournira plus d'assistance dans la compréhension du contexte autour de votre contenu ! En supprimant le contenu, nous ne pourrons malheureusement rien faire de plus et la sanction sera maintenue !

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John Mukengere
Je suis John Mukengere, diplômé de l'université de Kinshasa en sciences de l'information et de la communication. Je travaille dans les medias depuis 2011 comme jourmaliste. Avec une experience non négligeable dans la production audiovisuelle. J'ai intégré Congo Check en début de l'année 2022.

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