Un communiqué attribué à la Cour pénale internationale (CPI) sur le massacre des manifestants du 30 août 2023 à Goma est largement partagé sur les réseaux sociaux Facebook et WhatsApp. Ledit communiqué condamne l’action des militaires de la garde républicaine et annonce l’ouverture d’une enquête judiciaire sur le régime du président Félix Tshisekedi. Attention, ce communiqué est un montage, il n’émane pas de la CPI. La Cour a démenti, et nous n’avons trouvé aucune trace de ce document sur les canaux officiels de communication de la CPI.
Publié le mercredi 7 août 2023, le communiqué lit :
« La Cour pénale internationale a appris avec consternation le massacre des civils commis à Goma, faisant plus de 163 morts. Cet acte est un crime contre l’humanité commis par les militaires de la Garde Présidentielle. La CPI annonce l’ouverture d’une éventuelle enquête et ouvre un dossier judiciaire sur le régime de Félix Tshisekedi. »
Le même communiqué a également été publié sur le compte Facebook de l’internaute Didi Mwati Bulambo.
Ces doutes des internautes
Plusieurs internautes avaient déjà émis des doutes quant à l’authenticité de ce communiqué attribué à la CPI, c’est le cas par exemple de l”internaute John Kizila qui a dit :
« Cher Didi, il me semble que ce communiqué est un fake news. Si vous regardez la date à la quelle on a transmis le 04/08 alors que le massacre avait eu lieu le 30/08. Peut être qu’ils se sont aussi trompés ou carrément c’est un faux. »
« Cher John Kizila ,au délà de la date, je trouve le communiqué si simpliste (deux phrases) et abstrait. Il y a de quoi douter de son authenticité », a souligné Marcellin Musemakweli.
Faux document
Dans ses investigations, Congo Check a contacté Patrick Tshibuyi, le responsable de la communication à la CPI/Kinshasa qui nous a indiqué que s’il s’agit d’un faux communiqué.
« C’est un faux document », a dit Patrick Tshibuyi.
Faussetés et irrégularités repérées dans le communiqué
Congo Check a repéré quelques faussetés et irrégularités contenues dans ce communiqué. Il s’agit notamment de :
• La date de rédaction : le communiqué est signé à la date du 4 août 2023, soit 26 jours avant la manifestation du 30 août 2023 à Goma.
•Surestimation de nombre des morts (163) : les sources officielles parlent d’une cinquantaine de morts.
https://7sur7.cd/2023/09/06/carnage-goma-le-bilan-passe-de-43-51-morts-gouvernement
• Son absence sur les canaux de transmission de la Cour pénale internationale (CPI). Il s’agit notamment de son site web et sa page officielle Twitter. Tous les communiqués officiels de la CPI y sont publiés.
#LeSaviezvous
— CPI-Cour pénale int. (@CourPenaleInt) September 4, 2023
En plus de l'anglais & du français – les langues de travail #CPI – plus de 20 langues ont été parlées en audience.
Les personnes mises en cause ont le droit de suivre les procédures dans une langue qu’elles comprennent & parlent parfaitement📖https://t.co/gzACpyCUVX pic.twitter.com/KgcUIr8Be0
Au cours de la manifestation du 30 août initiée par les « Wazalendo » à Goma contre la Monusco, plusieurs personnes ont été tuées par les forces de l’ordre de la garde républicaine déployées pour contrer la manifestation. Et c’est dans ce contexte que ce faux communiqué est apparu sur les réseaux sociaux.
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