- Depuis le 24 Mars, des publications inondent le réseau social Facebook, affirmant que les hélicoptères de la Monusco en survolent dans l’espace Beni et Ituri, appuient les rebelles. Méfiez-vous, il s’agit d’une intoxication.
“Les lignes aériennes de la Monusco semblent amener des rebelles à Beni dans le village de KISAKA et déchargent des armes lourdes quotidiennement dans les montagnes, pourtant c’est eux qui sont censés nous apporter une sécurité”, écrit Fizi talent sur sa page Facebook. Dans 72 heures seulement, cette publication a collecté 200 mentions j’aime, 250 commentaires et partagée près de 2 000 fois.
Son auteur la publication illustre son intox par une photo d’un hélicoptère de la mission onusienne en cours d’atterrissage. Et pourtant, l’image dont il fait objet, a été prise à Tchadi dans le territoire d’Irumu (Ituri) et non à Beni (Nord-Kivu), selon les recherches menées par Congo Check auprès des acteurs de la société civile de cette zone.
Le survol des villages à la base de la panique
Le 8 Mars dernier, une panique a été observée dans le village de Tchabi suite au survole des hélicoptères de la Monusco dans la région.
Le Président de la société civile locale contacté par Congo Check affirme que « c’est aux environs de 13 heures que ce survol près du village de Chabi ». « Cette situation a entrainé une panique au sein de la population qui a fui ce village vers l’autre voisin de Boga. La Monusco n’avait pas informé d’avance les autorités locales et membres du comité de sécurité, voilà pourquoi la peur avait gagné les habitants de Tchabi», a dit Lingasa Benago.
Par ailleurs, cette panique de la population de Tchabi a généré des publications d’intoxication sur le réseau social Facebook.
Moins la publication de Fizi talent, d’autres internautes ont distillé des fausses accusations aux casques bleus de la Monusco.
Allégations sans preuves
« Aucune preuve n’atteste que ces allégations sont vraies » fait savoir Vérité Johnson, journaliste correspondant de la Radio Muungano Oicha à Bunia, plus de 100 Kilomètres de Tchadi. « Les hélicoptères de la Monusco survolent cet espace du territoire d’Irumu mais personne n’a démontré une preuve prouvant que l’appui de la Monusco aux rebelles. C’est une intoxication pire et simple», a-t-il renchéri.
Le président de la société civile de Tchadi affirme à son tour qu’un seul hélicoptère de la Monusco avait posé ses pieds au sol et repartir quelques minutes et deux autres survolaient l’espace. Lingasa Bomengo fait savoir à Congo Check : « Rien de suspect n’était remarqué. Seulement le manque d’information entre la Monusco et les autorités locales sur le survol de ces hélicoptères. C’est qui était à la base même de la panique », rappelle-t-il.
Une patrouille aérienne de la MONUSCO
Contacté par Congo Check, le chef de bureau de la Mission des Nations Unies en RDC, Monusco, en Ituri, confirme le survol de ces hélicoptères dans la région d’Irumu.
« Le 8 Mars dernier, 3 de nos hélicoptères ont mené une mission de reconnaissance et de renseignement dans le territoire d’Irumu notamment à Tchabi, Boga et Komanda. La panique ? Je ne sais d’où elle est venue car les autorités congolaises étaient bien informées de ce mouvement », fait savoir Josiah Obat, s’exprimant en Swahili.
Il appelle la population au calme car l’objectif de ce survol dans le territoire d’Irumu était « sécuritaire ».
« Nos hélicoptères ont sillonné la zone à la recherche des informations sécuritaires. Nos éléments ont pris seulement des photos dans le cadre de renseignement. Et après nous allons partager ces informations avec l’armée congolaise Fardc [Forces armées de la République Démocratique du Congo : Ndlr] pour qu’ensemble, puissions étudier l’identité de la cible. Est-ce qu’il a des rebelles dans la zone ou la population civile ? Je demande à la de ne pas avoir peur quand les hélicoptères de la Monusco circulent. C’est pour leurs biens », précise-t-il.