Sur Facebook, des publications présentent l’inhalation de la vapeur comme remède au Coronavirus. Les auteurs de ces posts soutiennent entre autres qu’à 50°C, le coronavirus « devient invalide c’est-à-dire paralysé, à 60°C il devient si faible que n’importe quel système immunitaire humain peut lutter contre lui et à 70°C il virus meurt complètement ». Attention, aucune source médicale, ni scientifique n’étaye cette thèse.
Sur le mur de l’internaute Nathalie Foubert par exemple, la proposition d’inhaler la vapeur pour combattre le coronavirus est incluse dans une longue publication partagée plus de 60 fois. L’internaute propose également pour lutter contre le coronavirus : l’exposition au soleil pendant 15 à 20 minutes, un repos et un sommeil de minimum 7 heures, la consommation d’au moins 1 litre et demi d’eau par jour ainsi que d’aliments exclusivement chauds en plus de fruits et d’eau chaude.
En commentaires, plusieurs personnes se sont laissées avoir. Piloux Piloux a estimé que « ça ne coûte rien de le faire » alors que d’autres, tout en remerciant l’auteure, ont promis de relayer l’information. Toutefois, des perspicaces ont émis des doutes. « Oui tout ça reste à prouver. Ça me laisse un peu sceptique », a noté Yannick Brun. Denis Briane a pour sa part soulevé l’indécence de la méthode : « Ce n’est pas facile d’envoyer de la vapeur à 70 degrés pendant plusieurs minutes dans le nez, il faut un vaporetto alors ».
Ce que disent les sources médicales
Selon l’OMS, « les micronutriments comme les vitamines D et C ou le zinc sont essentiels au bon fonctionnement du système immunitaire et jouent un rôle fondamental dans le domaine de la santé et du bien-être nutritionnel ». Cependant, aucune orientation « concernant l’emploi de suppléments en micronutriments comme traitement de la COVID-19 n’existe à ce jour ». L’organisation qui coordonne les efforts de développement et d’évaluation des remèdes contre la Covid-19 explique également qu’on peut contracter la COVID-19 sous n’importe quel climat, même dans des pays désertiques ou ensoleillés. « Les pays où le climat est chaud ont rapporté des cas de Covid-19. D’après les données dont on dispose jusqu’à présent, le virus de la Covid-19 peut se transmettre dans toutes les régions, y compris les zones chaudes et humides », rappelle d’ailleurs l’OMS sur son site.
Vous pouvez retrouver d’autres conseils de l’OMS au grand public pour en finir avec les idées reçues via ce lien.
Théorie soutenue par l’ex président tanzanien Magufuli
Nos recherches ont également permis de retrouver un autre soutien de taille à cette pratique. De son vivant, l’ancien président tanzanien encourageait ses compatriotes à inhaler la vapeur pour guérir la Covid-19. Cité par l’AFP, Dr Jason McKnight a vite balayé cet argument. « Les gens trouvent que l’inhalation de vapeur, pendant toute sorte de maladie respiratoire, les soulage de leurs symptômes, tels que la toux ou les congestions nasale et thoracique. Cependant, il ne s’agit que d’un soulagement symptomatique et non du traitement d’une infection virale », explique ce professeur clinicien adjoint à la faculté de médecine de la Texas A&M University, alertant au passage sur le risque des brûlures dues à la vapeur d’eau chaude pour les yeux, le visage et les voies respiratoires.
Selon les publications à polémiques, un certain Docteur Rueff serait auteur de ces remèdes. Les recherches menées sur ce nom ont permis d’identifier un médecin éponyme qui se présente comme « diplômé Universitaire de Cancérologie », ce qui cadre avec l’étiquette « cancérologue » que lui colle ces publications. Sur son blog, Dominique Rueff se décrit comme « un fervent défenseur de la prévention et de l’accompagnement nutritionnel et environnemental des maladies liées à l’âge ». Parmi ces billets, aucun ne fait allusion à l’inhalation de la vapeur comme remède au coronavirus.
Approché par Congocheck pour d’autres détails, un membre du comité de riposte contre le Coronavirus en RDC met en garde sur « les thérapies des réseaux sociaux » qui ne sont pas toujours médicalement adaptées. « Seule l’OMS est habilitée à homologuer un traitement et ce, après des essais cliniques et paracliniques », fait savoir ce médecin épidémiologiste qui a préféré ne pas voir son identité être révélée.
Depuis l’apparition du coronavirus, plusieurs rumeurs circulent sur Internet. En RDC, ces idées reçues ont couté la vie à plusieurs personnes tel que rapporté ici par Congo Check. À ce jour, la vaccination et les mesures barrières sont les voies indiquées pour empêcher la propagation du coronavirus.