Depuis l’annonce faite par le président congolais Félix Tshisekedi de sa volonté de vouloir réviser la constitution, il observe dans l’opinion publique congolaise des réactions venant de différents horizons. Les uns soutiennent l’idée du régime en place, pendant que d’autres la rejettent catégoriquement. Certains internautes profitent de ce débat sur la révision constitutionnelle engagée au sein de la classe politique et dans l’opinion pour publier des fausses informations. C’est le cas de cette vidéo de Vital Kamerhe s’exprimant sur cette matière. L’internaute qui a publié cette vidéo l’attache aux débats actuels (2024), en collant les images des opposants au régime actuel qui sont en prison et l’image du président Félix Tshisekedi. Pourtant, après analyse, il s’avère que cette vidéo n’a aucun lien avec le régime de Félix Tshisekedi.
Congo Check a fait des recherches et les résultats indiquent que la vidéo a été filmée à l’époque de Kabila Joseph. La remettre sur la scène en cette période d’agitations sur la question de révision constitutionnelle est un canular.
« Mr Vital Kamerhe qui vous ici est président du Parlement (AN). »
Cette vidéo a déjà été vue plusieurs fois depuis sa mise en ligne. Certains internautes l’ont déjà commenté. Sur une page YouTube, quelqu’un a même publié cette vidéo, avec cette légende : « Vital Kamerhe a contredit Félix Tshisekedi sur le changement de la constitution. »
Pourtant, très ancienne, cet internaute attache cette vidéo au régime de Félix Tshisekedi. « Vital Kamerhe détruit l’union sacrée, à cause de la révision constitutionnelle », écrit-il.
Avant d’amorcer les recherches sur cette vidéo, Congo Check a d’abord essayé de contacter l’auteur de cette publication pour connaître ses sources, mais ce dernier n’a pas répondu à notre message.
Analyse de la vidéo
Notre équipe s’est alors lancée dans la recherche pour connaître l’origine de cette vidéo et les circonstances dans lesquelles elle a été prise. Ainsi comprendre si elle a un lien ou pas avec le régime actuel. Pour y parvenir,
L’équipe de Congo Check a fait une analyse minutieuse de la vidéo qui fait l’objet de nos recherches. Plusieurs éléments, dans le dire de Vital Kamerhe, prouvent qu’elle est ancienne. Elle a été filmée avant même que Félix Tshisekedi, soit président de la République Démocratique du Congo.
En visualisant seconde par seconde la vidéo en question, on attend Vital Kamerhe, citer le nom de l’ancien président Joseph Kabila. « Le président Kabila s’il fait une déclaration pour contredire… » à partir de la première minute (une minute et une seconde). Un peu plus loin, vers 1 minute 26 secondes, le même Kamerhe dit : « Et nous, nous prenons l’engagement d’aller au dialogue avec un esprit de construction… ». Cela prouve clairement que la vidéo a été tournée avant le dialogue national organisé en RDC en septembre 2016. À cette époque, Félix Tshisekedi n’était pas encore président de la République. Cette vidéo ne peut donc pas être utilisée comme l’opposition de Vital Kamerhe, à la volonté de l’actuel président Félix Tshisekedi de réviser la constitution.
Dans notre analyse de la vidéo, nous avons remarqué que les images de certains prisonniers opposants au régime du président Félix Tshisekedi ont été collées à l’ancienne vidéo de Vital Kamerhe, pour tromper l’opinion. En réalité, cette vidéo de Vital Kamerhe dans laquelle il parle de l’inopportunité de la révision constitutionnelle était tournée ou filmée pendant que ces opposants prisonniers, aujourd’hui sous le régime Tshisekedi, étaient en liberté.
Autre fait qui prouve que cette vidéo est ancienne par rapport au régime de Félix Tshisekedi. À cette époque (2016), Vital Kamerhe n’était plus président de l’Assemblée nationale. D’ailleurs, il était dans l’opposition contre l’ancien président Joseph Kabila. Collée une légende des nouvelles fonctions de Vital Kamerhe, sur une ancienne vidéo, est un canular.
Cette vidéo publiée sur Facebook, dans laquelle Vital Kamerhe parle de l’inopportunité de la révision constitutionnelle, est donc ancienne et n’a aucun lien avec le régime de Félix Tshisekedi.