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RDC: la mention “Union Européenne” sur le premier lot de vaccins contre la Mpox ne met pas en cause son efficacité

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Dans une vidéo de deux minutes et neuf secondes publiée sur le compte TikTok @georgia_merci et reprise sur plusieurs profils Facebook, WhatsApp et Instagram, des assertions erronées sont évoquées en lien avec les vaccins contre la Mpox, sa propagation voire la repartition de cas de cette maladie en République démocratique du Congo.

Allégations :

  • 1. Les piqûres (ndlr: doses de vaccins) contre la Mpox livrés en RDC sont différentes de celles disponibles en France;
  • 2. Don du centre de contrôle et de la prévention des maladies (CDC, un organisme américain) via la branche du centre de contrôle et de prévention de l’Union Africaine (CDC Africa) mais les vaccins livrés au Congo-Kinshasa ont le logo de l’Union Européenne;
  • 3. La maladie vise la communauté LGBT et les doses ont été fabriqués par Gavi de Bill Gates
  • 4. Seule la partie orientale de la RDC est visée par la vaccination pendant qu’il n’y a pas assez de cas répertoriés dans cette zone.

Classement par Congo Check: Fausse information, théorie de complot, désinformation antivax, infodémie

Pourquoi nous débusquons cette publication

L’application TikTok est devenue au fil des dernières années, l’une de plateformes de création et de consommation des contenus par les internautes congolais. Contrairement à d’autres réseaux sociaux dont les contenus restaient dans leur niche de diffusion (à titre d’exemple les Reels sur Facebook se partageaient par les internautes uniquement sur les applications Meta), les contenus en top tendances sur TikTok sont disséminés sur les autres réseaux sociaux principalement Facebook et les stories WhatsApp. Aussi, plusieurs internautes contournent les restrictions mises en place par les plateformes en recourant en contenus en langues locales. Il est aussi important de souligner qu’aucun programme de lutte contre la désinformation et la violation des standards de TikTok via les langues locales de la République démocratique du Congo n’est en vigueur à ce jour, pourtant le pays est actuellement l’épicentre de la fièvre simmiene Mpox. D’où l’intérêt d’apporter des éclairages scientifiques aux assertions contenus dans cette vidéo afin de contrer sa propagation.

  1. Le vaccin Jynneos disponible en RDC est le même que Imvanex administré en France

Dans ses recherches, Congo Check a consulté plusieurs documents émanant des organismes responsables de la vaccination contre la Mpox afin de se rassurer s’il existe une différence entre les vaccins déployés en RDC et dont la campagne de vaccination n’a pas encore débuté et ceux utilisés déjà dans les campagnes vaccinales en France. Selon l’Observatoire des Médicaments, des Dispositifs médicaux et de l’Innovation Thérapeutique d’Ile-de-France (OMEDIT IDF), les quantités de vaccin IMVANEX disponibles en Europe étant limitées, l’EMA a recommandé que des doses importées du vaccin JYNNEOS puissent être utilisées. “Le vaccin JYNNEOS, autorisé aux Etats-Unis par la FDA, est le même que celui autorisé en Europe sous le nom IMVANEX” précise cette structure spécialisée dans le domaine sanitaire en France.

Cette information est confirmée par la Haute Autorité de la Santé française, qui a donné des nouvelles instructions en matière de prévention contre la Mpox depuis que l’organisation mondiale de la santé, OMS a annoncé le 14 août dernier que l’épidémie actuelle de la Mpox constitue une urgence sanitaire universelle.

La HAS s’est notamment appuyée sur les connaissances disponibles concernant le MPXV, sur les données épidémiologiques nationales et internationales, ainsi que sur les données d’efficacité du vaccin antivariolique de troisième génération MVA-BN utilisé en 2022 (commercialisé sous le nom Imvanex en Europe et Jynneos aux États-Unis), ces dernières montrant notamment une efficacité vaccinale en pré-exposition plus de 14 jours après deux doses[2] à 82 % écrit un document de cette agence française consulté par Congo Check.

“À l’issue de son évaluation et alors que le mode de transmission par contact intime/sexuel est majoritairement observé quel que soit le clade, elle considère que les cibles de cette vaccination restent inchangées depuis ses précédentes recommandations”.

  1. La mention Union Européenne car il s’agit d’un don de l’agence européenne de réaction aux urgences sanitaires

L’infox en cours d’analyse s’est aussi penché sur la mention Union Européenne sur les paquets visibles sur les premiers lots de vaccins, qui avaient été acheminés par un vol de la compagnie aérienne Ethiopian Airlines le 5 septembre dernier à Kinshasa, prétextant qu’il s’observe un flou entretenu entre les organismes CDC America, CDC Africa qui ont fourni ces vaccins, qui atterrisent finalement au Congo-Kinshasa, estampillés Union Européenne.

Afin de vérifier cette allégation, Congo Check a cherché à savoir quel était l’organisme donateur de ce vaccin. Plusieurs documents dont des communiqués de presse, des déclarations officielles de membres du gouvernement congolais et de l’Union Africaine attestent que les premières doses livrées à la RDC sont un don de l’agence européenne de réaction aux urgences sanitaires (HERA).

  1. Le Mpox n’infecte pas uniquement la communauté LGBT plutôt tout humain se trouvant dans les conditions de contamination

Dans cette campagne visant à empêcher aux masses des populations congolaises de se faire vacciner, l’auteur de la vidéo indique que les infections par le virus Mpox affectent principalement la communauté LGBT et s’étonne de la montée de cas en Afrique où elle précise “que cette communauté est minoritaire”. Congo Check a déjà débusqué cette déclaration, tout en précisant que tout être humain se retrouvant dans les conditions de contamination est exposée à cette maladie sans distinction de race, orientation sexuelle ou de confession religieuse. Une étude du centre américain de contrôle et de prévention des maladies publiée le 4 juillet dernier stipule que “malgré une transmissibilité présumée plus élevée du clade I de la Mpox par rapport au clade II, dans 13 comtés américains, les épidémies simulées de clade I parmi les hommes ayant le sexe avec d’autres hommes étaient plus petites que les épidémies de clade II en cours. Les épidémies du clade I étaient probablement plus faibles en raison de l’immunité antérieure due à la vaccination et à une infection antérieure, ainsi qu’au changement de comportement de la population qui en découle”.

Les vaccins Jynneos/Imvanex sont fabriqués par Bavarian Nordic et non par Gavi ou Bill Gates

Dans la même séquence, la femme qui se filme et qui appelle les africains, principalement ceux de la République démocratique du Congo de se méfier des vaccins contre la Mpox car ces derniers sont fabriqués par Gavi et Bill Gates, qui “supportent Paul Kagame, président du Rwanda, responsable de l’agression de la RDC via le M23”.

En consultant les notes sur la fabrication de vaccins Jynneos et Imvanex, Congo Check constatent que ceux-ci sont fabriqués par la firme Bavarian Nordic au Danemark.

  1. La vaccination ne vise pas uniquement l’Est de la RDC

Dans sa dernière interpellation, l’auteur de la publication s’inquiète “d’une grande mobilisation internationale pour vacciner les populations de la région orientale de la RDC, affectée par des violences armées depuis de décennies pendant que l’épidémie actuelle de la Mpox se concentre dans une seule province du centre du pays”. Congo Check par ses recherches conclut que la vaccination ne vise pas uniquement l’Est de la RDC. D’ailleurs les campagnes de vaccination annoncées au 2 octobre vont visées plusieurs foyers de cette maladie à travers les territoires du pays, touchés dans tous quatre coins cardinaux par de cas de Mpox.

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Fiston MAHAMBA
Fiston MAHAMBA
K. MAHAMBA WA BIONDI, connu sous le nom de plume "Fiston Mahamba Larousse" est diplômé en sciences de l'environnement et développement durable à l'Institut Supérieur de Développement Rural à Beni (RDC). Journaliste basé dans la partie Orientale de la République démocratique du Congo depuis 2012, il s'est forgé dans l'exercice de ce métier après plusieurs formations de journalisme à la Deutsche Welle Akademie, le centre de développement médias de la radiodiffusion publique Allemande. En 2018, il s'inscrit à l'École Supérieure de Journalisme de Lille pour parfaire une licence en journalisme multimédia. Ancien officier de communication au sein des Nations Unies, il a un Master2 en Techniques des Métiers de l'Information à l'Université Nazi Boni (Burkina Faso) en coopération avec l’Université Lumière Lyon2 (France). Il a suivi un cursus de Diplôme Universitaire en Journalisme Web Multimédia à l’Ecole Publique de Journalisme de l’Université de Tours en France avant de poursuivre sa formation en recherche à la Haute Ecole des Sciences de l’Information et de la Communication (CELSA) de la Sorbonne Université à Paris. Son livre "RDC-Ebola: Fixers, ces boucliers non immunisés" est en cours d'édition. Journaliste et chercheur spécialisé sur la région orientale de la République démocratique du Congo et les Grands-Lacs africains, ses études se focalisent sur les ressources naturelles, l’extrémisme violent, la santé, les conflits... Ses domaines de travail journalistique sont orientés vers l'environnement, le développement, l'emploi, les nouvelles technologies, l'agriculture, la politique, la culture,... qu'il couvre en écriture et images.

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