Le 03 mars dernier, le général Brice Oligui Nguema, à la tête du régime militaire de transition au Gabon depuis le coup d’État d’août 2023, a officialisé lundi sa candidature à l’élection présidentielle du 12 avril. Cette annonce a suscité une rumeur virale sur les réseaux sociaux, affirmant qu’il avait démissionné des forces armées gabonaises afin de se présenter en civil au contrôle, conformément aux internautes aux exigences du nouveau code électoral.
« Oligui quitte l’armée pour la présidentielle : une décision forte pour renforcer la démocratie au Gabon », affirmait ainsi le 2 mars la page Facebook Alseny Sylla , dans son post qui a suscité des mentions « j’aime », et des commentaires.
Un autre post relaye la même désinformation, mais le 3 mars dernier.
Pareille pour cette page Facebook, qui parle de cette nouvelle dans un média dénommé Gabon Mail Infos .
La présidence gabonaise rejette cette version
Contrairement à ce que plusieurs médias gabonais ont relayé, cette information est erronée et le chef du régime de transition n’a pas démissionné de l’armée.
Le tôlé que cette fausse information a fait sur les réseaux sociaux a fait réagir la présidence gabonaise le dimanche 2 mars par un démenti vidéo.
« Une rumeur de plus en plus insistante […] fait état de la démission de l’armée, du président de la République, le général de brigade, Brice Clotaire Oligui Nguema. La présidence de la République dément formellement », a déclaré le porte-parole de la présidence, Max Olivier Obame Ndong, dans une communication publiée sur les pages Facebook et X de la présidence gabonaise.
Une autre source est le Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI). Ce dernier a également rejeté la version largement partagée par des médias gabonais.
« Non, le Président de la Transition, Président de la République, Chef de l’État le Général de Brigade Brice Clotaire Oligui Nguema, n’a jamais déclaré dans son discours de samedi qu’il devenait civil ou qu’il démissionnait de l’armée », affirmait le 2 mars sur sa page Facebook cette institution composée d’autorités militaires.
Cependant, le CTRI affirme toujours dans sa publication sur Facebook qu’une simple ” mise à disposition ” est nécessaire pour qu’un militaire puisse se présenter en tant que candidat à l’élection présidentielle. Cette modalité administrative permet au général Oligui de suspendre temporairement son statut et son uniforme de militaire pour se porter candidat à la présidentielle. Puis il pourrait reprendre, « à la fin de la période électorale, sa tenue militaire en attendant les résultats ».
Après ces résultats, “s’il n’est pas élu, il retournera dans les casernes, comme tout militaire en fonction “, explique le CTRI. En revanche, ” s’il est élu, il devra ainsi faire une mise à disposition définitive, car une mise à disposition – temporaire – ne peut pas couvrir un mandat présidentiel de sept ans”, a-t-il dit.
Le discours faussement interprété du général Nguema
En visionnant le discours du président de transition lors du rassemblement au stade de l’amitié de Libreville, au cours duquel il aurait selon les internautes annoncé son retrait de l’armée, permet de confirmer que le général Oligui n’a rien dit de tel.
Le général gabonais, vêtu en treillis et coiffé d’un béret, a au contraire évoqué son « sentiment d’appartenance », à ce corps de métier qui représente selon lui plus de 11 % de l’électorat gabonais.
« Il faudra continuer de rester vigilant, ne pas répondre aux provocations, et surtout rester unis et soudés », a-t-il lancé dans un discours ponctué d’acclamations nourries, où il n’évoque donc pas mettre fin à sa carrière de militaire.
Ce que précise la constitution gabonaise
Dans ses articles 190 et 223, le nouveau code électoral gabonais , promulgué mi-janvier, stipule que les candidatures des officiers généraux, officiers, sous-officiers et militaires de rang des forces de défense et de sécurité aux mandats de députés et de sénateurs ne sont recevables qu’en cas de démission ou de mise en disponibilité préalable. Toutefois, cette exigence n’apparaît pas parmi les critères d’inéligibilité à l’élection présidentielle.