Dans une vidéo publiée sur le réseau social Facebook, une femme donne des explications sur un prétendu remède contre la variole du singe. Celle qui se dit avoir été victime de cette maladie, explique que piler les feuilles de manioc, prendre également le jus de la canne à sucre et oindre le mélange sur tout le corps peut débarrasser de ce virus qui a été déclaré comme une urgence sanitaire par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Des recherches faites par Congo Check révèlent le contraire, aucune étude scientifique n’a prouvé jusqu’ici que les feuilles de manioc et du jus de canne à sucre sont des médicaments de la variole du singe.
Les épidémiologistes avec lesquels nous nous sommes entretenus déclarent que cette recette est fausse, qualifiant ces affirmations d’une des assertions alimentant l’infodemie qui accompagne la propagation de la variole du singe.
La publication est visible sur la page Facebook dénommée « BANA MBOKA ». Le contenu a déjà accumulé plus de 35 mille likes, plus de 1000 commentaires et 7 mille partages.
Des idées reçues encrées dans la communauté et une confusion entre variole du singe-MPOX et varicelle
Congo Check a parcouru l’ensemble des commentaires et remarque que la plus part d’internautes ont cru que l’information était vraie. « Oui, c’est vrai. En 1994 ma sœur a eu la même maladie. Nous avions soigné ça avec la feuille de manioc là et elle a été a guéri » a réagi Antoinette Kombe. Jonathan Kalonda lui pense ceci « la varicelle biso tu tobela yango na bo mwana. Remède pondu ya Congo na permanganate. Oyo eza souches mosusu mama -ndlr- « il s’agit de la varicelle que nous avions tous contracté et qui se soignait par les feuilles de manioc mélangé au permanganate. Mais là il s’agit d’une nouvelle souche».
Par contre Rone Naomie appelle à la prudence, tout en recommandant de ne s’adresser qu’aux médecins en cas de symptômes « Oyo eza monkey pox. Ne confondez pas les choses svp oyo eza ko bomisa batu, soki mutu azui yango akende directement hôpital et non kotia pondu -ndlr- « il s’agit de mokey pox. Ne ez pas les choses svp, il est en train de tuer les gens. Si quelqu’un attrape cette maladie qu’il se rende rapidement à l’hôpital, qu’il mette pas les feuilles de manioc »
Tous nos efforts pour avoir la version de fait des administrateurs de la page Bana Mboka qui ont publié cette vidéo n’ont pas abouti. Aucune réaction n’a été réservée à nos questions de savoir pourquoi ils ont décidé de mettre en ligne le contenu et la source.
Vérité sur le remède du Mpox
Dans notre discussion avec un expert en épidémie il a été conclu que le remède de la variole du singe n’est pas le mélange des feuilles de maniocs et du jus de canne à sucre.
Monsieur John Baso déclaré ce qui suit « En effet les informations selon lesquelles Mpox se soignerait par des potions magiques sont fausses et rentrent dans ce qu’on appelle infodemie. La prise en charge se fait par un schéma thérapeutique adapté à la gravité des cas et doit éviter l’application de produits indigènes sur la peau du patient au risque de surinfecter les lésions cutanées et induire une atteinte rénale » a-t-il indiqué
En ce qui concerne le comportement que doit adopter les victimes de cette maladie John Baso s’est exprimé en ces mots
« La population doit prendre conscience de l’existence surtout de la gravité de la maladie. Elle doit observer des mesures de préventions édictées par le personnel de santé, notamment le lavage des mains, éviter de contact avec les malades ou ses effets, éviter le rapport sexuel à risque, le contact avec les animaux malades ou morts et surtout de signaler tout cas suspect aux prestataires de santé pour isolement et autres mesures de santé publique » a-t-il confié
André Musanganya, un autre épidémiologiste a rapidement réagi à notre préoccupation « C’est faux. Jusque-là l’OMS ne s’est pas encore prononcée »
En visitant le site internet de l’Organisation Mondiale de la Santé, nous sommes entrés dans cette rubrique « existe-t-il un traitement contre la Mpox ? » et nous avons trouvé cette précision « de nombreuses années de recherche consacrées aux traitements contre la variole ont conduit à la mise au point de produits qui peuvent être utiles pour traiter la variole (le técovirimat) a été approuvé en janvier 2022 par l’Agence européenne des médicaments (EMA) pour le traitement de la Mpox dans des circonstances optionnelles. On possède une expérience croissante, quoique limitée, de l’utilisation de ces traitements dans le contexte de Mpox. Pour cette raison, leur usage s’inscrit généralement dans le cadre d’un essai clinique ou d’un protocole d’accès élargi accompagné de la collecte de données visant à améliorer nos connaissances sur la meilleure façon de les utiliser à l’avenir.
La variole du singe (Mpox) se caractérise par une éruption ou des lésions cutanées généralement concentrés sur le visage et l’ensemble du corps. Ce virus se transmet par le contact du sang, des liquides ou des muqueuses des animaux. En RDC, plus de 18 000 cas suspects de Mpox ont été signalé depuis le début de l’année avec 629 décès, a indiqué le directeur général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS)
Pour Congo Check, il est important de débusquer cette désinformation car, la Mpox est réelle et ses effets sont visibles dans la communauté.